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Quarante secondes

9 novembre 2021

par : Dominique Rioux-Blanchette : Journaliste de l'initiative de journalisme local

« Mon ami, qui était l’ami de tout le monde, s’est enlevé la vie », écrivait l’artiste Valérie Côté, pour parler du 23 octobre 2021 où Patrick Baulne a mis fin à ses jours, à Rouyn-Noranda. Il compte maintenant parmi tant d’autres qui se sont enlevé la vie. Les statistiques mondiales démontrent qu’à chaque 40 secondes, quelqu’un commettra l’irréparable. En 2018, il s’est commis 1054 suicides au Québec, soit en moyenne 3 par jour. Rarissimes sont les données régionales sur les répercussions des mesures de la crise sanitaire sur la santé de la population. Selon le plus récent sondage de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2020-2021, effectué aux six ans, les deux tiers des personnes de la région se disent moins satisfaits de leur vie sociale depuis le début de la crise.

Lynda Clouâtre, directrice la maison Les 4 saisons, confie que les grands espaces de la région sont un facteur sécurisant pour les gens. Et c’est plus facile lorsque les individus sont pris au début de leur tourment. « Il y en a énormément de gens qui ont eu des idées suicidaires et qui ont repris leur vie. L’élément clé, c’est en avoir parlé. Juste de ne pas le garder pour soi, c’est le plus important pour rebondir. »

En parler, mais à qui ?

Au Témiscamingue, des ressources sont accessibles pour ceux aux prises avec des idées suicidaires. La ligne 866-APPELLE (1 866 277-3553) en est une située à Malartic. L’option 2 du 811 est le service psychosocial où il est possible en tout temps de parler avec une intervenante en lien direct avec un professionnel de santé dans le domaine psychosocial, de garde au CISSAT à Ville-Marie, pour être en mesure de rejoindre physiquement quiconque dans le besoin. Les organismes Tel-Jeunes et Jeunesse, j’écoute ont également les compétences pour intervenir. Suicide.ca est un site où il est possible de communiquer par messages textes avec des professionnels, en plus d’avoir de précieux outils pour faire le point sur sa santé mentale (auto-évaluation) et en prendre soin.

Au CISSAT, il y a des professionnels disponibles pour un besoin immédiat, ponctuel ou régulier. Il y a aussi le groupe Image, spécialisé pour intervenir auprès des hommes, où on peut téléphoner ou se présenter sur place (1 888-707-2666). Il y a aussi l’Équinoxe en cas de violence conjugale et d’idées noires. « Tout dépend de ce qui nous amène à avoir des idées suicidaires, il y a des ressources spécialisées sur tout le territoire, au niveau de vos besoins », souligne madame Clouâtre. Au CJE, il y a des travailleurs de milieu. Au Centre de Prévention du Suicide (CPST), il y a un travailleur de rang.

Annabelle Landry Genesse, directrice du CPST, mentionne que « des services existent aussi pour les proches d’une personne aux prises avec des idées suicidaires. On s’assure que le monde qui gravite autour de la personne soit soutenu. » En effet, la présence de l’entourage fait une énorme différence. Il serait mal avisé de croire que la COVID-19 n’a pas été une source d’inquiétude pour soi ou pour une personne proche. Selon l’EQSP, au Témiscamingue, plus de 70 % des gens se sont inquiétés pour la santé d’un proche à risque et 56 % pour leur propre santé.

Réso#adulte

Il y a quelques années, le syndicat UNIFOR en Abitibi a fait une levée de fonds pour laquelle 25 000 $ ont été amassés et remis à la table de concertation des Centres de prévention du suicide, qui ont développé l’application Réso#adulte et son volet jeunesse Réso#cool. L’application a pour objectif de « se créer un plan de survie » au moment où ça va bien, en vue des journées grises noires. À ce moment, « je l’ouvre, et je me dis : qu’est-ce qui faut que je fasse, maintenant? Qu’est-ce qui va me faire du bien? Qui dois-je appeler qui va me faire du bien? Dans les journées noires, on oublie. L’application est là pour se rappeler que d’aller courir, marcher, danser, chanter à tue-tête, ça te fait du bien. Fais-le! » insiste madame Clouâtre.

Le produit témiscabitibien a été exporté à la grandeur du Québec pour son efficience. De plus, l’ensemble des services nommés ci-haut se retrouve sur l’application mobile, classé selon les problématiques encourues. « Tu es géolocalisé, donc tu as les ressources les plus près de toi », conclut Lynda Clouâtre.

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