Des célébrations auront lieu un peu partout sur la planète le 23 septembre prochain à l’occasion de la Journée mondiale des sourds. Cette journée, fondée en 1958, a pour but de valoriser la culture sourde et la richesse de la langue des signes. Dans cette thématique, on vous présente le portrait d’un musicien du Témiscamingue qui a su surmonter les défis liés à la surdité.

Lorsqu’on le voit sur scène, il ne semble pas différent de ses compagnons musiciens; personne ne pourrait douter que le batteur Micael Caron est malentendant. Pourtant, il a dû apprendre à vivre avec cette condition dès les premières années de vie. « J’ai eu mon premier appareil à l’âge de cinq ans. Durant mon adolescence, ça a régressé. Alors ils appellent ça une surdité progressive, mais c’est stable depuis un bon bout de temps. »

Celui qui a été initié à la musique lorsqu’il avait quatre ans n’a pourtant rencontré aucune difficulté à apprendre la batterie. « Ça n’a pas été si difficile, parce que c’est quand même un instrument qui est fort. Au niveau de tous les autres instruments, c’est davantage parce que j’ai de la difficulté à entendre certaines notes. Tout ce qui est des fréquences graves, je les entends beaucoup moins bien », explique le musicien.

Afin de pouvoir livrer des performances sur scène, Micael Caron utilise des in-ears, des écouteurs dans lesquels le son est projeté. « Je ne peux pas avoir de moniteur, si c’est la seule chose que j’ai, je n’entends pas du tout. Je dois avoir un autre système complet pour moi qui rend le tout plus facile. Si j’ai un écouteur qui lâche, ça ne marchera pas pour moi. J’ai besoin d’un ajustement particulier », ajoute-t-il. Cet équipement n’était toutefois pas disponible lors de ses premiers spectacles, ce qui lui rendait la tâche très ardue. Grâce à l’évolution du monde de la musique, le batteur peut désormais jouer sans problème pour des musiciens tels qu’Elliot P, Jay Tremblay ou encore Freink Lefebvre en plus d’être musicien sur appel pour un studio d’enregistrement.

La surdité : un fléau de tous les jours

Réussir dans le monde de la musique n’est qu’une infime partie des réussites de la vie de tous les jours de l’homme de 27 ans. « La communication est difficile avec les gens. Environ 80 % de ma compréhension, c’est de la lecture labiale. Tous les bouts de conversation que je manque, je me fie sur les lèvres des gens. J’essaie de combiner et je fais OK, ça ressemble à ça. Parfois ça devient compliqué parce que je manque des informations. Quand il y a énormément de bruits dans une salle, c’est vraiment difficile, il faut que je sois face à face à la personne pour être sûr de bien comprendre. Et les commandes à l’auto, c’est mon cauchemar! », lance-t-il en riant.

Comme il ne peut pas entendre certains sons, Micael Caron a dû adapter son environnement. « J’ai des outils adaptés qui font en sorte que par exemple, pour mon réveille-matin, mes lumières allument et mon lit vibre. Quand quelqu’un sonne chez moi, toutes mes lumières flashent, même chose pour le détecteur de fumée. Pour tout ce qui est des communications par téléphone, il faut que je mette mes écouteurs pour bien entendre. Il y a quand même beaucoup d’obstacles, mais il y a aussi énormément de trucs et comme c’est de naissance, je me suis adapté en commençant alors ça rend ça plus facile, je crois, que pour quelqu’un qui perd l’audition du jour au lendemain sans aucun point de repère. Il ne faut pas avoir peur de faire répéter les gens. »

S’il avait à lancer un message à une autre personne malentendante qui voudrait comme lui se lancer dans une carrière musicale, ce serait celui-ci : « Ne laisse pas ça t’empêcher de jouer de la musique. Oui ça peut être difficile parfois et frustrant, surtout quand tu essaies d’apprendre un instrument parce que tu es limité, tu n’entends pas tous les registres, toutes les notes. Mais avec de la pratique et encore plus de pratique, l’oreille se développe et malgré la surdité, c’est encore possible. Il y a de grands musiciens qui étaient complètement sourds et qui ont fait des chefs-d’œuvre. Ne laisse pas ta condition t’empêcher de continuer parce que si tu y crois, c’est faisable. Il suffit de trouver les trucs et les techniques. Tout est possible! », termine-t-il.