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Les jardins et les poulaillers gagnent en popularité

14 juin 2020

par : Dominique Roy

photo : Dominique Roy

Depuis les dernières années, le prestige du gazon vert et richement fertilisé perd ses lettres de noblesse. On assiste à un retour aux sources. La tendance est aux jardins et aux poulaillers urbains. Et 2020 bat des records impressionnants en termes de popularité.

Les jardins

L’entreprise Les Cultures Biovie de Saint-Édouard-de-Fabre en est à sa troisième année d’existence. Les propriétaires, Joëlle Lefèbre, Luc Lefèbvre et Andréane Hamelin, ont remarqué un fort engouement depuis le dernier mois. « Beaucoup de nouveaux visages se sont présentés à la serre avec le désir d’apprendre à jardiner et avec le goût de s’approvisionner dans une entreprise qui leur ressemble. Leurs cultures variaient de la serre à la terre et nous pouvions leur fournir des plants adaptés à leurs besoins. Les gens étaient particulièrement tôt à la serre cette année. Ils étaient prêts et très emballés par les projets de jardinage tant de fleurs que de légumes et de fruits. La demande a été très forte. » Sept jours après l’ouverture, il n’y avait plus de plants de tomates et les stocks en légumes et fines herbes diminuaient à vue d’œil. L’équipe a dû semer de nouveau en privilégiant les variétés de légumes qui germent rapidement afin de combler les besoins des clients. Le 4 juin, il n’y avait plus rien. La serre fermait ses portes, soit 20 jours plus tôt que les années précédentes.

Madame Lefèbvre attribue cette popularité à la pandémie. « Je discutais avec des clients et beaucoup désiraient prendre le temps d’embellir leur environnement. En effet, ils ont eu la chance d’en voir tous les racoins durant le confinement. Produire des légumes est bon pour le moral et donne de beaux et de bons résultats tangibles. Belles résultantes de la COVID-19; les gens pouvaient enfin prendre le temps de jardiner! » D’ailleurs, les jardiniers novices ont été plus nombreux que jamais.

Du côté de la Ferme chez Lyne et Sylvain de Lorrainville, c’est la folie furieuse. Les propriétaires, Lyne Bergeron et Sylvain Bélanger, ont doublé leur production. Pendant les semis, la pandémie est arrivée et l’engouement fut instantané. « Avant même qu’on commence la distribution des plants, on en avait déjà 50 % de vendus. Pour les concombres, on a fait trois semis, ce qui veut dire environ 300 plants. Si on était encore dans les temps, on en repartirait d’autres, parce que la demande est encore là. Pour d’autres légumes, j’ai dû me refaire des semis pour moi, parce qu’il ne m’en restait plus. Tout était parti. C’est comme ça un peu partout. J’ai une collègue de l’Abitibi qui m’a contactée parce qu’il n’y a plus d’oignons dans son bout. J’ai donc préparé des bulbes d’oignons à lui envoyer par la poste », explique madame Bergeron.

Les poules pondeuses

Karl Larochelle est éleveur d’animaux au Témiscamingue. Chaque année, il vend entre 250 et 300 poules pondeuses. Cette année, la demande fut assez impressionnante, répondant à une dizaine de messages par jour pendant deux mois. Exceptionnellement, il aurait pu en vendre jusqu’à 500 en ce printemps 2020. Toutefois, les difficultés d’approvisionnement ne lui ont pas permis de suffire à la demande. « J’ai un fournisseur à La Sarre, à Toronto; j’en ai un peu partout. J’ai essayé à plusieurs endroits d’en avoir plus, mais je n’ai pas été capable. La demande est extrême. Avec la COVID, les gens sont comme dans un mode d’autosuffisance. En plus de ça, ils n’ont pas grand-chose à faire de leur été, donc on dirait qu’ils cherchent quelque chose pour occuper les jeunes, rendre la cour plus dynamique. D’habitude, ils n’ont pas le temps de construire des poulaillers. Là, ils ont eu beaucoup de temps parce que plusieurs ne travaillaient pas. J’ai parlé avec un gars qui scie du bois. Lui aussi, de son côté, la demande n’arrête pas. Les gens veulent du bois pour construire leur jardin et leur poulailler », raconte-t-il.

À la Ferme chez Lyne et Sylvain, les demandes de poules pondeuses sont nombreuses, même si les propriétaires n’en vendent pas. « Là, on s’équipe pour en avoir l’an prochain. On n’a rien annoncé, rien affiché et on reçoit des appels de gens qui veulent en réserver pour l’an prochain », mentionne la co-propriétaire.

Du côté de Novago Coopérative, la situation est tout aussi exceptionnelle. Chaque année, la coopérative vend une quantité limitée de poules pondeuses dans ses 21 succursales réparties à travers du Québec, y compris celle de Ville-Marie. « Habituellement, on met deux mois à remplir le cahier de commandes. Là, en trois semaines, les commandes étaient complétées. Ce fut deux fois plus rapide. On aurait pu en vendre le double si on avait pu. On n’a jamais vu ça. Et l’engouement est généralisé dans nos 21 magasins », précise Nicolas Simon, conseiller en communication et marketing pour Novago Coopérative.

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Crédit photo : Chantal Moreau

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