La semaine dernière, les aînés de la Résidence Bel-Humeur de Lorrainville apprenaient une douloureuse et inquiétante nouvelle : leur demeure allait fermer ses portes.
En mars dernier, la propriétaire des lieux, Miriane Gagné, lançait un appel à la générosité, soit une campagne de sociofinancement sur la plateforme GoFundMe, afin de maintenir ses services pour ses 14 locataires. On apprenait que la résidence privée avait de la difficulté à survivre financièrement et que d’importants travaux de rénovation – toiture, fenêtre, monte-escalier – devaient être réalisés le plus tôt possible pour éviter d’avoir à mettre la clé dans la porte. Ce sont 5 829 $ sur un objectif de 70 000 $ qui ont été récoltés, selon les données de la campagne de financement qui est toujours en ligne, soit une somme manifestement insuffisante.
Pour Aline Beauregard, mairesse par intérim à la municipalité de Lorrainville, il s’agit là d’une bien triste nouvelle, notamment pour les résidents qui devront être relocalisés en pleine crise du logement. Elle parle également de la perte d’un service important dans la municipalité. En effet, une résidence pour personnes aînées joue un rôle crucial quant à la rétention de la population au sein des petites communautés. Au printemps dernier, la propriétaire avait approché le conseil municipal de Lorrainville pour obtenir une aide financière. « Évidemment, la municipalité ne peut pas subventionner une entreprise privée, mais on était ouvert à les accompagner pour peut-être refaire la formule, peut-être en faire un OBNL ou une coop. On leur suggérait d’aller à la SDT voir Monique Lessard qui est une spécialiste là-dedans », explique madame Beauregard. Depuis, les élus municipaux étaient sans nouvelles en ce qui a trait à ce dossier, jusqu’à la semaine dernière où ils ont appris la fermeture prochaine des lieux.
Du côté de la MRC de Témiscamingue, ce sont des élus qui ont appris cette fermeture par des proches des résidents. La préfète Claire Bolduc se dit extrêmement préoccupée par la situation étant donné le peu de résidences pour aînés en activité au Témiscamingue. « En perdre ne serait-ce qu’une seule, c’est en perdre une de trop. » Il y a quelques mois, le Comité citoyen pour la santé rencontrait la MRC pour sonner l’alarme quant au manque de planification à moyen et à long terme concernant les résidences pour personnes âgées. Madame Bolduc est donc bien au fait du dossier. Elle craint les conséquences possibles pour les aînés. Devront-ils être déplacés encore plus loin pour qu’ils aient accès aux services auxquels ils ont droit? Est-ce que les proches aidants se verront imposer des distances et des complexités pour accompagner les personnes en résidence?
Outre les difficultés financières, la préfète parle aussi du roulement de ces lieux pour personnes âgées et des difficultés à assurer les résidences et leurs administrateurs, comme c’est le cas pour la résidence É.L.A.N. de Laverlochère-Angliers. Elle cite l’exemple de l’Ontario qui a eu l’idée de mettre en place une mutuelle d’assurances pour les résidences de personnes aînées.
Inévitablement, les communautés devront recevoir davantage de soutien de la part du gouvernement. « Le gouvernement devra mieux accompagner et faire en sorte que les résidences actuelles ne soient pas en bris de services et ne soient pas dans des situations où ça oblige la fermeture. Il y a moyen de travailler actuellement pour améliorer les choses pour les personnes en place et pour les résidences en place. Il y a des solutions qui ont été proposées, ne serait-ce qu’un soutien financier plus concret, ne serait-ce qu’un accompagnement plus assidu au niveau des ressources spécialisées. » Pour terminer, elle parle d’un effort collaboratif. « Il faut, collectivement, qu’on prenne conscience de l’importance du service offert par ces résidences-là et de l’impact que ça a dans nos communautés. »