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Le milieu communautaire face à la vaccination obligatoire

7 octobre 2021

par : Moulay Hicham Mouatadid - Journaliste de l'initiative de journalisme local

photo : Courtoisie CROC-AT

La Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC) a exprimé sa grande inquiétude concernant les nouvelles règles annoncées dans un communiqué émis par le ministre de la Santé Christian Dubé. Ce sont les exigences de passeport vaccinal pour l’accès à des activités et services qu’offrent les organismes et l’obligation vaccinale pour des employés du milieu communautaire qui préoccupent.

« En fait, le communiqué sorti le 21 septembre dernier faisait référence aux annonces faites lors de la conférence de presse du 7 septembre. Ce que l’on déplorait le plus était le manque d’information claire en ce qui a trait aux organismes communautaires et à l’obligation de vaccination des travailleurs de la santé et des services sociaux. Depuis, le gouvernement a déposé son décret vendredi soir dernier, soit le 24 septembre. Nous avons donc une partie des réponses attendues, nous savons maintenant que la majorité des organismes ne font pas partie du décret et n’ont donc pas à appliquer la vaccination obligatoire à leurs travailleuses et bénévoles, ce qui est en soi une bonne nouvelle », explique Marie-Ève Duclos, coordonnatrice chez la concertation régionale des organismes communautaires de l’Abitibi-Témiscamingue (CROC-AT).

Certains organismes touchés

La vaccination obligatoire pour les organismes concernés et touchés par le décret gouvernemental va rendre difficiles certains aspects de fonctionnement de ceux-ci. Certains organismes ayant des ententes de services avec le CISSS-AT seront touchés par cette obligation. « Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, duquel les organismes ne sont pas épargnés, au contraire, cette obligation peut entraîner des répercussions sur le maintien en poste des employés et sur le recrutement de nouveaux employés et par le fait même sur le maintien des activités et des services de ces organismes », indique-t-elle. « Pour ce qui est du passeport vaccinal, la situation ne semble pas avoir changé depuis le 1er septembre. C'est-à-dire que de façon générale, les organismes n’ont pas à exiger le passeport vaccinal pour que les gens puissent avoir accès à leurs activités/services, il est important de le rappeler, les gens peuvent faire appel aux organismes communautaires même s’ils ne sont pas vaccinés. »

Une exclusion relative

La position du gouvernement relative à la vaccination précise les contextes concernés par l’applicabilité de son décret. « Le problème qui se pose, c’est que le gouvernement n’a pas exclu totalement les organismes de l’obligation du passeport vaccinal, c'est-à-dire que si un organisme communautaire, par exemple une maison de jeunes, qui utilise les activités comme moyen d’intervention auprès des jeunes, et bien certains types d’activités, telles les activités sportives, elles sont soumises aux passeports vaccinaux pour les participants », explique la coordonnatrice.

Une flexibilité attendue

La gestion des espaces communautaires doit rester à l’affut des changements et de l’évolution de la situation et les ordonnances des autorités sanitaires. « Donc un jour on peut recevoir tout le monde, mais le jour suivant, on doit exclure des gens… Le problème se vit aussi pour des populations vulnérables, par exemple, les personnes en situation d’itinérance, qui vont se voir refuser l’accès à un resto pour prendre un café et se réchauffer pendant l’hiver, l’accès à des commerces pour aller à la toilette, etc. Les organismes ne seront pas en mesure de recevoir tout ce monde en tout temps. Même si la vaccination est encouragée, les gens peuvent simplement perdre leur papier. »

La concertation régionale des organismes communautaires de l’Abitibi-Témiscamingue garde espoir pour une amélioration rapide et efficace de la situation. « Ce que le milieu communautaire dénonce, c’est l’application de mesures mur à mur sans considérer que celles-ci ont des impacts plus importants sur les populations vulnérables ou marginalisées et que cela contribue à l’exclusion, alors qu’en ces temps de crise, il serait plus judicieux de ne pas exclure ces gens, mais plutôt de leur tendre la main pour tenter de renforcer l’adhésion des gens aux mesures sanitaires », conclut madame Duclos.

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