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Vestige du passé : Lumière sur le Domaine Moses-Brown

12 mai 2022

par : Marjorie Gélinas

Sur une pointe rocheuse de l’île du Collège, à Duhamel-Ouest, se dresse une construction qui a marqué l’imaginaire des habitants du territoire. Encore aujourd’hui, on raconte toutes sortes de choses sur cette résidence secondaire que la plupart des Témiscamiens connaissent sous le nom de Château Cox. Certains l’admirent de loin lorsqu’ils naviguent dans les eaux du secteur, d’autres s’en approchent d’un peu plus près l’hiver lorsqu’ils circulent dans le coin en motoneige, mais la vérité, c’est que très peu de gens de la région ont eu la chance d’admirer dans son ensemble le mythique Domaine Moses-Brown.

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L’histoire ne dit pas comment monsieur Moses Brown a découvert ce petit coin de paradis. Toutefois, on sait que c’est en 1894 que ce riche négociant de Philadelphie, aux États-Unis, a fait l’acquisition de ce domaine de 80 acres dans le but d’y établir sa maison d’été. À cette époque, c’était la mode, pour les familles américaines fortunées, de passer l’été le plus loin possible de la pollution des villes. Les gens prenaient le train et se retiraient aussi loin que la voie ferrée pouvait les mener. De toute évidence, monsieur Brown est allé plus loin encore que ses contemporains puisque rien n’indique qu’une autre maison d’été ait été construite par des Américains dans la région à cette époque.

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C’est un architecte d’Ottawa, Fred J. Alexander, qui a créé les plans de la demeure d’été de Moses Brown selon le style Shingle, un style architectural américain rendu populaire par la montée en puissance de l'école d'architecture de la Nouvelle-Angleterre. La structure de la maison est faite de billes de cèdre équarries qui sont, selon toute vraisemblance, de provenance locale, puisque ces arbres sont présents en grand nombre dans le secteur. Les matériaux de finition utilisés à l’intérieur, quant à eux, auraient été amenés par bateau jusqu’à l’île du Collège. Ce n’est qu’à partir des années 30 que l’île est accessible par voie terrestre, grâce à une jetée de pierre. Auparavant, on ne pouvait y accéder qu’en bateau.

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La demeure d’été est composée d’un corridor long d’une soixantaine de pieds. D’un côté de ce hall imposant, on retrouve un salon et une salle à manger, séparés par un grand foyer à double face. De l’autre côté, on retrouve quatre chambres à coucher, chacune donnant accès à une salle de bain. La cuisine est bâtie en retrait, reliée au reste du bâtiment par un couloir. Au-dessus se trouve une chambre, qui serait celle qu’occupaient les domestiques. En effet, la famille Brown ne sacrifiait pas son habituel confort lorsqu’elle venait séjourner l’été sur l’île du Collège. On peut d’ailleurs voir, encore aujourd’hui, les clochettes que les maîtres des lieux utilisaient à l’époque pour appeler leurs domestiques. La maison était équipée de toutes les commodités disponibles en ce temps, même de l’eau courante. Un immense réservoir, que l’on remplissait à l’aide d’une pompe, avait été aménagé sous les combles. En plus du bâtiment principal, on retrouve sur le terrain quelques dépendances, dont un mignon petit chalet.

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En 1907, Moses Brown a vendu son domaine à l’homme d’affaires New-Yorkais Edwin Liebfried. De nombreux propriétaires se sont succédé depuis, dont le Torontois Wallace D. Cox, qui l’a possédé à partir de 1953, et ce, pendant une quarantaine d’années. Cette transaction semble avoir marqué la mémoire collective puisqu’encore aujourd’hui, on appelle cette demeure le Château Cox. S’il y a une chose que les différents propriétaires de l’endroit ont en commun, c’est le souci de conserver ce prestigieux vestige du passé. Une grande partie du mobilier est d’origine. On peut même apercevoir, sous les chaises de la cuisine, le nom « M. Brown » imprimé dans le bois. Bien que le Domaine Brown ait toujours appartenu à des particuliers, ce bien est classé immeuble patrimonial et la protection s'applique aussi aux intérieurs. Ainsi, les plafonds et les murs lambrissés de pin, les moulures ornées de dizaines de rosettes sculptées, de même que les poignées et pentures de porte en fer ouvré, sont protégés par le statut de la remarquable demeure.

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Depuis 2011, le propriétaire du Domaine Moses-Brown est monsieur Christian Jolette, qui l’a racheté d’un couple d’Américains, qui eux, l’avaient racheté des parents de monsieur Jolette, qui en ont été les propriétaires pendant une dizaine d’années. Ce sont eux, Réjean Jolette et son épouse Françoise, qui nous ont chaleureusement accueillis dans l’impressionnante maison d’été. Au total, cela fait un peu plus de 20 ans que le domaine appartient à la famille Jolette. Ils sont visiblement très fiers d’y accueillir des visiteurs et de leur raconter l’histoire de leur splendide demeure estivale, à laquelle ils sont très attachés. D’ailleurs, la famille caresse le projet d’effectuer les travaux nécessaires pour que la maison soit habitable à l’année. Initialement construite en tant que résidence d’été, elle n’a pas été isolée pour être occupée l’hiver. En faire une demeure confortable en toute saison permettrait à d’éventuels nouveaux propriétaires de demeurer à l’année dans la maison qui, jusqu’ici, a été si bien conservée qu’elle semble figée dans le temps.

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Bien que la famille Jolette ait énormément d’affection pour la propriété, ils seraient ouverts à la céder à quelqu’un qui offrirait au Domaine Moses-Brown l’attention et les soins qu’il requiert et mérite. Ainsi, la magnifique demeure de l’île du Collège se dressera encore sur sa pointe rocheuse pendant de longues années, émerveillant les curieux qui oseront s’en approcher afin de l’admirer dans toute sa splendeur.

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