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Il était une fois, dans le Témis de jadis… Des traditions religieuses qui ont disparu

27 juin 2021

par : Dominique Roy

photo : Renald Dufour - Source : TV Témis

La chronique historique fait vivre ou revivre cette époque où la religion catholique jouait un rôle de premier plan dans la vie quotidienne des Témiscamiennes et des Témiscamiens. Comme les témoignages reçus furent nombreux, trois articles seront publiés sur le sujet. Voici donc le dernier de la série.

Les rites entourant la mort

Il y avait cette époque où les traditions religieuses étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui en ce qui concerne la mort. Avant les années 1970, les personnes décédées étaient exposées dans les résidences privées. L’exposition du corps durait trois jours et trois nuits. Il y avait une veille continuelle dans la maison et la récitation du chapelet se faisait aux heures. « Lors du décès d’un parent, les membres de la famille se devaient de porter le deuil. Durant une année, les proches parents devaient revêtir des vêtements noirs : robe, bas, chapeau, cravate et brassard noir au bras gauche du manteau, pour les hommes », mentionne-t-on dans le livre du centenaire de Saint-Bruno-de-Guigues.

Une Témiscamienne originaire de Béarn se souvient du décès de sa mère au début des années 1960. À cette époque, elle était âgée de neuf ans. « Ma mère était exposée dans la maison. Les enfants de la famille, on nous avait placés tout le temps qu’elle était exposée. C’est la voisine qui nous a habillées, ma sœur et moi, pour les funérailles. Je me souviens qu’il fallait absolument porter un chapeau », raconte-t-elle. Le souvenir qu’elle conserve des funérailles en est un assez traumatisant pour une enfant.

« Le premier vendredi du mois, tout le monde allait à la messe. Les funérailles de ma mère avaient lieu ce vendredi-là. Je me souviens que l’église était pleine. Toute l’école était là. Autant de monde, ça m’avait frappée et le décor aussi. Quand il y avait des funérailles, le décor était assez funèbre. Je me souviens des fenêtres qui étaient cachées par des rideaux bourgogne-mauve. C’était lourd, sombre. Au cimetière, c’était encore pire. On voyait le trou, le tapis vert. La tombe était sur des planches. On disait un Je vous salue Marie, et des hommes descendaient la tombe un peu. À chaque prière, la tombe descendait un peu. Pour un regard d’enfant, c’était trop. Ça s’éternisait et ça devenait de plus en plus pénible. Quand mon père est mort, à la fin des années 1970, c’était bien différent. Au cimetière, on faisait une prière et ensuite, on s’en allait. »

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Le baptême

Rénal Dufour est prêtre pour les paroisses de Rémigny, Guérin, Nédélec, Notre-Dame-du-Nord, Timiskaming First Nation, Saint-Eugène-de-Guigues, Saint-Bruno-de-Guigues et Angliers. Originaire de Saint-Gabriel-de-Rimouski, il partage quelques souvenirs religieux de son enfance. Entre autres, il mentionne les baptêmes qui avaient lieu la journée même de la naissance. Comme il y avait un haut taux de mortalité infantile, il fallait éviter que le bébé meure sans avoir reçu le baptême, sans être reçu enfant de Dieu. « Je suis né le 8 décembre 1951 et j’ai été baptisé le 9 dans une tempête de neige, raconte-t-il. La plupart des mères n’ont pas participé au baptême de leurs enfants. On embauchait une autre personne pour porter l’enfant, pour l’amener sur les fonts baptismaux [mobilier ecclésiastique utilisé pour le baptême chez les chrétiens]. C’était une porteuse de baptême, bien souvent une voisine, une personne autre que le parrain et la marraine. »

Il y avait aussi le rite du sel qui consistait à poser du sel béni sur les lèvres de l’enfant, lors du baptême. « La viande était conservée dans le sel et le poisson l’était dans l’eau salée. Donc, le sel sur les lèvres de l’enfant, au baptême, c’était pour le conserver dans la foi. Aujourd’hui, comme rite comparable, ce serait de le mettre dans le frigo quelques secondes », précise Rénal Dufour avec humour.

La Bénédiction des gorges et celle des grains de semence

« Au mois de février, à la Saint-Blaise, on avait la saison des grippes et il y avait la Bénédiction des gorges. On se présentait à l’avant, à la file indienne, et le prêtre avait un instrument, une espèce de pince à spaghetti avec deux cierges installés après la pince. Il nous touchait la gorge avec les bougies. C’était pour nous protéger de la grippe », explique le prêtre Dufour. Il mentionne également la Bénédiction des grains de semence qui avait lieu au mois de mai. « Tout juste avant de semer, les familles apportaient des graines de semence pour les faire bénir. C’était surtout une pratique en milieu rural, surtout pour les agriculteurs. »

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Les mille et un souvenirs de Martial Barrette

Pour terminer cette chronique historique sur les traditions religieuses d’autrefois, Martial Barrette, prêtre retraité du Témiscamingue, énumère quelques-uns de ses plus beaux souvenirs d’enfance. « La messe du dimanche pour prier et socialiser sur le perron de l'église avec criée pour les âmes et vente aux enchères au profit de la paroisse, le chant avec la chorale pour la grand-messe, le long sermon pour orienter les fidèles dans leur quotidien, les chapelets à l’école qui avaient un effet calmant au retour de la récréation, la retraite annuelle faite par un prédicateur venu de communautés inconnues et qui faisait découvrir les coutumes de ces communautés, les religieuses avec leur grande coiffe, les Frères avec leur petit rabat bleu autour du cou, les Oblats qui portaient une lourde croix à leur ceinture, le chapelet à la croix du chemin qui faisait vivre de belles rencontres, sans doute quelques amourettes s’y sont tissées. Les élections avaient même les couleurs célestes. Le ciel n'était-il pas bleu et l'enfer rouge? Je garde aussi de bons souvenirs de ces nombreux bouquets spirituels faits de prières pour nos parents et grands-parents. Je ne sais pas si j'ai vraiment dit toutes ces prières inscrites sur ces cartes de vœux. Je retiens, en terminant, la visite de l'évêque pour la confirmation, grandiose dans sa tenue et solennel dans ses manières; il nous marquait de l'Esprit saint. Nous portions le brassard blanc et les filles la robe blanche et la couronne de fleurs blanches aussi. Je dois dire que cette époque avait son charme. »

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