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Voyager… faire le deuil de l’expérience prépandémique

16 avril 2022

par : Dominique Roy

photo : Manon Gauthier et ses enfants au Costa Rica

Depuis que les voyages non essentiels sont de nouveau permis, les réservations en ligne pour les vols et les hôtels ont grimpé en flèche. L’engouement est de retour et les agences de voyages font des affaires d’or. Mais qu’en est-il de l’expérience du voyageur? Doit-il faire le deuil de son vécu touristique prépandémique? Quelques Témiscamiennes et Témiscamiens ayant voyagé au cours des derniers mois ont accepté de partager certains de leurs constats.

Marc Gaudet et Caroline Germain volent vers une destination soleil tous les deux ans. Cette fois, ils ont été charmés par le Costa Rica. Ils y étaient du 16 au 23 décembre 2021. Pour eux, c’est la phase de préparation qui fut beaucoup plus complexe qu’à l’habitude. Au moment de leur séjour à l’étranger, les voyages non essentiels étaient permis, mais non recommandés. Avec franchise, ils avouent avoir été jugés par plusieurs en plus d’avoir créé de l’inquiétude pour certains de leurs proches. « Quand nous sommes partis, il y avait environ 300 à 400 cas par jour… À notre retour, 8000 à 9000 », raconte monsieur Gaudet.

Parmi les préparatifs inhabituels, il y eut le choix de la destination. Question de sécurité, il leur fallait tenir compte de la façon dont le pays d’accueil gérait la pandémie. En naviguant sur le web et en lisant les commentaires de voyageurs, certains pays ont rapidement été éliminés des choix. Il y eut aussi les vérifications auprès de l’employeur afin d’obtenir l’approbation. « Toujours inquiétant pour un employeur de voir quitter un employé une semaine, surtout si cette semaine s’étire de 5 à 10 jours en cas de test positif COVID. Il faut prévoir un plan B si notre voyage s’étire… Un plan B pour le travail, mais aussi pour la famille, qui, dans notre cas, demeurait à la maison. »

Toute la préparation « médicale » s’en est suivie. Ils ont pris un rendez-vous à la Clinique infirmière du Témiscamingue qui offre le service « conseil-voyage ». « J’ai appris que le Costa Rica exigeait qu’on s’enregistre sur leur site web pour annoncer notre arrivée et qu’il exigeait une preuve vaccinale et une preuve d’assurance COVID. » Ce fut suivi du test COVID avant de partir. « Nous avons aussi pris des assurances supplémentaires en lien avec la COVID, ce que nous ne faisions jamais. » À l’aéroport, il y eut le manège étourdissant du passeport vaccinal à présenter plusieurs fois, des mains à laver et désinfecter régulièrement, du masque à porter en tout temps. « Nous vivons un stress, car notre départ coïncidait avec des annonces du gouvernement fédéral en lien avec les voyages à l’étranger, conférence de presse prévue à 13 h et notre départ à 12 h. »

Sur place, certains services de l’hôtel étaient réduits : fermeture du casino et de la discothèque, nombre de places limité lors des spectacles. Quant au retour, il fut lui aussi plus compliqué qu’à l’habitude avec les tests PCR pour revenir au pays, l’attente interminable à l’aéroport de Toronto, le plan de confinement à mentionner, etc. Bref, leur voyage fut parsemé de plusieurs facteurs de stress, mais la chaleur et le soleil du Costa Rica leur ont permis d’en atténuer les effets. Pura Vida!

Manon Gauthier et ses trois enfants, 8 ans, 11 ans et 13 ans, ont visité eux aussi le Costa Rica. Pour eux, pas de tout-inclus! Le voyage du 24 février au 7 mars s’est fait en sac à dos. Dans les lieux publics qu’ils ont fréquentés, le masque était obligatoire. Madame Gauthier a remarqué que ce sont surtout les touristes qui ne respectaient pas les règles sanitaires mises en place dans le pays, une situation qui créait de la frustration chez beaucoup de locaux. « Par exemple, nous étions dans un autobus pour nous rendre à une excursion et le bus arrêtait à différents endroits pour embarquer des participants. Deux jeunes filles touristes sont entrées sans porter le masque. Le guide leur a demandé de le porter, mais elles n'en avaient pas. Alors, il a fait arrêter le bus et a servi un discours très direct et frustré à ces deux touristes et il les a obligées de sortir pour aller s'acheter des masques. Deux arrêts plus loin, c'était un couple de touristes dans la soixantaine qui ont fait la même chose et qui ont refusé de porter le masque. C'était gênant de voir que les touristes ne respectaient pas la société d'accueil. »

Les voyages en sac à dos riment souvent avec auberges de jeunesse. C’est donc dans ce type d’hébergement que la famille logeait, une expérience qui n’est plus la même selon la mère. « Pour avoir déjà voyagé en auberge de jeunesse en 2005, pendant 3 mois, il y avait beaucoup plus de rassemblements dans les cuisines le soir. Là, c'était plus à chacun notre tour d'y aller, et ç’a fait en sorte aussi que nous avons pu moins échanger avec des gens d'ailleurs. » Elle a aussi remarqué le phénomène des jeunes qui se rassemblent dans les lieux publics des auberges, mais dont les yeux sont rivés sur l’écran du cellulaire plutôt que de profiter de l’occasion pour discuter. Quant à ses déplacements en autobus, la famille choisissait volontairement des heures où ils étaient moins achalandés pour éviter d’être collés les uns sur les autres.

Du 2 au 9 avril, Pascal Perreault se prélassait sur les plages cubaines de Cayo Guillermo. À l’hôtel où il logeait, le libre-service du buffet n’y était plus. Des employés, postés aux différentes stations du buffet, servaient les touristes. D’ailleurs, les vacanciers devaient obligatoirement porter le masque le temps de faire emplir leurs assiettes. Dans son resort, le masque était aussi porté par tous les employés. « À part ça, sérieusement, je ne vois pas de différence. À l’aéroport, tu présentes ta preuve de vaccin, tu respectes les mesures et c’est le paradis. »

Enfin, le 4 avril, Marie-Hélène Brault quittait le Canada pour la République dominicaine. Dans son tout-inclus, des mesures sanitaires étaient toujours maintenues. « Les employés ont tous un masque, mais les vacanciers n’en portent pas. Il y a des distributeurs de désinfectant partout. Les tables sont désinfectées avec du produit comme à l’école. » Ce qu’elle a remarqué de particulier, c’est que les Québécois sont beaucoup plus prudents que les touristes d’ailleurs concernant le respect des règles sanitaires. Elle ajoute que le masque est encore obligatoire pendant toute la durée du vol et que les deux doses obligatoires de vaccin sont exigées pour entrer en République.

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