L’Internet à haute vitesse n’est plus une nécessité de luxe au Témiscamingue mais un droit essentiel vis-à-vis de la démocratie technologique. Cette urgence incontournable est un élément inévitable pour le développement de la région. « Pour le développement et toutes les performances du Témiscamingue, Internet à haute vitesse est devenu une nécessité, voire même une urgence! Ce service est un incontournable pour les entreprises, les commerces, les étudiants et même pour la vie de tous les jours de tous les citoyens. Il est de plus en plus utilisé pour les services gouvernementaux, pour les services bancaires et même pour l’approvisionnement alimentaire », nous fait savoir Claire Bolduc, préfète de la MRC de Témiscamingue.
Les oubliés du service
Une grande partie des Témiscamiens se trouvent discriminés par la qualité du réseau qui couvre leur région. Cette fracture numérique nuit grandement à la qualité de leur vie au quotidien. « Une portion importante de notre territoire et 30 % de notre population ne sont pas desservis de façon adéquate en termes de service Internet. Il s’agit là d’une fracture numérique majeure qui prive nos citoyens d’un service essentiel et qui ralentit grandement le développement de nos entreprises de tous les secteurs », soutient la préfète.
Une discrimination dans le temps
Cette réclamation ne date pas d’aujourd’hui. « Cela fait plus de quinze ans que le Témiscamingue réclame des services Internet à haute vitesse de qualité et que ses représentants de tous les ordres de gouvernance interviennent à cet effet », confirme Claire Bolduc. « D’ailleurs, plusieurs initiatives ont été mises sur pied afin d’offrir le service aux entreprises et à la population. Mais sans un signal clair et fort de la part du gouvernement, toute initiative en desserte demeure fragile, parce que la technologie évolue très vite et qu’une petite entreprise peut difficilement compétitionner les grands distributeurs », ajoute-t-elle.
L’argent d’abord!
Or, malgré les revendications et les demandes déposées auprès des différents paliers gouvernementaux, les Témiscamiens comme la population rurale en région partout au Québec se trouvent marginalisés et privés de ce service essentiel. « Pour le moment, les grands câblodistributeurs ont surtout travaillé à améliorer le service dans les noyaux plus densément peuplés parce que ce sont des secteurs plus rentables. On peut comprendre le besoin de rentabilité mais face à un service essentiel, il faut une intervention forte de l’État, non seulement sur le plan financier mais aussi sur le plan de la vision requise pour comprendre la nécessité de couvrir 100 % du territoire », a demandé la préfète.
Un outil vital…
L’installation de la haute vitesse va servir les différents secteurs dans la région et il s’agit d’un outil de communication indispensable, encore plus en temps de crise. « C’est devenu un outil de travail et de fonctionnement social au même titre que le sont les services d’électricité ou de téléphonie. Il est donc difficile de comprendre pourquoi le service n’est pas déjà déployé! On vient de vivre une période de près de deux mois de confinement, ou tout se déroulait de façon numérique. Qu’il s’agisse des achats en ligne, des services en ligne, du télétravail, de la télémédecine, du télé-enseignement, les gens étaient obligés d’avoir accès au réseau Internet », affirme madame Bolduc.
Une négligence au prix de l’hésitation
Cette absence de haute vitesse est due à une certaine négligence du trait essentiel de ce service. Les différents paliers gouvernementaux ont sous-estimé l’importance vitale de la haute vitesse pour les personnes demeurant en zone rurale. « Sans dire qu’il y a eu négligence, on peut dire que les gouvernements successifs ont trop hésité à déclarer le service à titre de service essentiel. Bien que le gouvernement canadien, tout comme le gouvernement du Québec, aient annoncé en 2019 des sommes importantes pour garantir un accès IHV de qualité partout, cela tarde encore », déclare la préfète.
Le clivage creusé
Pour combattre ce décalage entre les grands centres et le milieu rural, il faut un engagement politique et économique des gouvernements afin de réduire ce clivage d’un service essentiel. « Tant et aussi longtemps que le service IHV ne sera pas déclaré service essentiel, il y aura un décalage important entre le Canada rural et celui des villes, entre le Québec rural et le Québec urbain. Un signal fort du Canada serait que le CRTC déclare Internet Haute Vitesse service essentiel et qu’il y souscrive les énergies et les sommes requises très rapidement. Ou que le Québec fasse cette déclaration à titre de service public obligatoire et que les services se déploient à un prix comparable dans toutes les régions du Québec », a conclu Claire Bolduc.