— PUBLICITÉ—

La run de lait d’aujourd’hui

7 mai 2022

par : Mylène Falardeau

L’expression populaire « Run de lait » résonne depuis des lustres dans la culture québécoise. Celle-ci réfère au travail du laitier qui distribuait le lait aux portes des familles chaque jour à une certaine époque. Avec l’arrivée des moyens de stérilisation et l’homogénéisation du lait, cette pratique a disparu peu à peu. Aujourd’hui, nous pouvons associer l’expression au conducteur de camion qui se rend chez les producteurs récupérer le lait et l’achemine à l’usine de transformation. Nous parlons des producteurs, de la transformation et des produits que nous retrouvons sur les tablettes de nos supermarchés, mais qu’en est-il des conducteurs ponctuels et assidus de l’industrie? Leur travail, souvent dans l’ombre, est pourtant essentiel au bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement.

Au Témiscamingue c’est l’entreprise SLS transport laitier qui effectue la « run de lait » locale. Celle-ci a d’ailleurs le contrat du même genre en Abitibi-Ouest. Les copropriétaires, Sylvain Cossette et Lauraine Drouin, assurent le rôle depuis maintenant 15 mois. Monsieur Cossette a travaillé longtemps comme producteur laitier. « Au départ, ce projet incluait mon garçon qui était déjà camionneur. Lorsque nous avons su que l’entreprise était à vendre, nous avons décidé de l’aider et d’embarquer avec lui dans l’aventure. Cinq jours après la signature des contrats, il a eu un accident qui lui a coûté la vie. Cela fait en sorte que c’est maintenant nous qui exploitons l’entreprise. Ce que nous aimons de ce métier, c’est surtout l’interaction sociale et amicale avec les producteurs », souligne madame Drouin. Les copropriétaires connaissaient déjà ceux-ci et le côtoient maintenant dans d’autres fonctions.

« Le plus grand défi est toujours la température. Nous commençons tôt peu importe le temps qu’il fait et lors du retour les conditions de la route peuvent avoir changé aussi. Nous avons deux circuits qui se répètent aux deux jours, autant la semaine que la fin de semaine, au Témiscamingue et en Abitibi-Ouest. Parfois, le terrain apporte des défis pour le conducteur, mais les producteurs font ce qu’il faut pour faciliter notre travail », explique monsieur Cossette. « Nous utilisons les routes principales, mais nous devons nous rendre dans les rangs. Lors des tempêtes, l’entretien de ces routes n’est pas toujours fait lors de notre passage. Nous avons la collaboration des municipalités, mais les déneigeurs ne peuvent pas être partout en même temps. C’est aussi des défis au quotidien pour le transport », précise madame Drouin.

En période de dégel, les réglementations pour le poids limite du camion doivent être prises en considération également. À ce moment, les conducteurs vont alors modifier l’itinéraire pour aller livrer du lait chez les fabricants de fromages de la région en priorité. Tout au long de l’année, ils priorisent le lait des vaches à plus haut rendement de gras pour les fromageries afin que celles-ci obtiennent un meilleur rendement. Pour l’usine de transformation Lactalis, qui fait du beurre et du lait en poudre, la notion de protéine et de taux de gras a moins d’impact sur leur production.

La journée type de la collecte de lait à la ferme débute tôt. « Le circuit commence entre 5 et 6 heures du matin. Le camion se dirige vers les fermes dont la traite est robotisée. Ces équipements permettent la traite 24 heures sur 24. Les producteurs qui utilisent des trayeuses ont jusqu’à huit heures pour terminer leur traite matinale. Chaque jour, le lait est ramassé chez 25 producteurs au Témiscamingue. Nous remplissons le camion le matin et allons faire une première livraison à l’usine. Une collecte se fait en après-midi et est livrée aussi à l’usine. C’est 76 000 litres de lait par jour », mentionne monsieur Cossette.

Quelques faits sur la remorque

La remorque à lait est en fait constituée de deux compartiments isolés distincts. Il n’y a pas de dispositif anti-vagues à l’intérieur. Elle peut contenir 38 000 litres de lait au total. Un premier compartiment de 17 000 est situé à l’avant et 21 000 litres à l’arrière. C’est également une manière de diminuer la contamination du lait s’il y avait des traces d’antibiotiques. Elle est non réfrigérée et est munie de revêtement interne en acier inoxydable. Elle est nettoyée tous les jours après chaque livraison à l’usine. Une laveuse à pression en forme de boule perforée est insérée à l’intérieur des deux compartiments et projette de l’eau sur toutes les surfaces afin de laver l’intérieur correctement.

L’entreprise SLS transport laitier a deux camions et compte actuellement cinq employés; trois conducteurs, Lauraine s’occupe du volet administratif et Sylvain est conducteur/propriétaire. L’équipe participe donc à la récolte annuelle de 40 millions de litres de lait dans les deux MRC et assure ainsi une participation clé à notre industrie laitière locale.

Articles suggérés