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Des mots pour démystifier les maux

27 octobre 2021

par : Dominique Rioux-Blanchette | Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Le 20 septembre 2021, le Centre de services scolaire du Lac‑Témiscamingue lançait sa première capsule Des mots de jeunes pour détecter leurs maux. La vidéo est née d’un besoin énoncé par le milieu. Elle a comme objectif de soutenir les enseignants et peut-être créer un changement dans l’interprétation de certains comportements des adolescents. En effet, la capsule tente d’attirer l’attention du milieu sur les petits et grands détails pouvant être porteurs de sens et indices d’une détresse psychopathologique comme le TDAH, un niveau d’anxiété élevé, trouble alimentaire, etc. La question « Comment on se rend compte que ça ne va pas? » est le fil conducteur des entretiens intimes avec des jeunes de l’école de Rivière-Des-Quinze à Notre-Dame-Du-Nord. La conception de la capsule est signée Éli Major, 17 ans (réalisation, direction artistique, technique et montage) et a l’ambition d’être portée à l’échelle provinciale, voir nationale.

Au Québec, 17 % des 15 à 17 ans ont déclaré leur santé mentale comme étant « passable » ou « mauvaise » en 2019. Des augmentations importantes de visites aux urgences pour crise d’anxiété et idées suicidaires chez les 12 à 18 ans ainsi que des demandes de consultation en santé mentale auprès de pédiatres en cabinet ont été notées. De plus, entre 2008-2009 et 2018-2019, il y a eu une augmentation de 61 % de visites aux urgences par les jeunes et une augmentation de 60 % d’hospitalisations pour une problématique de santé mentale.

« Des fois, ça ne paraît pas tant que ça, c’est dur à savoir » - Alexandre, 12 ans

« Ça va en dégradant », « sacre énormément », « se replie sur soi-même, a peur de s’étaler », « semble fatigué et irritable », « son habillement peut changer », « essaye d’éviter tous les contacts physiques, visuels » sont des exemples de mots indiquant des maux plus profonds selon ces jeunes du secondaire. Dans la seconde partie de la vidéo, les adolescents s’adressent aux professeurs. « Prendre le temps de bien connaître, analyser, observer le comportement de chaque élève. Toi, en tant qu’enseignant, ce n’est pas nécessairement ta job de donner des conseils, mais tu peux leur dire qu’il y a des gens que c’est leur emploi de les écouter. Et c’est du ben bon monde d’habitude en plus », témoigne Mégane, 15 ans. En effet, les enseignants sont souvent les premiers répondants et sont les yeux et les oreilles des experts.

Anthony Pomerleau, agent en réadaptation scolaire, affirme que la crise sanitaire aurait exacerbé des problématiques déjà présentes dans le milieu, notamment l’isolement. Le point le plus critique pour monsieur Pomerleau, « c’est que les jeunes se seraient adaptés à l’isolement et c’est même devenu confortable pour eux. Des jeunes qui auparavant aimaient participer à la vie sociale préfèrent maintenant par eux-mêmes éviter de s’inclure aux autres. » Il nomme la distanciation sociale, l’école à distance, cette rupture de la routine, la fermeture de tous les services comme étant des mesures délétères pour le sentiment de sécurité des adolescents.

Cette capsule est la première partie de laquelle est née une deuxième phase. Lors du montage de la capsule, les jeunes ont fait preuve d’une telle créativité dans la résolution de leurs problèmes que, dans un souci de respecter le format de courte durée de la vidéo, les animateurs n’ont eu d’autre choix que d’imaginer une suite, par les jeunes et pour les jeunes, d’une foule de solutions qui se retrouveront dans la deuxième capsule diffusée à l’automne 2022.

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