Au cours des dernières décennies, plusieurs municipalités du Témiscamingue ont souligné leurs cent ans d’existence. Le Reflet a souhaité plonger dans le passé et vous présenter les balbutiements des municipalités du territoire.
Dès l’enfance, les Témiscamiens se font raconter la naissance de ce vaste territoire. On le sait : les premiers colons ont débarqué au Fort-Témiscamingue, il y a plus de trois siècles. Premier fort de traite, ce lieu historique n’a plus besoin de présentation. En cette première chronique, voici un (très) bref survol des premières municipalités à voir le jour dans le Vieux-Témiscamingue.
Ville-Marie, le berceau
En 1837, le Père Charles Lefebvre de Bellefeuille avait effectué une mission dans la région selon ses récits. Dès 1881, des terres sont défrichées aux abords du lac Témiscamingue et on y sème les premiers grains de blé à ce qu’on appelle la Baie-Kelly. La municipalité de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire est fondée en 1886 et dix ans plus tard, elle changera de nom pour Ville-Marie en hommage à la patronne des Oblats de Marie-Immaculée.
C’est le missionnaire et Frère Joseph Moffet qui détient le titre de fondateur du Témiscamingue et sa maison est encore bien debout, à Ville-Marie. La première ferme des Oblats a vu le jour en 1882 (elle était située à l’emplacement du Palais de justice aujourd’hui), ce qui a permis la colonisation du territoire.
De 1897 à 1902, André-Elzéar Guay, notaire, est le premier maire de Ville-Marie. Tranquillement, la municipalité voit de nouveaux colons arriver et en 1911, on compte 850 habitants. Le village obtiendra son statut de ville seulement en 1962.
Laverlochère
Tout comme Ville-Marie, St-Isidore de Laverlochère porte son nom en l’honneur d’un patron, dans ce cas-ci, celui des laboureurs : St-Isidore, ainsi que du Père Jean-Nicholas Laverlochère. Faisant partie des missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, il quitte la France pour venir au Canada et en 1844, viendra pour les missions du Fort-Témiscamingue.
À une époque où le ministère de l’Agriculture et de la Colonisation publicisait afin que les gens viennent s’installer en région, le premier lot a été acheté à Laverlochère en 1889 par Charles Brassard. Les colons tentaient de défricher la terre, de survivre, pour ensuite aller travailler sur les chantiers pendant l’hiver. Comme indiqué dans le livre Laverlochère, raconte-moi ta vie, en 1904, « Joseph Lalonde est élu maire. On assiste alors à la première réunion du Conseil municipal des cantons unis de Laverlochère et de Baby. » On y apprend d’ailleurs que le premier secrétaire-trésorier est payé 75 $ par année!
Saint-Bruno-de-Guigues
Déjà, en 1863, un premier colon s’installe sur ce territoire : Édouard Piché, d’abord dans le Rang 1, pour ensuite s’établir pour de bon à l’endroit qu’on appelle depuis la Pointe à Piché (près du quai de Guigues). Saint-Bruno-de-Guigues est nommé en l’honneur du premier évêque du comté : Joseph-Eugène-Bruno Guigues. Il y a 300 habitants dans le canton de Guigues lors de sa fondation en 1897.
Déjà, à l’époque, l’exploitant forestier Wright tente de tirer profit du gisement de plomb et d’argent de ce canton. Pendant plusieurs années, il tente d’extraire le minerai de cette mine, mais rencontre plusieurs problèmes, dont la difficulté à transporter la matière et c’est lors de l’arrivée du chemin de fer en 1896 qu’elle sera réellement en fonction. À la fin du 19e siècle, cette mine fournit du travail à plusieurs colons – c’est d’ailleurs la seule mine de plomb au Québec avant 1910, selon les écrits de Marc Riopel.
Saint-Bruno-de-Guigues compte plusieurs vestiges historiques, dont l’église paroissiale érigée en 1902, qui est aujourd’hui la plus vieille église du Témiscamingue. On compte également le Domaine Breen, bâti en 1906 et un pont couvert, construit en 1933.
Sources : Société d’histoire du Témiscamingue, Laverochère raconte-moi ta vie, sites Web des municipalités concernées, rnculture.ca, histoire-du-quebec.ca