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Des hausses qui font mal

9 mai 2022

par : Marjorie Gélinas

Ce n’est plus un secret pour personne : le coût du panier d’épicerie ne cesse d’augmenter. Malheureusement, cette tendance ne semble pas près de se renverser alors que l’inflation touche énormément de produits, alimentaires ou non. Pour son numéro spécial annuel mettant en lumière l’industrie agroalimentaire au Témiscamingue, le Reflet s’est interrogé sur les répercussions de cette inflation sur nos producteurs locaux. Bénéficient-ils de cette hausse de prix ou est-ce le contraire? David Prince, le responsable des communications et de la vie syndicale à la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue, a bien voulu répondre à nos questions.

« L’UPA n’a pas de statistiques à ce sujet, car le phénomène est récent. Ça dépend énormément des productions. Je vous dirais que les producteurs sont surtout inquiets de la hausse du coût des intrants. Les engrais ont doublé de prix, le plastique agricole a grimpé d’environ 30 %, le prix du diesel atteint des sommets », indique-t-il.

Concernant la hausse du coût des produits en épicerie, monsieur Prince souligne qu’il n’y a pas toujours de lien entre ce que paie le consommateur et ce que reçoit le producteur. « Il faut distinguer ce que le consommateur paie à l’épicerie de ce qui revient aux producteurs. Par exemple, le prix du bœuf a grimpé sur les tablettes, mais les producteurs de vaches [et de] veaux de la région ont subi une diminution moyenne de leurs revenus. Donc, l’argent payé en plus par le consommateur ne va pas dans les poches du producteur, mais plutôt des transporteurs, transformateurs et distributeurs. »

David Prince précise toutefois que les prix du grain sont excellents actuellement, en raison du conflit en Ukraine, notamment. « Mais il était déjà élevé l’année dernière en raison de conditions climatiques très difficiles aux États-Unis et dans l’Ouest canadien. Donc, les producteurs de grain ont fait une bonne saison en 2021, mais la hausse du coût des intrants leur fait mal aussi pour les semences de 2022. Le prix des semences a pratiquement monté de 50 %. »

Le Syndicat local du Témiscamingue a d’ailleurs adopté une résolution le 15 mars dernier pour demander aux gouvernements provincial et fédéral une aide d’urgence pour les producteurs, craignant que certains d’entre eux n’arrivent pas à passer à travers la crise de l’inflation. Ils réclament notamment la mise en place de programmes d’urgence, en plus de demander au MAPAQ d’accepter la proposition faite par le Centre d’études des coûts de production en agriculture et de hausser le salaire de l’ouvrier spécialisé. Ils prient également la Financière agricole du Québec de revoir plus fréquemment les coûts de production afin qu’ils tiennent davantage compte de la réalité des producteurs. Enfin, le Syndicat local du Témiscamingue somme la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue et la Confédération de l’UPA de porter cette demande en urgence aux autorités politiques concernées et de faire de la lutte à la hausse des intrants une priorité.

Pour le consommateur, la situation est préoccupante. La hausse du coût des intrants va-t-elle conduire à de nouvelles augmentations du coût des produits alimentaires? Les aides financières accordées par les gouvernements sont-elles suffisantes pour répondre aux besoins? Enfin, à quel point ce système peut-il tenir le coup?

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