— PUBLICITÉ—

Le service des « avions-hôpitaux » dans les régions éloignées est-il compromis?

6 mars 2024

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

photo : site web du ministère des Transports et de la Mobilité durable

En janvier dernier, les journalistes Vincent Larin et Julien Arsenault, de la Presse, sonnaient l’alarme concernant le transport aérien des patients des régions éloignées vers les grands centres hospitaliers. Dans l’article Des « avions-hôpitaux » qui vieillissent mal, on apprenait que les appareils gouvernementaux destinés à offrir ce service sont bien mal en point.

Les faits rapportés par les journalistes proviennent d’un rapport de la firme Trend Tec mandatée par le gouvernement du Québec pour évaluer l’état des engins. La Presse y recense de sombres et d’inquiétants constats quant à l’avenir de ce service pour les régions éloignées. Qu’en est-il de la situation actuelle? Les citoyennes et les citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue doivent-ils s’en inquiéter? Contacté par Le Reflet, Martin Girard, coordonnateur des relations médias et porte-parole pour le ministère des Transports et de la Mobilité durable, a bien voulu répondre à quelques questions.

Mission et rôles

Dans un premier temps, monsieur Girard explique la mission première du programme d’Évacuations aéromédicales du Québec (ÉVAQ). Celle-ci vise à « assurer l’accès aux populations des régions éloignées du Québec aux soins et services spécialisés et surspécialisés disponibles dans les grands centres de la province lorsque leur état de santé ou l’absence d’autres moyens de transport le justifie ».

Deux acteurs jouent un rôle bien précis dans le cadre de ce programme. D’un côté, il y a le Service aérien gouvernemental (SAG) qui « assure la coordination des vols, la gestion du personnel navigant, l’entretien des appareils gouvernementaux ainsi que la gestion des contrats avec l’entreprise privée ». De l’autre côté, il y a le CHU de Québec-Université Laval qui « assure la coordination des demandes, les soins cliniques ainsi que l’encadrement médical et clinique ».

Des « avions-hôpitaux » en mauvais état

Au Québec, quatre appareils aériens assurent le service d’évacuation des patients des régions éloignées vers les grands centres hospitaliers : deux Challenger 601 et deux DASH-8. Les avions de type Challenger 601 sont principalement dédiés aux évacuations médicales d’urgence alors que les DASH-8 sont mandatés pour effectuer les navettes médicales programmées.

Les Challenger 601 sont en fin de vie. Selon monsieur Girard, le Ministère prévoit effectivement les remplacer. « Les travaux sont en cours ». Quant aux DASH-8, ils sont en piètre état et de coûteuses réparations sont nécessaires, selon le rapport résumé dans La Presse. « Des analyses sont également effectuées afin de recommander le meilleur scénario pour le remplacement des deux avions de type DASH-8 », explique Martin Girard, en ajoutant qu’il est encore trop tôt pour parler de coûts et de date pour le remplacement.

« Il est important de rappeler que le SAG s’assure en tout temps d’offrir le service dans les délais impartis et demandés par ÉVAQ afin de veiller à la santé et la sécurité de la population des régions éloignées. Lorsque le SAG ne peut le faire, le transport est confié à un prestataire privé. Afin de s’assurer d’offrir le service, la maintenance des aéronefs est effectuée dans le respect des calendriers de maintenance mis en place par les avionneurs (fabricants) et approuvés par Transports Canada. Ces calendriers sont suivis de façon rigoureuse afin de respecter le Règlement de l’aviation canadien. La gestion des périodes de maintenance est optimisée en tenant compte de facteurs importants, soit l’utilisation variable des aéronefs et les bris inopinés de ces derniers. »

Bien que le discours politique se veut rassurant, il n’en demeure pas moins qu’un patient devant être transporté d’urgence à Montréal est décédé sur le tarmac de l’aéroport de Val-d’Or en janvier dernier. En raison d’un manque de pilotes, le SAG aurait fait appel à un « prestataire externe » dont l’avion n’était pas équipé pour donner des soins intensifs. D’après La Presse, les équipements auraient gelé et contribué au décès du patient.

Enfin, le coordonnateur des relations médias et porte-parole pour le ministère des Transports et de la Mobilité durable mentionne que le service d’avion-hôpital est offert selon les besoins et les demandes du CHU de Québec-Université Laval. « Entre le 20 février 2023 et le 19 février 2024, l’avion-hôpital du SAG a été déployé 302 fois en Abitibi-Témiscamingue. »

Articles suggérés