Nordvie, une ferme spécialisée dans la production de fraises située à Saint-Bruno-de-Guigues, a récemment fait appel au biologiste Ambroise Lycke et à son entreprise d'accompagnement Meristem afin d’élaborer un plan de protection et d'amélioration des écosystèmes. Ce projet ne touche pas les zones agricoles en tant que telles, mais plutôt l’écosystème qui l’entoure. « C’est la forêt, tout ce qui est en bordure des champs, comme les bandes riveraines et les zones fleuries non cultivées », explique Madeleine Olivier, directrice générale de la ferme Nordvie.

L’objectif était d’abord de faire un diagnostic pour voir si, sans s’en rendre compte, des gestes qui pourraient nuire aux écosystèmes étaient posés, pour ensuite faire de la prévention et corriger ce qui peut facilement être corrigé. Cela permet aussi de connaître le niveau de diversité qu’il y a au niveau de la faune et de la flore et ainsi, remplacer les espèces indésirables. Comment faire pour contrôler les mauvaises herbes sans détruire les fleurs? Il s’agit de trouver les bons compromis.

Dans un premier temps, le tracé d’un sentier dans la forêt a été effectué dans les règles de l’art pour s’assurer qu’aucune plante précieuse ne serait détruite. « C’était un rêve qu’on avait depuis longtemps de trouver une façon de valoriser notre forêt dans notre entreprise sans nécessairement faire de la coupe forestière », raconte madame Olivier. Cette proposition du biologiste Ambroise Lycke, ayant de l’expérience dans les sentiers forestiers, les a beaucoup emballés.

Ensuite, il fallait voir quelles étaient les opportunités d’améliorer ou de bonifier l’écosystème. Ils ont la chance d’être entourés d’un environnement très riche en biodiversité. Malgré cette richesse, plusieurs espèces d’oiseaux qui ont été identifiées sont en déclin partout sur le territoire. Ceux-ci seraient capables d’entrer dans la chaîne alimentaire locale, mais encore faut-il que l’environnement le permette. « Nous avons des propositions d’ajouter un peu partout des nichoirs pour certaines espèces spécifiques d’oiseaux », explique Madeleine Olivier. Mais il ne suffit pas d’improviser des nichoirs. Ceux-ci doivent respecter certaines dimensions et orientations et se trouver au bon endroit, selon l’espèce d’oiseau.

Et il en va de même pour les insectes. « J’ai plusieurs insectes pollinisateurs, donc s’il y en a un qui a un déclin, j’en ai d’autres sur qui compter, affirme-t-elle. J’ai plusieurs insectes auxiliaires – ceux qui se nourrissent des insectes nuisibles. Il y a tout un chaos écosystémique qui est bénéfique à notre activité agricole et qui est tellement nécessaire ne serait-ce que pour le maintien de cette population-là. » Celle pour qui la protection des écosystèmes a toujours été au cœur de ses priorités n’a aucun doute : nous avons tous besoin d’un écosystème diversifié et en santé.

Nul besoin, toutefois, de faire appel à des spécialistes pour faire du développement durable. Même si l’on n’a qu’un balcon, on peut optimiser cet espace en y mettant des fleurs, par exemple. Ce simple geste à lui seul bénéficiera dans les écosystèmes avoisinants. « Nous pouvons tous faire une petite action de protection d’écosystème en consacrant un peu de temps et une partie de l’espace qu’on possède. En plus, c’est si agréable de prendre son café le matin en regardant les oiseaux ! », termine Madeleine Olivier.