Michel Tessier habite à Duhamel-Ouest. Son premier arbre fruitier, il l’a planté il y a huit ans. Aujourd’hui, sa cour arrière est un véritable verger où il cultive et récolte une bonne vingtaine de fruits en plusieurs variétés différentes.

La naissance d’une passion
Tout a commencé alors qu’il était à la COOP de Ville-Marie pour y effectuer des achats. En récupérant sa commande dans la cour, il remarque une liquidation de fin de saison sur les arbres fruitiers. Il achète alors un poirier Golden Spice à 50 % de rabais. Après l’avoir planté chez lui, il effectue des recherches sur le Web où il apprend qu’un pollinisateur est nécessaire pour obtenir des poires. Il doit donc planter un autre poirier, d’une variété différente, pour obtenir des poires. C’est donc chez Fleurs et Jardins 2000 qu’il trouve un poirier différent du sien qu’il achète et plante sur-le-champ. Après les poires, il tente l’expérience avec des pommes et ainsi de suite. En 2021, son verger compte 35 arbres à fruits. On y trouve, entre autres, des poires, des pommes, des prunes, des cerises, des mûres, des framboises jaunes, des framboises noires, des framboises rouges, des gadelles, des cassis, des kiwis, des bleuets en corymbe, des camerises, des fraises, des groseilles, des amélanchiers, des raisins, des melons, des bananes, des limes et des citrons.

Le développement de son expertise
Autodidacte, il effectue lui-même ses recherches pour que sa production connaisse du succès. Il fouille sur Internet, il fait partie de groupes Facebook qui rassemblent des passionnés dans ce domaine, il consulte des experts, il magasine ses arbres sur des pépinières en ligne. C’est donc avec passion et intérêt qu’il parle de pollinisation, de variétés, de zone de rusticité, de type de sol, d’entretien, etc.
D’abord, il explique l’importance de tenir compte de la zone de rusticité, c’est-à-dire la zone géographique dans laquelle une catégorie spécifique de plante est capable de vivre en fonction des températures minimales hivernales. « Ici, au Témiscamingue, c’est la zone 3. Donc, tu n’achètes pas un pommier McIntosh qui pousse en zone 5. C’est sûr qu’il ne produira pas de pommes. Le choix de variétés est plus restreint, mais il y en a quand même. Zoné 3, on peut aller jusqu’à -32oC. Donc, l’arbre va survivre à cette température-là. Mais si tu prends un arbre qui est censé survivre à -25oC et que tu le plantes ici, à -32oC, il va mourir. »

Le type de sol est aussi un autre élément important à considérer. « Un arbre à fruits ne pousse pas dans de la glaise, où c’est humide. Ça prend un drainage efficace. Chez nous, je suis dans le sable. C’est une terre qui est pauvre. Je compense avec du fumier de cheval. Chaque année, je vais amender mon sol autour de l’arbre pour qu’il puisse se nourrir. Le sable a aussi ses avantages. C’est un excellent drainage pour l’arbre à fruits, mais il ne faut pas oublier que les nutriments sont nécessaires, raison pour laquelle je compense avec le fumier. » D’ailleurs, il privilégie la culture bio en évitant totalement l’utilisation d’insecticides et de pesticides. Il va même jusqu’à envelopper individuellement les fruits pour les protéger des insectes et des oiseaux.
Pour ce passionné, il s’agit d’un passe-temps qui demande peu de temps. « C’est surtout la préparation qui est exigeante. Une fois que l’arbre est planté et qu’il pousse et que tu lui as donné son fumier au printemps, ce n’est plus très « demandant ». Mais il faut aussi penser à la taille de l’arbre, ce qui est important, et surveiller les maladies et les carences.

Des projets en branle
Nouvellement retraité, monsieur Tessier a consacré les dernières journées du mois d’août à défricher une partie de son terrain boisé pour augmenter sa production. « J’ai vraiment atteint ce que je veux avoir comme fruits en fonction de ma limitation de zone, mais là, ce que je veux, c’est multiplier mes variétés préférées. Présentement, j’ai des bleuets et la variété, c’est nocturne. Ils sont gros, super bons, sucrés. Je les ai trouvés en ligne, dans une pépinière à Montréal. Je les ai fait livrer chez nous, deux plants. Et là, je suis en train de les bouturer. Je les multiplie pour me faire une ligne de bleuets nocturnes. Je veux avoir au moins 15-20 plants de mes bleuets préférés. Je fais la même chose avec mes framboises jaunes. Je suis rendu là dans mon stade de développement; je multiplie mes variétés préférées, les meilleures saveurs, les plus juteuses, les plus sucrées. »

Le verger de Michel Tessier en restera un privé, limité à sa consommation personnelle et celle de quelques proches. Ses fruits, il les mange fraîchement cueillis et en confitures. Même s’il n’a pas l’intention de se lancer dans une culture commerciale, il aimerait davantage partager son expertise. « J’aime ça faire visiter mon verger, parler de mes découvertes, expliquer mes procédés. » Incontestablement, Michel Tessier est un véritable passionné.