L’émission Deuxième chance, diffusée le samedi soir à Radio-Canada, en est à sa cinquième saison. Cette série permet à des gens du public, qui ont vécu une histoire bouleversante, de retrouver, des années plus tard, une personne qu’ils veulent remercier ou à qui ils voudraient s’excuser, par exemple. Les animatrices Marina Orsini et Monic Néron, ainsi que leur équipe, aident donc ces gens à boucler la boucle sur ces tranches de vie qui étaient jusqu’à lors inachevées.
L’épisode du 26 février dernier se déroulait dans les environs, principalement dans le Temiskaming ontarien. C’est à Earlton, chez Pierre Bélanger, propriétaire de Bison du Nord, que l’équipe de tournage s’est d’abord rendue pour entendre la tragique histoire de son passé.
À l’automne 1974, un accident de la route est survenu tout près de chez lui… un face-à-face. Dans l’une des voitures impliquées s’y trouvait un couple nouvellement marié. La femme se portait bien, mais l’homme avait subi de graves blessures et fut transféré à l’hôpital. Pierre Bélanger a donc accompagné cette femme au centre hospitalier. Le couple était installé dans le Témiscamingue québécois depuis peu; il n’avait ni famille ni amis. Monsieur Bélanger était auprès de cette jeune femme quand elle a dû prendre une décision cruciale quant à l’avenir de son mari. Les événements ont été bouleversants, et depuis ce temps, Pierre est resté avec le sentiment de ne pas en avoir fait assez pour elle. Son souhait : la retrouver et lui dire qu’il regrette.
L’enquête fut fastidieuse pour retrouver cette dame dont Pierre avait oublié le nom. Même la date de l’événement était imprécise. Marina et son équipe se sont même rendus à Ville-Marie, au Centre de services scolaires du Lac-Témiscamingue et à la Société d’Histoire du Témiscamingue, pour retracer l’identité de ce couple et les circonstances de l’accident.
Pour visionner l’émission et connaître tous les détails de ce drame, il suffit de se rendre sur le site Web tou.tv où elle est offerte en rattrapage.
Quelques anecdotes
« C’est ma fille Marie-Pierre qui a écrit la lettre de demande. Quelques jours plus tard, on recevait un appel disant que l’équipe de Deuxième chance avait de l’intérêt pour mon histoire. Ils sont venus filmer au mois d’août. Une journée complète de tournage. Deux semaines plus tard, on m’invitait à Montréal pour la suite du tournage », raconte monsieur Bélanger.

Pierre Bélanger en avait long à raconter au sujet du tournage. D’abord, le côté très intimiste de l’émission laisse présager une petite équipe de travail, mais au contraire, ce sont six ou sept personnes qui ont fait le trajet Montréal-Earlton pour y filmer le témoignage de Pierre, mais aussi tout l’environnement autour duquel l’homme gravite. De Marina Orsini, il garde un souvenir des plus positifs. « Elle a le talent, l’expérience, l’expertise. Elle est habituée à la caméra. Malgré tous les détails techniques du tournage dont elle doit tenir compte, elle est absolument intéressée par l’humain, l’émotion, et elle réussit à émouvoir, à aller chercher les émotions. Elle est authentique, crédible, naturellement sympathique et empathique. »
L’animatrice a pris le temps de filmer une vidéo dans laquelle elle adressait quelques mots à Jacinthe, l’une des filles de Pierre qui était à l’hôpital en train d’accoucher de son premier enfant. Ce fut aussi toute une surprise pour Marina de découvrir que l’une de ses artistes préférées, Rose-Aimée Bélanger, dont elle possède une sculpture, n’est nulle autre que la mère de Pierre Bélanger! À elle aussi, elle a pris le temps de lui filmer un message personnalisé!
Lors du tournage à Montréal, Pierre était accompagné, entre autres, par sa petite-fille Janelle, âgée de 12 ans. Il voulait qu’elle puisse vivre l’expérience. « Elle était vraiment la bienvenue sur les lieux de tournage. Les membres de l’équipe l’ont installée pour qu’elle puisse regarder dans les moniteurs. Elle a vu la mécanique d’un tournage. On a été bien reçus. Quand on a écouté l’émission en famille, samedi dernier, elle se souvenait des scènes qui avaient dû être reprises plusieurs fois et plusieurs détails techniques qui avaient retenu son attention. »
Depuis…
Depuis que le tournage est terminé, Pierre entretient un lien privilégié avec Denise Payette-Giroux, cette femme qu’il a pu revoir 47 ans plus tard. « On a dîné ensemble une fois le tournage terminé. En attendant la diffusion de l’émission, on s’envoyait des messages. On a aussi fait un FaceTime après la diffusion de l’émission. Moi, je n’avais pas vu son entrevue, et elle, elle n’avait pas vu la mienne non plus, alors on avait hâte de s’en reparler. Je voulais aussi qu’elle rencontre ma famille. »
Dans les jours qui ont suivi la diffusion de l’émission, les messages ont déferlé les uns après les autres. Textos, courriels, messagerie vocale… « Il y a beaucoup de gens que je connais et même des étrangers qui ont été touchés par mon histoire. Tout compte fait, je suis heureux de l’avoir fait. C’est plus émotif que ce que je vis d’habitude, mais dans l’ensemble, le résultat final est assez fidèle à ce qu’on a vécu. Je ne pensais pas que ce serait aussi intense. »