Alors que j’étudiais au cégep, il y a longtemps (je le réalise encore davantage alors que jeune homme vient d’y faire son entrée!), j’avais découvert la devise de l’homme d’affaires Louis Garneau : « Innover ou mourir ». Cette phrase m’est toujours restée et j’essaie de l’appliquer le plus souvent possible dans ma vie entrepreneuriale.
Au fil des années, notre façon de faire a évolué au Journal. Je me rappelle l’époque où nous devions coller le journal sur une maquette, pour ensuite l’envoyer par autobus pour aller le chercher à Val-d’Or après qu’il était imprimé, et ce, chaque semaine! L’arrivée des nouvelles technologies nous a fait gagner un temps fou et de l’efficacité. Mais il y a toujours deux côtés à une médaille...
L’arrivée de Facebook et autres géants du web nous ont permis de faire circuler l’information aux quatre coins du monde, mais ils ont aussi grugé une énorme part des revenus publicitaires (principalement les revenus provenant des gros annonceurs nationaux). Les médias en subissent les conséquences. Pour survivre et continuer d’offrir de l’information locale, nous nous sommes adaptés du mieux possible. Nous avons alors pris la décision d’entreprendre le virage numérique. L’objectif était et est encore de garder des emplois au Témiscamingue et de continuer notre mission qui est d’avant tout informer la population. Alors que nous trouvions notre erre d’aller, voilà l’arrivée du projet de Loi C-18.
Si vous n’avez pas suivi l’actualité nationale des derniers mois, vous vous questionnez sûrement ce qu’est ce fameux projet de Loi C-18 et pourquoi ça affecte vos médias locaux… En bref, la Loi sur les nouvelles en ligne vise à forcer les « géants du web », principalement Google et Meta (maison mère de Facebook et propriétaire d’Instagram) à verser des redevances aux médias dont les contenus sont partagés sur leurs plateformes. Le prix de ces redevances devra être négocié avec les médias. Si aucune entente n’est conclue, Ottawa pourra faire office d’arbitre. Les revenus publicitaires ont en effet fondu avec la transition vers le web, et l’habitude de partager gratuitement du contenu en ligne a nui à la tendance des internautes à payer pour s’informer.
Selon plusieurs experts, pas moins de 80 % de ces revenus publicitaires tombent dans les poches des deux géants du numérique. Cet argent, estime Michaël Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), n’est pas réinvesti dans l’économie canadienne, et encore moins dans la production de contenus d’information par des médias locaux, puisque Google et Facebook paient peu d’impôts en fonctionnant à partir de l’étranger. En déposant le projet de loi C-18, le Canada s’inspirait notamment de l’Australie, où une loi similaire a déjà été adoptée et a mené à l’entrée en vigueur d’un régime de redevances pour les médias australiens dont les contenus sont publiés sur les plateformes numériques.
Le web est un incontournable alors qu’une personne sur trois s’informe d’abord sur les réseaux sociaux et sur Google, une proportion encore plus importante chez les 35 ans et moins. Sans sources d’informations fiables, estiment les spécialistes, la désinformation, les mensonges et les contenus haineux occuperont beaucoup plus d’espace en ligne.
Bien entendu, ce projet de Loi n’a pas plu aux géants du web. Les deux entreprises ont menacé le blocage total des contenus médiatiques canadiens si Ottawa allait de l’avant et les obligeait à négocier des redevances avec les médias. On peut leur donner ça, ils ne sont pas des menteurs. Ils ont mis leur menace à exécution et par exemple, si vous allez sur le Facebook du Journal Le Reflet, la page est maintenant vide. Aucune nouvelle, aucun concours, plus RIEN.
Dans cette guerre des géants, Le Journal Le Reflet est une goutte dans l’océan et même si le bras de fer se termine par des redevances, nous savons que ce seront des miettes que nous recevrons. Nous ne faisons pas le poids face aux médias nationaux, même si l’information locale est importante pour le territoire. On aime bien lire La Presse, mais on y parle très rarement du Témiscamingue… Si nous ne parlons pas de nous, qui va le faire?
Radio, télé, journal, tous les médias sont touchés et il est important, au Témiscamingue, de soutenir vos médias. Comment soutenir votre Reflet? Visitez le site du Journal régulièrement (www.journallereflet.com), abonnez-vous à notre infolettre (c’est gratuit!) ou encore abonnez-vous à notre version papier (91,98 $ incluant les taxes et vous recevrez le journal chaque semaine dans votre case postale).
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