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On sort au resto?

20 juillet 2021

par : Marjorie Gélinas

photo : Le Bistro-bar Le CimonaK, situé sur la rue Sainte-Anne à Ville-Marie

Alors que le Témiscamingue a déjà bénéficié d’une offre variée et constante en matière de restauration, il semble que la région ait vu cette offre diminuer au cours des dernières années. Dans un contexte où le Témiscamingue déploie en ce moment une vaste campagne de charme à travers la province et au-delà afin d’attirer de nouveaux arrivants et des touristes dans notre pittoresque région, Le Reflet s’est interrogé à savoir où peut aller manger tout ce beau monde.

Les Témiscamiens savent à quelles portes aller cogner, comme en témoigne Shallen Bélanger-Julien. « L'offre me plaît. Je ne suis jamais déçue : les dîners du CimonaK, les déjeuners de La Gaufrière, la poutine de La Gauloise, les salades du Ste-Anne. Les restaurants mexicains de Laniel (La Kabane du Panache) et Notre-Dame-du-Nord (Las Rebelas) sont un méchant plus pour la diversité de la région », affirme-t-elle. Elle déplore toutefois la problématique des heures d’ouverture. « Ce qui est dommage, c'est plutôt les horaires : fermé les dimanches et lundis, fermé pour vacances, météo.... Je vérifie toujours sur Facebook avant de me déplacer, mais je crois que les gens finissent par se tourner vers des restos plus constants comme le restaurant du Motel Louise et le Roi d’la patate. »

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Pour les « locaux », l’option du prêt-à-manger est aussi très intéressante et plusieurs commerces de la région ont développé une offre absolument extraordinaire selon Chloé Beaulé-Poitras. « Pour les familles, qui n’ont pas nécessairement envie de cuisiner, il existe des alternatives comme les repas préparés de la Boucherie Fruits et Légumes de Guigues. Les côtes levées d’Anik Rochon, co-propriétaire du Marché Bonichoix Neveu de Laverlochère, sont dignes de mention. » La Station Ville-Marie, la boucherie Le Gourmet, le Provigo de Ville-Marie et la Station-service Larochelle de Fabre, pour ne nommer que ceux-là, sont aussi des commerces qui offrent des repas prêt-à-manger variés et délicieux.

Là où le bât blesse, c’est lorsque des touristes cherchent une bonne table ou un endroit où ils peuvent se délecter des formidables produits locaux qui font la fierté du Témiscamingue. Sabrina Vadeboncœur, originaire de la région de Montréal et établie depuis quelques années au Témiscamingue, témoigne : « Lorsque ma famille de Montréal est venue me visiter, ils m'ont fait comme commentaire qu'il n'y avait pas de variété en termes de restaurants ici... et ils ont malheureusement raison. Si nous voulons des sushis, du Thaïlandais, du chinois (autre que le jeudi), nous devons aller à Rouyn. Ici, notre fort, c'est le fast food. Même moi et mon chum, quand on veut de la variété, on va à Rouyn. Il y a beaucoup de choix en Abitibi. Ce serait intéressant que les gens viennent nous visiter et qu'ils aient le choix de manger ce qu'ils souhaitent ici, au Témis. »

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Ce que les consommateurs ignorent parfois, c’est que la restauration, surtout lorsqu’on souhaite offrir une cuisine recherchée et raffinée, est un domaine très difficile. « Tout le monde veut plus d’offres, indique Louis-Joseph Beauchamp, co-propriétaire de Chez le Lièvre, mais peu sont prêts à offrir! Se lancer dans la restauration, c’est aussi sacrifier sa vie sociale et familiale. De moins en moins de gens sont prêts à ce sacrifice, surtout que le salaire n’est vraiment pas représentatif du sacrifice! »

Pour Marie-Joe Morin, qui opérait jusqu’à tout récemment Chez Eugène Auberge Bistro, le défi de tenir ce type d’entreprise au Témiscamingue est de taille. « L'entreprise est ses nombreux volets est trop grosse pour le faire seule, mais ne génère pas assez de revenus dans l'année pour engager suffisamment d'employés pour avoir une charge de travail raisonnable. » En effet, en plus d’offrir son service de restauration, madame Morin accueillait également des chambreurs dans son auberge, puisque les revenus du restaurants seuls ne lui permettaient pas de rentabiliser son investissement. « Des gens qui consomment la culture culinaire au Témis, il y en a. Ils sont fidèles et ils le sont encore pour le traiteur actuellement. Par contre, ils ne sont pas assez nombreux pour en vivre décemment. » Marie-Joe Morin invite la population à réfléchir à la problématique de la restauration dans la région : « Il y a sur notre territoire 4 chefs reconnus et renommés. Plus aucun d'eux n'opère de resto, on travaille tous sur le side avec pas de salle à manger. Pourquoi? Actuellement dans la campagne de marketing du Témis, on le vend de la fourche à la fourchette et là, présentement, la seule fourchette possible c'est des cabanes à patate (il y en a des très cool, soit dit en passant). Pourquoi? Et comment peut-on faire les choses autrement? »

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Interrogée à ce sujet, la préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, observe qu’il y a peu de « bonnes tables » dans la région, surtout en ce moment. « Les tables d’exception ont eu des temps difficiles et la pandémie, ainsi que la pénurie de main-d’œuvre que nous subissons présentement ont été catastrophiques pour plusieurs restaurateurs. » On pense entre autres à la Table Champêtre de L’Éden Rouge qui manque à sa clientèle. « Les restaurateurs, lorsqu’ils développent leur offre, doivent s’interroger à savoir quelle est leur clientèle la plus stable », indique-t-elle. Ainsi, la préfète de la MRC de Témiscamingue croit que l’offre pourra se développer si nous réussissons à maintenir l’attention sur le Témiscamingue. Madame Bolduc affirme cependant que les restaurants familiaux de la région répondent à la demande. Elle mentionne entre autres le restaurant Rendez-vous des Quinze à Notre-Dame-du-Nord et indique également que le meilleur club sandwich du Témiscamingue est servi au restaurant L’Étoile de l’Est de Moffet.

La région accueillera-t-elle éventuellement d’autres tables d’exception? Seul l’avenir le dira. « C’est l’œuf ou la poule », mentionne Claire Bolduc. En effet, plus notre région attirera de nouveaux résidents et de visiteurs, plus il y aura de restaurateurs qui souhaiteront venir s’établir ici pour augmenter l’offre de restauration dans la région. Et vous, où mangez-vous, lorsque vous sortez au resto?

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