Le Cœur du Village d’Earlton a officiellement ouvert ses portes. Pour souligner la fin des travaux qui se sont échelonnés sur deux longues années, dignitaires et donateurs étaient invités, le 24 septembre, de 14 h à 17 h, à visiter ce tout nouveau centre communautaire. Le lendemain, c’est toute la population qui était conviée au brunch dominical lors de la journée portes ouvertes.

Les premiers battements de cœur

En 2018, l’unique épicerie d’Earlton fermait ses portes. Le bâtiment resté vacant pendant quelque temps a finalement suscité l’intérêt du Club Lions qui songeait à la construction d’un local pour ses activités. « Pourquoi construire une bâtisse quand il y en a déjà une qui n’est pas occupée et qui est à vendre », s’est dit François Gauthier, membre de cette organisation. Un partenariat s’en est suivi entre le Club Lions, la Fondation communautaire du Temiskaming et le Club de l’Âge d’Or d’Earlton pour l’achat du bâtiment au coût de 50 000 $. Date de prise de possession : 2 avril 2020, en début de pandémie. Un tout nouveau conseil d’administration voit alors le jour, celui-ci étant formé de membres provenant des trois organisations propriétaires. François Gauthier en est le président, et le projet, il le connaît de A à Z, puisqu’il y a investi presque tout son temps et son énergie au cours des deux dernières années.

Le cœur à l’ouvrage

« D’abord, il a fallu tout vider ce qu’il y avait à l’intérieur. Les réfrigérateurs, les congélateurs, les tablettes de l’ancienne épicerie, tout était encore là. On a vendu ça sur Marketplace. Il y a eu deux voyages de transport à Toronto pour livrer ça et on a vendu local aussi. Avec la vente, on a récolté assez d’argent pour payer le bâtiment. On partait le projet sans dettes », raconte-t-il. Les rénovations, dont le coût était estimé à 485 000 $, pouvaient donc commencer. La subvention demandée à FedNor de 285 000 $, organisme de développement économique du gouvernement du Canada pour le nord de l’Ontario, est acceptée. Tout l’intérieur fut défait et reconstruit. Isolation, plomberie, électricité, plancher, plâtre, division, tout y est passé. Des activités de financement ont permis d’amasser de l’argent pour les rénovations. Entre autres, l’une d’entre elles fut particulièrement rassembleuse. « On a vendu les madriers qui servaient à refaire les murs. Chaque madrier se vendait 100 $. Ceux qui achetaient un madrier étaient invités à venir le signer avant qu’on referme les murs. C’est comme une capsule [temporelle]. Ça nous a permis de ramasser plus d’une quinzaine de mille de dollars. »

Une communauté qui a le cœur sur la main

François Gauthier décrit ces deux années comme étant une histoire phénoménale. Les mots lui manquent quand il parle de la générosité sans borne des gens et des entreprises de la région. « J’en reviens pas », répète-t-il à plusieurs reprises. Environ 95 % des travaux ont été effectués bénévolement. Chacune des heures de bénévolat a été notée, pour un total de plus de 6 000 heures. Tous les matériaux et l’équipement des nouveaux locaux de ce bâtiment sont une gracieuseté des commerçants de la région et de dons des particuliers. « On a reçu de vraiment grosses commandites. » D’ailleurs, un mur à l’entrée de ce centre communautaire sera aménagé prochainement pour souligner la générosité des donateurs. « Le plus beau dans tout ça, et c’est très, très important de le mentionner, c’est qu’on finit ce projet sans aucune dette. On ne doit rien à personne, même qu’on a un peu d’argent à la caisse pour l’entretien du bâtiment. C’est une grande fierté. »

Un résultat final coup de cœur

À l’intérieur, on trouve un coin boutique pour les artisans locaux qui voudront y vendre leurs créations, un local offert gratuitement à l’Union culturelle des Franco-Ontariennes pour y faire du métier à tisser, une salle principale pouvant accueillir 149 personnes et qui profitera en même temps aux membres du Club de l’Âge d’Or pour leurs activités, une cuisine moderne, avec appareils électroménagers en acier inoxydable, comptoirs en granite et l’équipement nécessaire pour préparer des repas communautaires, une salle de vidéoconférence à la fine pointe de la technologie pouvant accueillir une cinquantaine de personnes, un bureau réservé aux trois organisations propriétaires, sans oublier le bar licencié de façon permanente qui sera bientôt opérationnel. L’extérieur du bâtiment sera rénové en 2023 et d’autres projets sont en discussion, comme celui d’un futur marché public où les gens pourront vendre leurs récoltes et leurs produits maison.

Et le Cœur du Village, c’est l’expression qui était toujours employée par François Gauthier pour parler de cet endroit en devenir. Et c’est le nom qui fut conservé, parce qu’il était déjà ancré dans les conversations de la communauté, parce qu’un cœur, c’est un organe central, parce qu’un cœur, c’est un organe vital… Et c’est ce dont le village d’Earlton avait besoin pour vibrer, pour se rassembler, pour festoyer, pour se réchauffer le cœur, pour rire de bon cœur… Et quand le cœur va, tout va!

François Gauthier et Michel Léveillé, les piliers du projet

Photos : Gracieuseté de Jacinthe Rivard