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Karl Chevrier nommé Maître des traditions vivantes

21 mars 2024

par : Marie-Soleil Legendre | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

photo : Site Web de Minwashin

Le Conseil québécois du patrimoine vivant a dernièrement annoncé la nomination de cinq nouveaux ambassadeurs et ambassadrices culturels-les du programme national des Maîtres de traditions vivantes. Ceux-ci s’ajoutent aux dix Maîtres désignés en 2020 et 2021 et représentent une diversité de domaines du patrimoine vivant en plus de couvrir cinq régions du Québec. Le programme de reconnaissance constitue la mise en œuvre au Québec du système des Trésors humains vivants de l’UNESCO. L’initiative vise à reconnaitre et à mettre en valeur des artistes et artisans au talent exceptionnel qui maîtrisent une pratique ou une technique transmise de génération et qui sont reconnus par leurs pairs.

On retrouve parmi les sélectionnés l’artiste contemporain et artisan traditionnel Karl Chevrier de la communauté anicinabe de Timiskaming First Nation (TFN). Le chargé de projet Gilles Pitre explique pourquoi la candidature de l’artiste a été retenue. « On a un reçu 25 candidatures et monsieur Chevrier a démontré qu’il avait un savoir-faire vraiment unique, entre autres dans la fabrication de canots d’écorce. C’est vraiment la tradition qu’on a favorisée dans son cas. Il a démontré qu’il était un des seuls à faire ça au Québec. Il a été évalué par un jury qui a déterminé qu’il était un candidat extraordinaire pour ce programme-là. »

En plus d’une bourse de 5 000$, l’artiste de la TFN bénéficiera du soutien de monsieur Pitre sur une période de 18 mois pour réaliser des activités de formation, de transmission et de diffusion sur le territoire du Québec. « Le programme vise aussi à diffuser et promouvoir la discipline elle-même. C’est pourquoi on accompagne les cinq maîtres de traditions dans des projets éventuels qu’ils vont faire pour promouvoir, diffuser et documenter leur pratique. Dans le cas de monsieur Chevrier, on travaille sur une formation d’envergure pour transmettre son savoir-faire à d’autres personnes sur le territoire ou en dehors du territoire de l’Abitibi-Témiscamingue. Il va y avoir des projets de documentation aussi, donc écrire un livre, des vidéos ou des documentaires sur les personnes. Tout est à définir en ce moment, comme la nomination vient d’être annoncée. On doit s’entendre avec les lauréats et avec les moyens qu’on a à notre disposition », ajoute le chargé de projet.

Pour Karl Chevrier, recevoir cette nomination représente un grand honneur. « Quand je l’ai appris, j’ai dit : Moi? Ça se peut pas! Après, ça a rentré et je me suis dit qu’il y avait peut-être une raison pour tout ce que j’ai fait et que le monde commence à connaître notre culture, qu’est-ce qu’on fait dans la vie et comment on a changé. Les gens commencent à le remarquer », raconte-t-il. Dans les prochains mois, avec l’aide du Conseil québécois du patrimoine vivant, l’artiste enseignera à un groupe la fabrication du canot d’écorce, comme il sait bien le faire. « On va faire un canot de 16 pieds tout en écorce et en racine. C’est un grand plaisir de donner ce cours-là au monde parce qu’ils commencent à nous connaître, nous et notre culture et on les introduit à la mère terre. On retourne à la nature, c’est tout fait avec des produits naturels, il n’y a pas de vis, c’est tout attaché avec des racines. C’est quelque chose d’unique que j’offre. »

Prochainement, l’artiste travaillera aussi avec les jeunes de l’école Marie-Immaculé de Latulipe pour la fabrication de rames en cèdre. Pour lui, il est important de partager son savoir-faire et sa culture avec la jeunesse qu’il voit comme jouant un rôle primordial dans le monde de demain, dans la protection de l’environnement et du bien-être sur terre.

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