Le Témiscabitibien William Vincent s’intéresse au cladocère épineux dans le cadre de son projet de recherche de maîtrise en écologie qu’il effectue à l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT. Cette espèce aquatique envahissante est présente dans un seul lac en Abitibi-Témiscamingue, soit le lac Témiscamingue.

Sous la direction de Guillaume Grosbois, le projet vise à obtenir une meilleure compréhension des dynamiques de population de l’espèce. « L’objectif principal du projet, c’est de comprendre la biologie et la phénologie. On essaie de comprendre comment vit le cladocère épineux, ici, dans la région. On évalue son cycle de vie. Est-ce qu’il est semblable à celui de l’Ontario? Est-ce qu’il y a des différences entre autres parce qu’il fait plus froid ici? », explique l’étudiant. Différents prélèvements ont été effectués l’été dernier et seront étudiés dans les prochains mois. Les conclusions devraient donc être publiées d’ici un an.
L’espèce envahissante en question a été détectée pour la première fois en 2018 dans le lac Témiscamingue par le ministère de la Faune et des Forêts. Malgré sa petite taille, qui varie entre un à deux centimètres, ce zooplancton a le potentiel de perturber les écosystèmes aquatiques des milieux dans lesquels il s’introduit. « On sait que le cladocère épineux vient mettre une énorme pression de prédation sur les petits zooplanctons qui peuvent être ses proies. C’est le premier effet, le deuxième effet étant que plusieurs espèces disparaissent complètement, donc ça a un effet sur la diversité des zooplanctons dans le lac. Dû à la grande tige de son corps, les poissons qui se nourrissent de zooplanctons vont avoir beaucoup de difficulté à se nourrir du cladocère épineux. L’épine fait en sorte qu’il n’arrive juste pas à le manger parce que c’est trop gros soit l’épine peut rester pris dans les branches, dans la trachée ou s’accumuler dans l’estomac », continue William Vincent.
Deux études menées dans le sud de l'Ontario ont comparé des lacs envahis par le cladocère épineux avec des lacs indemnes de cette espèce. Les chercheurs ont remarqué que dans les lacs où l’espèce était présente, la croissance des dorés de première année était réduite de 12 %, et que leur biomasse était environ 20% plus petite que celle des dorés présents dans les lacs non envahis.
L’impact de cette espèce envahissante ne se limite pas au niveau écologique. « Du point de vue économique, de nombreux lacs envahis par le cladocère épineux ont subi des répercussions sur la pêche, la qualité de l'eau, et donc sur la valeur des propriétés riveraines. Certains biens immobiliers ont vu leur valeur diminuer de 15 à 20 % en raison des perturbations de la chaîne alimentaire, de la dégradation de la qualité de la pêche et de l'eau », ajoute-t-il.
Les conclusions de ses projets pourraient potentiellement aider à la mise en place de nouvelles mesures visant à limiter sa propagation.
Le fléau des espèces envahissantes
Les espèces envahissantes sont normalement introduites par l’homme dans des milieux où elles ne sont pas naturellement présentes. Elles entrent en contact avec les espèces indigènes et modifient les écosystèmes naturels. La présence des espèces envahissantes constitue une menace à la biodiversité des cours d’eau. Afin d’éviter leur propagation, il est essentiel de nettoyer le matériel nautique avant et après chaque utilisation. On recommande d’inspecter tous les objets ayant été en contact avec l’eau, de vider l’eau qui demeure dans l’embarcation et d’utiliser une laveuse à pression pour bien déloger tous les organismes sans endommager l’embarcation ni le matériel.