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Le musée de l'Histoire du nord au cœur d'une polémique

22 mai 2021

par : Dominique Roy

photo : Sir Harry Oakes Chateau - Museum of Northern History

C’est à Kirkland Lake que se situe Le Museum of Northern History. Logé dans l'ancienne résidence de Sir Harry Oakes, un riche propriétaire de mine dont le décès demeure un mystère, le musée se consacre à l’histoire sociale, culturelle, industrielle et surtout minière du nord de l’Ontario. À l’heure actuelle, le bâtiment a besoin de rénovations majeures dont les coûts ne peuvent être assumés entièrement par la municipalité. En avril dernier, lors d’une réunion du conseil municipal, le sujet était à l’ordre du jour. Résultat : le dossier a créé un vent de panique au sein de la population de Kirkland Lake et de tout le nord de l’Ontario.

Casey Owens est conseiller municipal pour la ville de Kirkland Lake depuis 2018. C’est avec empressement que l’élu francophone a accepté cette entrevue étant donné la fausse information qui circule dans ce dossier depuis le mois d’avril. D’abord, il explique la confusion des gens par rapport à deux entités distinctes. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le musée, Museum of Northern History, appartient à la ville de Kirkland Lake. Toutefois, l’édifice qui l’abrite, soit le Sir Harry Oakes Chateau, est un bien appartenant à Ontario Heritage Trust, une fiducie provinciale dont le mandat principal est de conserver, interpréter et partager le patrimoine de l’Ontario.

Le musée a ouvert ses portes en 1967 dans un ancien bureau d’analyse de la mine Wright Hargreaves. Au fil des ans, à la collection d’abord modeste se sont ajoutées des quantités impressionnantes de photographies et d’artefacts historiques et miniers. L’endroit étant devenu trop étroit, la ville a conclu une entente au début des années 1980 pour déménager son musée dans la maison historique, appelée Sir Harry Oakes Chateau, appartenant à Ontario Heritage Trust. Dans cette entente, la ville s’engage à assumer l’entretien du bâtiment, soit la maintenance, les réparations et les rénovations. Actuellement, le site patrimonial a besoin de rénovations majeures : toit, ascenseur, système électrique, ventilation, etc.

Sir Harry Oakes Chateau - Museum of Northern History.jpg

« À date, avec les estimations, on a besoin d’environ 1,4 million de dollars de réparation, ce qu’on n’a pas. La ville de Kirkland Lake n’a pas cette somme. Et il n’y a pas d'entrepreneurs qualifiés dans le nord de l’Ontario. Vu que c’est un édifice qui a un statut historique, on ne peut pas juste enlever le toit de cuivre et mettre n’importe quoi par-dessus avec un entrepreneur local. On doit respecter l’architecture et le patrimoine associés à l’édifice. Donc, c’est là qu’on est rendus. »

Lors de l’assemblée municipale, le conseil a voté une résolution afin d’envoyer une lettre à Ontario Heritage Trust. Et dans cette lettre, le mot « divest » a fait peur. « Quand tu utilises le mot « divest », ça veut dire que tu veux rompre une relation, tu veux te départir de l’édifice. Ce n’est pas ça qu’on veut. On veut juste moderniser l’entente pour trouver un compromis, établir une meilleure relation entre propriétaire et locataire. Ce que les gens ont de la difficulté à discerner, c’est que le musée, c’est une chose, et l’édifice, c’est une autre affaire. » Monsieur Owens avoue que le musée est déficitaire. Il considère que le nord de l’Ontario est une région touristique axée sur la pêche, la chasse, la motoneige, le VTT, où les musées ont moins la cote. Donc, du côté du musée, une réflexion est à envisager, et du côté de l’édifice, des partenaires financiers sont essentiels.

Sur les réseaux sociaux, la population s’est enflammée. Entre autres, une pétition circule; cette dernière demande au conseil de la ville de Kirkland Lake de mettre fin immédiatement à son plan d’élimination du Musée d’histoire du Nord dans le Sir Harry Oakes Chateau. Le conseiller Owens précise que l’idée initiale n’est pas d’éliminer le musée. La demande de partenariat avec l’Ontario Heritage Trust est une première étape pour trouver des solutions, un plan A qui ne semble pas avoir été compris par tous. « Le positif qui est sorti de cette propagande sur Facebook, c’est que ç’a créé un engouement pour sauver le musée, pour démontrer son importance pour la ville de Kirkland Lake. Il y a donc du bien qui a sorti de tout ça, mais la fausse information a circulé et on « a passé au batte » pendant plusieurs semaines avec ça. »

Casey Owens ajoute que 1,5 million de dollars en rénovation, ça représente 15 % du fardeau fiscal des contribuables de la ville, ce qui serait une augmentation assez considérable en taxes municipales. Quand il voit les signatures de cette pétition, il remarque qu’une petite partie d’entre elles sont celles de gens qui habitent encore à Kirkland Lake. Les gens d’ailleurs qui ont signé ne sont pas les contribuables qui vont payer. « Moi, en tant que conseiller municipal, ce qui me préoccupe, c’est le fardeau fiscal des payeurs de taxes à Kirkland Lake, pas celui de ceux qui ont signé et qui restent à Toronto, en France ou n’importe où ailleurs. »

Advenant un refus de l’Ontario Heritage Trust, les élus de Kirkland Lake ont l’intention de réfléchir à d’autres possibilités. Il est important de spécifier que l’endroit en est un multidisciplinaire puisqu’une salle permet d’y tenir différents événements artistiques. En attendant le long processus, le musée rouvrira ses portes au public, comme prévu, dans la maison centenaire, dès la levée des restrictions liées à la pandémie.

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