Les Témiscamiennes Solène Bernier et Émilie B. Côté ont toutes deux reçu un montant de 18 000$ afin de les soutenir dans la réalisation de projets artistiques dans le cadre du Programme de partenariat territorial de l’Abitibi-Témiscamingue. La nouvelle a été annoncée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, les quatre municipalités régionales de comté de la région ainsi que le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue.

Corail et les adhérences

Solène Bernier se dit très heureuse d’avoir obtenu cette bourse qui lui permettra de donner vie à son projet Corail et les adhérences. « Je viens de débuter des sculptures et je suis très enthousiaste. Une amie mentionnait que l’obtention de bourses, c’est comme jouer à la loterie. Je lui faisais remarquer qu’il faut obtenir une cote d’excellence. On peut donc en être fière. Je savais que les liens que je souhaite établir entre la société de consommation et l’endométriose, par la métaphore et l’installation, correspondent aux projets soutenus en recherche et exploration. Mais c’est toujours une grande surprise de recevoir la bonne nouvelle. Deux artistes se joignent à moi pour ce projet, mon acolyte depuis cinq ans, Sophie Lessard, et un de mes coups de cœur d’artiste Gabrielle Demers de Rouyn-Noranda. Quand on crée en équipe, cela nous fait des revenus pour trois ou quatre mois. ».

Le titre fait référence aux coraux qui perdent leur couleur, que Solène Bernier compare aux femmes vivant avec l’endométriose et qui « se retrouvent à être cobaye d’un système de santé qui méconnait ou ne veut pas voir les souffrances physiques liées au système reproducteur et aux hormones, de la même façon que nous ne voulons pas entendre parler de crise climatique. Un peu comme si la crise climatique était dans notre tête, même chose avec l’endométriose. Pourtant il y a des faits et des preuves scientifiques, des témoignages, des photos… »

Dans son œuvre, l’artiste qui vit elle-même avec l’endométriose, abordera le sujet par des images, des sculptures et de la matière évocatrice en utilisant l’argile, le bois, le papier, le plâtre, le métal et le plastique recyclé. « L’imperfection et la vulnérabilité sont au cœur de mon processus depuis toujours et je trouve que l’art brut exprime bien ce que je souhaite exprimer ou faire vivre comme émotion au public. Je ne suis pas tant à la recherche de l’esthétisme et de la beauté, je suis plutôt du côté de l’émotion suscitée qu’elle soit du côté de la peur, du rejet, de la colère, du dégoût ou de la tristesse, ça agit aussi comme catharsis, ce sont des émotions que l’on rejette de plus en plus socialement. »

L’installation sera présentée au Petit Théâtre du Vieux-Noranda en novembre 2024.

De cire et d’argile

De son côté, Émilie B. Côté réalisera le projet de création De cire et d’argile, une série d’œuvres sculpturales de céramique et d’alvéoles de cire fabriquées en cocréation avec les abeilles de Miel Abitémis. « Je vais dans un premier temps créer des formes en argile que je vais faire cuire à l'Atelier Cent-Pression parce qu'ils ont des fours a céramique. Je vais aussi me faire guider par Carol Kruger, spécialiste en cuisson de céramique. Par la suite, je vais prendre mes œuvres et les déposer sur des boîtes qui seront déposées par-dessus les boîtes à miel. On ne va pas nécessairement altérer l'habitat des abeilles mais il y aura un passage entre les 2 boîtes. Sur la boîte du dessus, il y aura mes formes en céramique et les abeilles créeront donc des alvéoles de cire sur mes sculptures. Avant que les abeilles commencent à les remplir de miel, on retirera tout simplement la forme qui est dans la boîte dessus et les abeilles qui sont dans la boîte du dessus pourront retourner dans la boîte qui est en dessous pour continuer à emmagasiner le miel pour l'hiver. ».

Émilie B. Côté précise que processus ne met pas en danger la survie de la colonie et qu’il s’agit d’une façon sécuritaire de faire un duo avec la nature afin de créer une série de sculptures qui est à la fois faite par l’homme et par les insectes.

De Cire et d’argile sera présenté chez Miel Abitémis ainsi qu’au Centre d’exposition de Val-d’Or en février 2025.