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Yé! L'école est finie!

23 juin 2020

par : Karen Lachapelle

Quelle fin d’année scolaire laborieuse et chaotique! Pour la première fois depuis fort longtemps (je pense même que c’est la première fois tout court), la fin des classes a été un réel soulagement. Je n’en pouvais plus de gérer les journées de jeune homme par-dessus les miennes. Quelle mauvaise idée de laisser des adolescents devant un ordinateur avec une connexion Internet! C’est comme laisser un morceau de fromage devant une souris en espérant qu’elle ne saute pas dessus… La tentation était trop grande pour ne pas y succomber à YouTube ou tout divertissement en ligne.

« As-tu suivi tes cours? » « Es-tu sorti prendre l’air pour compenser le cours d’éducation physique? » « Tes travaux sont terminés? » « As-tu regardé des vidéos sur YouTube au lieu de faire tes maths? » J’ai confiance en mon fils de 13 ans, mais la confiance a ses limites. Je ne suis quand même pas si naïve! Et que dire de mon grand, finissant en 5e secondaire… Il a fallu être un Club G.O. pour le motiver à traverser la ligne d’arrivée.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, ne mérite certes pas la note de passage pour la gestion de la crise. J’ai eu l’impression que cette année scolaire ne se terminerait jamais, allant de mauvaises surprises en encore plus mauvaises surprises. En entrevue à La Presse la semaine dernière, il mentionnait : « Dire que c’est une génération sacrifiée, je trouve que c’est un peu fort. C’est un peu fort, franchement. » Je n’allais pas jusque-là… mais disons que ce fut une génération « barouettée » en titi en temps de pandémie.

Première erreur dans ce cafouillage éducationnel de la COVID-19 : Dire à tout le monde en mars qu’ils partaient en vacances pour deux semaines. Comment revenir en arrière avec des adolescents pour dire que les vacances ne sont pas des vacances? Nous étions bien contents de les envoyer travailler dans les épiceries et dépanneurs pendant qu’on était à la maison. Eux, ils étaient bien contents de faire de l’argent.

Deuxième erreur : Ne pas ouvrir les écoles aux adolescents, notamment dans les régions dites froides. C’était évident que l’expérience ne serait pas concluante. Nous avons abandonné les jeunes plus vulnérables. Nous avons élargi le fossé des inégalités alors que ceux venant d’un milieu plus aisé (et je ne parle même pas des écoles privées) pouvaient compter sur un encadrement vraiment nécessaire. Sans parler du réseau Internet inégal et instable.

Troisième erreur : Annoncer à la dernière minute aux professeurs qu’ils devaient finalement enseigner à distance, avec les moyens du bord et peu de préparation. Je l’avoue, j’avais au début une certaine frustration : le suivi aux élèves était franchement inégal et une grande responsabilité incombait sur les épaules parentales. Mais comme toute médaille a deux côtés, j’ai rapidement réalisé les impossibles demandes ministérielles à l’égard des professeurs. Comment enseigner à distance à une bande d’ados qui ne sont pas au sommet de leur maturité? Jeune homme me racontait que certains avaient appris comment « hacker » Teams, fermant le micro de l’enseignant, créant le chaos. En classe, c’est déjà tout un exploit de venir à bout de contrôler leur montée d’hormones… imaginez à distance.

Pour avoir fait mes études universitaires complètement à distance, je peux vous dire que cela demande une discipline impeccable et une volonté de fer pour ne pas abandonner (et j’étais adulte). Il me semble impossible de demander une telle rigueur à un ado. En tout cas, pour la majorité…

Nous sommes des milliers de parents qui doivent avoir soupiré de soulagement à l’annonce d’un retour en classe à l’automne. Finis Teams et tout le virtuel, jeune homme pourra côtoyer de vrais humains. Il y a quelqu’un qui a entendu ma prière (ou le ministre de l’Éducation a eu tellement de pression qu’il n’a pas eu d’autre choix).

Pour le bien de la réussite éducative et de la persévérance scolaire des jeunes du secondaire après une absence de l’école de plus de cinq mois, il fallait faire cette annonce, d’abord pour rassurer les parents, mais aussi pour laisser le temps au personnel enseignant de se préparer. Il était temps que la séance d’improvisation ministérielle s’arrête.

Oui, la prochaine rentrée scolaire sera différente (comme tout le reste), mais il y aura une rentrée non virtuelle. Et le meilleur, le plan gouvernemental laissera (enfin!) une flexibilité aux milieux afin d’adapter les mesures à leur réalité. « Si jamais il y a une situation dans une école, on va être en mesure de contrôler le sous-groupe de la classe ou la classe sans avoir à fermer l’école au complet », a confirmé le docteur Arruda.

En attendant, profitons pleinement de cet été qui s’annonce tout au moins ensoleillé!

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