— PUBLICITÉ—

Les hauts et les bas du service d’obstétrique

30 avril 2022

par : Annaël Graal Biampandou | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Savoir qu’on attend un enfant fait souvent chaud au cœur. Mais pour que cet événement chaleureux de la vie se matérialise, il faut passer par l’accouchement. Pour cela, le service d’obstétrique est habilité pour accompagner les mamans dans le processus. Le 19 avril passé, la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien a tenu un café-discussion à Ville-Marie avec les femmes affectées par la rupture de services en obstétrique au Témiscamingue en guise de suivi, car ce dossier est un des importants combats qu’a menés la députée entre autres.

Depuis quelques années, à l’hôpital de Ville-Marie, le service d’obstétrique a des problèmes. Pendant un moment, la difficulté venait de la découverture des anesthésistes. L’association des obstétriciens du Québec avait éventuellement pallié le manque. « Les dernières ruptures de services des anesthésistes, à mon souvenir, remontaient à 2016-2017. Il y a peut-être eu des petits épisodes, mais là, l’année dernière, on a perdu l’obstétrique pendant sept mois. C’était dû à la pénurie d’infirmières. Ce n’était pas une découverture médicale, c’étaient vraiment les infirmières qui nous manquaient pour pouvoir maintenir le service », relate la députée.

Aujourd’hui, la pénurie de main-d'œuvre est encore d’actualité dans le réseau sanitaire de l’Abitibi-Témiscamingue, le CISSSAT. À l’heure actuelle, il manque 330 infirmières pour couvrir l’ensemble des services. Le CISSS a fait plusieurs plans pour délester des services afin d’optimiser et maximiser les infirmières qui restent.

Ce qu’on comprend, c’est que les femmes ne pouvaient plus accoucher à Ville-Marie, elles devaient se rendre à Rouyn-Noranda, à 135 km de route. Quels sont les impacts pour la mère, le bébé et même pour le père? Car, il y a un grand stress d’effectuer cette route sous cette pression. Angèle-Ann Guimond, une des mamans victimes de la fermeture du service d’obstétrique, en témoigne. « J’aurais passé encore 15 minutes de plus, mon bébé serait né dans la voiture! En plus, il y avait du brouillard, il fallait rouler à 70 km/h maximum. À un moment donné, je me disais si on n’arrivait pas à destination, on s’arrêterait sur le bord de la route et on appellerait les urgences pour qu’ils nous disent quoi faire. C’est stressant! »

« Moi, j’avais eu deux filles avant, il fallait que j’organise leur garde pour qu’elles soient en sécurité. Au début, j’allais accoucher à New Liskeard; j’ai des antécédents avec ma plus grande, donc c’est très dangereux pour moi d’arriver dans un hôpital qui n’a pas mon dossier. Finalement, je me suis rendue à Rouyn-Noranda », poursuit Nadia Rocheleau, maman de trois enfants présente au café-discussion avec la députée.

D’ici cinq ans, que deviendra donc le service d’obstétrique à la suite des départs en retraite ? « Dans cinq ans, on va passer à moins 500 infirmières, ça va être les besoins auxquels faire face : remplacer les infirmières qui vont partir en retraite. Il n’y a pas de stratégie gouvernementale pour dire qu’il faut embaucher des infirmières. Nous, en Abitibi-Témiscamingue, la démographie joue contre nous. Nous sommes dans un déclin démographique c’est-à-dire : on ne produit pas assez d’enfants pour remplacer les départs à la retraite. Ça, on le voit avec les données de la RAMQ (on a un creux démographique pour les 19-25 ans), on a moins d’étudiants dans les cours de corps de soins infirmiers. Alors il va falloir recruter à l’extérieur, ça fait partie des solutions… » soutient madame Lessard-Therrien.

Pour l’instant, le problème est remédié, mais il reste tout de même plusieurs points à revoir pour que la capacité du service revienne à la norme prévue. Selon la députée, il serait aussi judicieux de mettre en place une véritable politique de recrutement du personnel en mettant en place d’assez bonnes conditions pour que les personnes restent en région et s’y plaisent.

Articles suggérés