En mars dernier, Le Reflet publiait un article sur les Filles d’Isabelle du cercle Sacré-Cœur, de la région du Temiskaming ontarien, un organisme qui peine à survivre. Qu’en est-il de leur équivalent masculin, les Chevaliers de Colomb? Sont-ils confrontés aux mêmes défis? Gaston Leduc, secrétaire financier du Conseil 8619, de la paroisse Sacré-Cœur de New Liskeard, a gentiment accepté de décrire la situation actuelle vécue par le groupe dont il fait partie.
Un peu d’histoire
Mouvement catholique de bienfaisance et sans but lucratif, la confrérie des Chevaliers de Colomb regroupe 2 millions de membres à travers le monde. L’ordre fut fondé au Connecticut, en 1882, par l’abbé Michael J. McGivney, un fils d’immigrants irlandais qui, d’ailleurs, a été béatifié le 31 octobre 2020. Réservée aux hommes, cette organisation laïque catholique est engagée dans la célébration de la foi, de la famille et de la fraternité. La charité est au cœur de leurs actions. Le nom Colomb fut retenu pour rappeler que le découvreur de l’Amérique, Christophe Colomb, était un catholique.
Le portrait régional
Dans la région sud du Temiskaming ontarien, trois conseils francophones de Chevaliers de Colomb sont actifs : celui d’Haileybury (paroisse Sainte-Croix), celui d’Earlton (paroisse Saint-Jean-Baptiste) et celui de New Liskeard (paroisse Sacré-Cœur). Le conseil dont fait partie monsieur Leduc, celui de la paroisse Sacré-Cœur, compte 99 membres : 42 membres honoraires à vie, 8 membres honoraires et 49 membres ordinaires. Pour être un membre honoraire à vie, il faut être âgé de 70 ans et plus et compter 25 ans de membriété. Le privilège : ne payer aucune cotisation annuelle. Les membres honoraires sont âgés de 65 ans, ils comptent 25 ans de membriété et leur cotisation annuelle est de 18 $. Tous les autres membres payent 30 $ annuellement pour faire partie de la confrérie. « Comme tu peux voir, une bonne partie de nos membres sont du côté vieillissant », précise monsieur Leduc.
Comme la charité est au cœur des valeurs de ce mouvement, la contribution financière des Chevaliers de Colomb est essentielle à la communauté. Le Conseil 8619 tente de répondre aux demandes dans différents secteurs. Du côté religieux, il contribue aux activités de la paroisse Sacré-Cœur pour la production du bulletin paroissial, l’entretien du cimetière catholique de New Liskeard en plus de payer des messes pour les Chevaliers et les membres de leur famille qui sont décédés. Dans la communauté, leur aide financière est présente dans les écoles : École secondaire catholique Sainte-Marie, École catholique St-Michel, École publique des Navigateurs, Centre d’éducation des adultes, pour offrir des bourses d’études ou financer des activités sportives, par exemple. Le soutien est aussi présent pour les établissements offrant des soins de santé et pour les œuvres de charité comme l’Armée du Salut, la Société de l’arthrite et du cancer, la Croix-Rouge, les Olympiques spéciaux pour handicapés, les paniers de Noël, etc. Enfin, les Chevaliers de Colomb sont de précieux partenaires pour les activités culturelles et sportives : Festival des Folies Franco-Fun, Village Noël, activités de l’ACFO, tournoi de golf du Père Firmin-Lafond, clubs de nage et de hockey, tournoi de curling, etc.
Les défis
Pour aider tout ce beau monde, bien sûr, il faut une entrée d’argent assez importante, ce qui est de plus en plus difficile pour l’organisation. « La plupart des argents que nous ramassons des cotisations annuelles des membres vont pour payer nos dus administratifs à l’international, au Conseil Suprême situé à New Haven au Connecticut et au provincial, Conseil d’État situé à Hamilton en Ontario. Notre principale source de revenus vient des bingos que nous tenons une ou deux fois par mois. C’est notre vache à lait », mentionne le secrétaire financier. Avec la pandémie, les bingos stoppés et ensuite limités en termes d’assistance ont fait mal à la santé financière des Chevaliers. « Autre problème, nous sommes supposés avoir une réunion par mois, excepté à l’été. Sur 99 membres, si on est 15 pour ces réunions, c’est beau et sur ceux qui sont présents, 12 font partie de l’exécutif. » Le niveau d’engagement est donc à la baisse de même que le recrutement. « Dans les six dernières années, nous avons reçu seulement trois nouveaux membres. »
Les solutions
Bien sûr, les difficultés auxquelles ils sont confrontés font partie des items à l’ordre du jour des réunions. « Il faut qu’on devienne plus communautaire. Les Chevaliers qui sont plus jeunes ne vont plus à l’église. Notre relation avec l’église était à 100 % déjà. Maintenant, les jeunes sont moins religieux et plus centrés sur le communautaire. Il faut donc suivre la vague, si on veut recruter des membres. Il faut trouver des projets, des activités pour impliquer les jeunes Chevaliers qui sont moins engagés. On ne se le cachera pas, plusieurs sont membres parce que leur père l’était. Mes craintes, c’est qu’on ne rajeunit pas. On va manquer de relève et sans l’aide des Chevaliers de Colomb, ce sont tous les organismes qui sont perdants. Nous voulons donc augmenter notre membriété, faire des projets avec plusieurs de nos Chevaliers et augmenter notre présence dans la communauté. » Pour terminer, le projet de la création d’une fondation fait partie des discussions. « Ce n’est pas tout le monde qui est pour ce projet, mais ça fait partie des possibilités. »