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Il était une fois dans le Témis de jadis… Des traditions religieuses qui ont disparu! | Partie 2 de 3

13 juin 2021

par : Dominique Roy

photo : Livre du centenaire de Saint-Bruno-de-Guigues

La chronique historique fait vivre ou revivre cette époque où la religion catholique jouait un rôle de premier plan dans la vie quotidienne des Témiscamiennes et des Témiscamiens. Comme les témoignages reçus furent nombreux, trois articles seront publiés sur le sujet. Voici donc le deuxième de la série.

La procession du Saint-Sacrement

Le 3 juin 2021 avait lieu la Fête-Dieu. De quoi s’agit-il? C’est une fête religieuse célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c’est-à-dire soixante jours après Pâques ou le dimanche suivant. Pour les catholiques, cette célébration souligne la présence de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie sous la forme du pain et du vin. Il y eut une époque où cette fête était grandiose. C’était l’événement religieux à ne pas manquer.

« C’était le dimanche, après la messe. Toutes les personnes présentes à la messe, et l’église était pleine cette journée-là, suivaient le curé jusqu’à une maison. C’était une maison choisie dans le village où il y avait de l’espace pour que les gens puissent assister à une petite cérémonie à l’extérieur une fois que tout le monde était arrivé », explique Réjeanne Lepage.

Procession de la Fête-Dieu.jpg

La procession pour se rendre jusqu’à cette maison est un souvenir indélébile dans la mémoire de madame Lepage, originaire de Béarn. Elle se souvient des demeures décorées tout au long du parcours pour se rendre à celle choisie. « Il y avait des arbres plantés pour l’événement, des guirlandes, des drapeaux. C’était un dimanche dans l’année, et toutes les paroisses célébraient l’événement la même journée. » Le prêtre portait le Saint-Sacrement jusqu’à un reposoir (autel provisoire abritant temporairement le Saint-Sacrement lors des processions) érigé devant la maison. « Un grand tapis était déroulé au pied de l’autel. »

Bien souvent, la maison choisie était située assez près de l’église. « Chaque année, c’était une nouvelle maison. À Béarn, je me souviens de la maison de Julien A. Gaudet, entre autres. Ils choisissaient des maisons assez grandes, qui paraissaient bien, qui avaient une grande galerie. C’était toujours un grand honneur pour la famille qui était propriétaire de la maison choisie. Cette maison-là était aussi décorée, encore plus que celles tout au long du parcours. » Un dais protégeait le Saint-Sacrement. Il s’agit d’un petit abri, avec un toit, dont les quatre poteaux étaient tenus, bien souvent, par des marguilliers. « Les anges, moi, c’est ce qui m’impressionnait le plus. Des petites filles du village, habillées en blanc, faisaient les anges. Et elles ne pouvaient pas bouger. J’avais toujours peur que les anges tombent parce qu’ils étaient installés plus en hauteur. »

Patrick Poudrier, originaire de Latulipe, se rappelle lui aussi de cet événement. « C’était vraiment big, et c’est arrivé que le curé venait dîner ou souper chez nous après la procession et la cérémonie. » À l’époque, le prêtre était souvent invité à prendre le repas chez les fidèles de sa paroisse.

Le Petit Catéchisme et marcher au catéchisme

Petit manuel d’instruction religieuse chrétienne, le catéchisme était utilisé dans les écoles, les paroisses et les diocèses. Son contenu était à l’étude dans les écoles primaires du Québec et il devait être mémorisé par les élèves. « Il était gris et, si je me souviens bien, il contenait plus de cinq cents questions et réponses que l’on devait apprendre par cœur », raconte la Témiscamienne Rachel Bergeron. À la fin du primaire, pendant trois jours, le curé vérifiait si les enfants savaient par cœur les 508 réponses du catéchisme, s’ils maîtrisaient les prières, les Actes de Foi, de Contrition, les dix commandements, etc. C’est ce qui s’appelait « marcher au catéchisme ».

« Quand tu étais en 6e année, à 12 ou 13 ans à peu près, on te faisait marcher au catéchisme. C’était le curé qui s’occupait de ça. Je me vois encore dans la salle, dans le sous-bassement de l’église. Le curé nous posait des questions sur le catéchisme. Il fallait savoir toutes les réponses. Avec le temps, je me souviens d’une seule réponse, que Jésus est partout. Dans ma tête, marcher au catéchisme, ça durait une éternité », mentionne Réjeanne Lepage. Quant à Rachel Bergeron, dans ses souvenirs, la vérification du curé se faisait par ordre alphabétique. « Bergeron, c’est dans les B, j’étais au tout début et ça me rendait tellement nerveuse. » Et probablement que cette nervosité était aussi présente chez les enseignantes qui, elles, avaient le mandat de faire mémoriser le tout à leurs élèves.

Le chapelet en famille

Chapelet en famille.jpg

Tous les soirs, le chapelet en famille était un rendez-vous à ne pas manquer pour les fidèles catholiques du Québec. Enfants et parents se réunissaient pour réciter le chapelet à la maison. C’est grâce à une émission radiophonique que cette coutume s’est installée dans les foyers. Chapelet en famille, titre de l’émission de radio, a été diffusée quotidiennement, à 19 h, de 1950 à 1970, sur les ondes de CKAC. Et ce chapelet était récité par Mgr Paul-Émile Léger, archevêque de Montréal.

L’émission a connu un succès monstre. Le 9 décembre 1950, soit après deux mois de diffusion, le journal Le Devoir a annoncé que plus de 150 000 familles s’étaient engagées à réciter quotidiennement le chapelet. CKAC a reçu des centaines de lettres de félicitations dont plusieurs étaient adressées personnellement à Mgr Léger. En 1953, la station concurrente, Radio-Canada, a dû remanier sa plage horaire puisque son feuilleton Un homme et son péché, initialement diffusé à la même heure que Chapelet en famille, perd des cotes d’écoute. Pour de nombreuses familles témiscamiennes, le chapelet en famille était un moment de recueillement et de repos après une dure journée de labeur.

Ne manquez pas la suite des témoignages lors de la parution de la prochaine chronique historique.

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