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Une histoire de fraude cauchemardesque

18 mars 2023

par : Marie-Soleil Legendre | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Dans la journée du 3 novembre 2022, alors que la Témiscamienne d’adoption Marie Aubry offre une formation au Centre Frère-Moffet, son compte bancaire se fait presque entièrement vider par une série de virements à l’étranger, sans qu’elle en soit à l’origine et sans qu’aucune validation ne lui soit demandée. « À la fin de la formation, quand je regarde mon cellulaire, je vois un premier message de mon institution financière confirmant l’ajout d’un nouveau destinataire. Puis, que six virements à l’étranger ont bien été effectués », explique madame Aubry, qui occupe actuellement le poste d’agente d’accueil et de rétention au Carrefour jeunesse emploi du Témiscamingue.

En 25 minutes, 8 835 $ se sont envolés de son compte bancaire. Après une heure d’attente au téléphone avec son institution financière, l’agent avec qui elle discute refuse de croire son histoire. Puis, dans ce qu’elle compare à un parcours du combattant, elle contacte la Sûreté du Québec, le Centre Antifraude du Canada, Équifaxe et TransUnion dans l’espoir d’obtenir de l’aide. Elle entre aussi en contact avec des victimes de fraude similaire pour obtenir du soutien, qu’elle ne réussit pas à obtenir de la part de diverses institutions. « Fraude bancaire rime aussi avec vol d’identité, il y a de fortes chances que des tentatives de prêt contractées à votre nom surviennent dans les mois suivants la fraude de votre compte », explique d’expérience madame Aubry. Dans la semaine suivant les six mystérieuses transactions, des fraudeurs tentent de procéder à un paiement de 10 000 $ en utilisant sa carte de crédit.

Sans aucun argent ni compte bancaire, Marie Aubry dépend alors de son cercle d’amis pour couvrir ses dépenses. « Le plus important dans tout ça, ce n’est pas le soutien financier, mais le soutien moral. Parce qu’on ne sait pas d’où vient la fraude, à quelles informations les fraudeurs ont accès et quand tout ça va s’arrêter », affirme-t-elle. Après une enquête, qui n’a pas permis de résoudre la situation, l’institution financière de madame Aubry accepte de lui rembourser l’entièreté de la somme perdue, 20 jours suivant le premier évènement. Quatre mois plus tard, la situation demeure inexpliquée.

« Si l’histoire se termine bien pour moi, puisque la banque me remboursera après 20 jours, ce n’est pas toujours le cas. L’an dernier, 57 000 Canadiens ont été victimes de fraude, et une grande partie peine à récupérer l’argent volé », explique madame Aubry, qui affirme ne jamais avoir fait d’achat en ligne et être très discrète de ses données. Elle partage aujourd’hui son histoire pour que la population soit plus vigilante quant aux activités en lien avec leur compte bancaire et faire réfléchir sur la confiance qu’elle accorde aux systèmes de sécurité virtuels. « Je reprends les mots d’un expert quand je dis qu’à notre ère, la question n’est pas si nous allons nous faire frauder, mais quand nous allons nous faire frauder. C’est vraiment déstabilisant quand ça nous arrive et plus on se renseigne sur le sujet, plus ça donne froid dans le dos », termine-t-elle.

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