Depuis un certain temps, je deviens plus nostalgique. Je ne sais pas si c'est l'âge ou plutôt le fait de voir mon jeune homme grandir qui me rend ainsi. J'ai eu tout un choc lorsque j'ai constaté qu'il était définitivement plus grand que moi. Je vivais dans le déni croyant qu'il me dépassait d'un cheveu ou deux, mais là, c'est officiel. Et ce n’est qu’un début alors qu’il commence à peine sa poussée de croissance. Je n’étais pas prête à ça… mais je n’ai pas d’autre choix que d’accepter l’évidence et d’apprendre à lâcher prise. Jeune homme devient un homme.
Je l'expérimente encore plus alors qu’il a obtenu son permis de cyclomoteur, ou communément appelé scooter, l’automne dernier. Je ne suis pas une fan de ce moyen de transport, mais lui oui. Il avait sagement économisé pendant des mois pour atteindre son objectif de liberté. Une mère me disait qu’il n'était pas question que son enfant ait un scooter, qu'elle irait le porter n'importe où, ce n'était pas un problème. Nous avons toujours « promené » jeune homme partout, mais là, c’est autre chose. C’est l’appel de la liberté (à moins que ce soient les hormones?) qui est présent.
Puisque la pomme n'est pas tombée très loin de l'arbre (on parle de son père évidemment !), je me voyais mal lui interdire d’avoir un scooter. Chaque fois qu'il prend la route, il a droit à un million de recommandations, et la phrase que je répète sans cesse est : « ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance, mais en tous les autres ». Depuis le début du printemps, malheureusement, cet avertissement est trop vrai. Les automobilistes sont des insouciants, certains conduisent en imbécile, rien de moins.
Je ne dois pas généraliser, mais les histoires que jeune homme me raconte me le confirment. On dirait que les automobilistes oublient que ce sont des êtres humains qui se retrouvent sur les scooters. Ces jeunes ne sont pas protégés et ils ne peuvent pas rouler à 100 km/h, donc ça demande de la patience. Dernièrement, mon gars est arrivé de l’école, estomaqué d’avoir été « coupé » par un autobus scolaire, qui l’a dépassé, frustré parce qu’il ne roulait pas assez vite. Il était convaincu qu'il était pour se faire frapper. Je croyais que ses propos étaient exagérés jusqu’à ce qu’on me confirme l’incident par des parents et des élèves. J'en ai eu des frissons, mêlés d'une colère inimaginable. Le week-end dernier, sur la route 101, il s’est fait dépasser sur une ligne double, en se faisant klaxonner alors qu'il ne roulait pas assez vite en montant une pente. Il a même eu le droit à un doigt d'honneur.
Lorsque les jeunes suivent leurs cours de conduite, leur gentil instructeur François les met justement en garde contre les automobilistes. Il leur rappelle de garder leur corridor, de ne pas rouler dans l’accotement pour laisser passer les autres véhicules. Il leur donne le maximum de mises en garde pour que tout aille bien. On devrait peut-être aussi enseigner aux autres usagers de la route les règles de base et le savoir-vivre…
Saviez-vous que pour être sur la route, un jeune débourse plus de 270 $ pour sa saison estivale, juste en immatriculation? Si sa présence vous dérange tant, contactez François Legault, premier ministre du Québec, et faites changer la loi. Car les jeunes ont le droit de se promener sur nos routes.
J’entends déjà certains me déblatérer l’irresponsabilité des jeunes sur les routes. Oui, ça aussi, c’est possible. C’est à nous, les adultes, de leur enseigner la prudence et les règles de conduite. En fouillant dans nos souvenirs, je ne pense pas qu’on était plus responsables ou intelligents qu’eux à cet âge, même si on essaie de se convaincre du contraire. À cet âge, on prend des risques. À 14, 16 ou 20 ans, on se sent tout simplement invincibles… C’était comme ça il y a 40, 20 ans et aujourd’hui encore. Si vous n’avez jamais pris de risques stupides étant jeunes, soit vous êtes l'exception avec un grand E ou bien que vous mentez!
La Sûreté du Québec fait des contrôles auprès des scooters et je trouve ça essentiel. Il faut sensibiliser, responsabiliser nos jeunes, leur faire réaliser qu'ils ont maintenant un devoir. C’est un privilège d’avoir un permis de conduire, peu importe l’âge. Mais j'aimerais sincèrement qu’une attention particulière soit aussi mise sur les automobilistes, leur rappelant que la route se partage.
Depuis plus d’un an, on vit au ralenti, nous faisant réaliser que l’urgence n’était peut-être pas si urgente en temps de pandémie. Tout peut être mis sur pause… Alors, je me demande où doivent se rendre ces automobilistes aussi pressés? Est-ce que ce sont ces secondes d’attente pour un dépassement qui vont tout changer dans leur vie ? Est-ce si urgent de rentrer faire son souper au point de risquer la vie de quelqu’un, d’un enfant? Oui, il y a des scooters, mais aussi des cyclistes, des marcheurs, des joggeurs, des tracteurs. Il y a de VRAIS humains…
De grâce, faites attention aux autres. Si vous blessez ou pire, tuez un jeune (ou moins jeune!), je peux vous garantir que cela changera votre retour à la maison à tout jamais.