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Politicaillerie en temps de COVID-19

19 mai 2020

par : Karen Lachapelle

Je me suis toujours demandé pourquoi une personne saine d’esprit se lançait en politique. À mes yeux, c’est tellement une profession ingrate où le flot de négatif semble prendre le dessus sur tout! Peu importe ce que tu fais, tu te retrouves toujours confronté à la critique, et elle me semble rarement constructive. C’est facile d’être un gérant d’estrade, c’est facile d’avoir une tonne d’opinions, mais la question est : est-ce qu’on ferait mieux à la place de nos politiciens, surtout en période de pandémie?

Aujourd’hui plus que jamais, la dernière chose que je voudrais, c’est être premier ministre du Québec, ministre de la Santé ou encore directeur national de la santé publique. Tout est scruté à la loupe : ce que tu portes, ta gestuelle, même ta personnalité et bien entendu, tout faux pas mène directement au banc des accusés. Et Dieu sait qu’on est expéditif; on crucifie rapidement…

Les heures de sommeil du trio qui nous donne rendez-vous chaque jour pour le point de presse doivent être au minimum, le fardeau des décisions immense, les informations contradictoires où il faut décider au mieux de ses connaissances à cette période exceptionnelle. Il faut être rassurant, autoritaire (mais pas trop), discipliné. J’essayais d’imaginer leur vie présentement et juste à y penser, je suffoque. Il faut être solide en tabarouette pour braver cette tempête. Et pour certains (Je ne pense pas que ce soit la majorité, par chance), ils n’ont aucune marge d’erreur.

La semaine passée, le « un peu moins » populaire Dr Horacio Arruda s’est excusé pour avoir dansé. Selon certains chialeux, son geste était inapproprié alors qu’il y a tant de souffrance. Ça m’a rappelé, il y a quelques années, un papa en zone de guerre en Syrie qui organisait de jeux et des danses avec sa petite fille. Le tout était filmé et diffusé sur les réseaux sociaux pour donner un peu d’espoir, mais aussi montrer à sa belle cocotte qu’il faut savourer la vie, peu importe les circonstances. Alors peut-on m’expliquer en quoi la danse de monsieur Arruda est un manque de respect par rapport à ce qui se passe?

Je voudrais qu’on m’explique la sortie expéditive de Dan Bigras alors que le rappeur Rod le Stod, instigateur du projet, voulait remettre l’argent amassé au Refuge. Comment un organisme comme le Refuge peut se permettre de refuser une contribution financière en cette période (ou à tout moment)? « Le #refugedesjeunes s’en dissocie, a écrit le porte-parole de l’organisme Dan Bigras. On trouve ça trop tôt, pendant que la souffrance est si grande. Conseil : J’aime bien Rod et le Dr Arruda, mais quand on veut associer le nom du Refuge, il faudrait demander si on est intéressés. Bonne chance à tous. » Si l’argent venait de sources douteuses, je pourrais comprendre. Mais d’un inoffensif clip, ça me dépasse.

Comment s’est-on retrouvé avec de nobles intentions qui ont déferlé en excuses injustifiées, en commentaires haineux? Ce n’est pas un vaccin contre la COVID-19 que nous avons besoin, mais bien un contre la bêtise humaine.

Autre truc qui me dépasse ces temps-ci, ce sont certaines questions des journalistes lors des points de presse du premier ministre. Le rôle des journalistes en est un de chien de garde où il est important de ne pas prendre l’information toute crue sans l’analyser, la décortiquer et la disséquer avant de la transmettre. Sur ce point, j’accorde qu’il y un excellent travail de journalisme qui se fait et qui a permis de mettre en lumière des problèmes sociétaux. Cependant, chaque fois que j’entends un journaliste anglophone demander, encore et encore, pourquoi il y a plus de cas au Québec qu’ailleurs au Canada, j’ai envie de me rendre directement à Québec pour lui répondre personnellement! Certaines questions me font honte et on dirait vraiment que certains journalistes posent des questions juste pour entendre leur voix ou justifier leur salaire.

Le Dr Arruda, madame McCann ou encore monsieur Legault font preuve d’une patience légendaire en point de presse. Nous avons pu voir quelques fois que la patience à ses limites, mais en général, ils gardent leur sang-froid, qui est hors du commun. Il faut juste regarder vers nos voisins du Sud pour réaliser à quel point nous sommes en Cadillac et non en Lada. En point de presse, Donald Trump est toujours un « jack-in-the-box », et c’est rarement de belles surprises!

Je suis étonnée par le travail politique en temps de pandémie. C’est une gymnastique quotidienne où aucun mode d’emploi n’a été fourni. J’apprécie notamment les interventions de Québec Solidaire. Il est là dans son rôle d’opposition, mais au lieu d’y aller que de remontrances, le parti amène des solutions constructives pour améliorer le Québec. Je trouve les propositions rafraichissantes alors que tout ce que j’ai pu entendre de la nouvelle cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, est de la critique. Mais c’est tellement facile de critiquer quand on n’est que simple passager…

On répète souvent que nous sommes en train de construire un avion en plein vol et je ne voudrais tellement pas être le pilote de cet avion. Et vous, vous seriez prêts à prendre leur place?

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