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Un refuge pour sans-abri à Temiskaming Shores

6 février 2024

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

L’itinérance dans la région du Temiskaming ontarien est un enjeu social. Les personnes sans domicile fixe se font de plus en plus nombreuses, notamment à Temiskaming Shores dans de plusieurs secteurs de la ville. Entre autres, on les voit circuler le jour, on les croise entre les deux portes d’une entrée de certains lieux publics, on les voit entrer et sortir des conteneurs à récupération, etc. Le problème est bel et bien réel. Depuis la mi-décembre, un centre d’hébergement est à leur disposition pour y passer la nuit. Le refuge Zack’s Crib est situé au 183, Broadwood Avenue, à New Liskeard.

La genèse du projet

En janvier 2020, Le Reflet avait rencontré Yves et Lianne Paillé, le couple de New Liskeard qui tramait déjà sur ce projet depuis quelques mois. Derrière cette idée de refuge, il y a l’histoire de Zackery, leur fils ayant reçu un le diagnostic de schizophrénie en 2016. En raison de ses problèmes de consommation et de santé mentale, Zackery avait été hospitalisé et c’est à ce moment-là que les Paillé avaient pris conscience du manque de ressources dans la région. Les soins nécessaires à cette clientèle étaient offerts à North Bay, Sudbury et Timmins. « Un des critères pour aider à calmer les problèmes de santé mentale, c’est être proche de ta famille, de tes amis, de ton monde, pour te sentir en sécurité. Loin de tes proches, l’anxiété augmente parce que tu es dans une place étrangère avec des inconnus. On veut donc avoir un endroit avec des lits et des soins de santé pour ces gens-là quand ils sont en crise », avait raconté le père de famille lors de cette entrevue. Le nom de l’organisme fondé, Zack’s Crib, est donc l’idée même de Zackery. « En français, le mot « crib » est une couchette, un lit pour bébé qui est confortable, sécuritaire », avait expliqué monsieur Paillé.

Les services offerts chez Zack’s Crib

Cinq ans se sont donc écoulés depuis les premières démarches du couple franco-ontarien jusqu’à l’ouverture du refuge… des mois et des mois de démarches administratives, de demandes de subvention et de campagnes de financement.

Le centre d’hébergement compte 12 lits aménagés sous la forme d’un dortoir (une section de six lits, une autre de quatre et une dernière de deux) ainsi qu’un treizième lit dans une chambre. Celle-ci est réservée pour des cas particuliers, quand il est préférable de les isoler, pour éviter de déranger les autres. Monsieur Paillé donne l’exemple d’une personne qui était grippée ou d’une autre qui s’est présentée avec son chien.

En ce moment, le refuge est ouvert en semaine, de 22 h à 8 h, et de fin de semaine, de 8 h à 16 h et de 22 h à 8 h. Pour l’instant, c’est ce que le budget peut offrir comme horaire, mais l’objectif est de pouvoir, éventuellement, offrir une plage horaire de jour, en semaine.

À leur arrivée au refuge, les invités, comme les appelle Yves Paillé, doivent suivre une certaine procédure. Un peu comme à l’hôpital, chacun passe au triage. On leur pose différentes questions, notamment sur leurs activités de la journée, pour déterminer leur état actuel et le niveau de soins nécessaires. On vérifie également les raisons qui les mènent au refuge ce soir-là, en particulier, s’il y a d’autres options qui s’offrent à eux pour la nuit, par exemple, chez un ami, un membre de la famille, etc.

Le centre d’hébergement dispose d’une cuisine, d’un salon, de trois douches et d’une salle de lavage. Pour le divertissement, télévision, table de ping-pong, guitare, piano sont à leur disposition. Des travailleuses et des travailleurs sont sur place pour assurer la sécurité et le bon fonctionnement. Outre ces employés, parmi le personnel embauché, on retrouve une directrice et un coordonnateur.

En plus des lits, Zack’s Crib offre aussi de la consultation dans le but de guider les invités vers des services ou des organismes de la communauté pouvant leur être utiles, en fonction de leurs besoins, par exemple, en ce qui concerne la santé mentale, les problèmes de consommation, la recherche d’un logement. L’ouverture de jour, en fin de semaine, est propice à ces rencontres.

Jusqu’à maintenant, le taux d’occupation se situe en moyenne à trois lits par nuit. « Dès fois, il y en a eu plus, dès fois, il y en a eu moins, mais il y a toujours eu quelqu’un. Il n’a jamais eu de soir ou il n’y avait personne. » Et bien sûr, l’objectif ultime de l’organisme est d’en arriver à ce qu’aucun lit ne soit occupé, qu’il n’y ait plus de personnes sans domicile fixe dans la région.

Yves Paillé se dit fier et soulagé que le projet ait enfin pris son envol. Il peut compter sur la fiabilité des membres du conseil d’administration et des employés pour opérer le tout, ce qui lui permet de respirer un peu plus, lui qui est propriétaire de l’entreprise Yves’s Prime Cut Meats à New Liskeard. D’autres étapes du projet Zack’s Crib devraient voir le jour, le tout étant, bien sûr, à la merci des réponses aux différentes demandes de subvention.

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