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Des initiatives « zéro déchet » au Témiscamingue

29 mars 2024

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Le 14 décembre 2022, les Nations Unies proclamaient le 30 mars de chaque année comme étant la Journée internationale du zéro déchet. Il s’agit de l’occasion idéale de faire la promotion d’initiatives mises en place par des Témiscamien.nes.

De l’extrême à l’atteinte d’un équilibre

Il y a huit ans, Shallen Bélanger Julien entreprenait cette quête du zéro déchet. Après s’y être investie à fond, elle avoue avoir mis une croix sur certaines pratiques, dont l’achat en vrac. « Des fois, j’allais jusqu’à Amos pour acheter en vrac, ce qui est en fait contraire à l’effet recherché. » Elle privilégie, en revanche, l’achat en grande quantité dont l’emballage est à son minimum. Elle a aussi délaissé les produits pour les cheveux, comme les shampooings en barre qui ne lui permettaient pas d’obtenir une texture satisfaisante. Elle a cessé de fabriquer ses savons. « Je me suis rendue à l’évidence que les savons bio et faits maison, ça ne lave pas. » L’arrivée des enfants a aussi chamboulé certaines pratiques. Par exemple, à la quantité de collations consommées dans une semaine, il lui arrive de lâcher prise et d’acheter des barres emballées individuellement.

Ce qu’elle a conservé de cette expérience, c’est l’élimination de la vaisselle jetable, d’essuie-tout et de papiers d’emballage. Pour l’hygiène féminine, elle privilégie les coupelles menstruelles et les tissus lavables. La quantité de papier de toilette a aussi été réduite avec l’installation d’un bidet. Les enfants ont grandi avec les couches et les lingettes lavables. « Pour ce qui est des bébés, le zéro déchet a vraiment toute sa place, parce qu’un bébé, ça fait énormément de déchets. »

Madame Bélanger Julien croit qu’il est aussi important de mentionner les entreprises qui font un virage pour réduire leur quantité de déchets. À titre d’exemple, elle pense à La Gauloise qui utilise encore de la vaisselle lavable quand on mange sur place et dont les contenants pour emporter sont maintenant compostables. « C’est le genre d’initiatives que je remarque et j’apprécie. »

Les constats d’un camionneur

Un camionneur du Témiscamingue se dit davantage conscientisé par le « zéro déchet » depuis qu’il exerce son métier. Ce sont les horreurs observées dans les relais routiers qui l’ont amené à changer ses habitudes de consommation. Il mentionne, entre autres, les fonds de cour des trucks-stops qui ressemblent à de véritables dépotoirs. Ces endroits éloignés ne sont pas visibles du chemin. Il faut vraiment se stationner tout au fond pour constater la quantité désastreuse de vidanges accumulées. Il déplore également tous les contenants à usage unique utilisés pour emballer le prêt-à-manger vendu dans ces arrêts routiers. Bien qu’il lui soit difficile d’éliminer complètement les déchets dans l’exercice de son métier, l’homme tente malgré tout de limiter son empreinte en apportant son repas dans des « Tupperware », en utilisant des sacs compostables pour ses déchets organiques, des bouteilles d’eau réutilisables, etc. Jamais il ne jette quoi que ce soit par la fenêtre. Avec regret, il remarque que cette pratique est encore très courante.

Une importante réduction de déchets

Pour Jacquelin Poitras, la protection de l’environnement est une lutte qu’il mène depuis toujours. Il composte depuis exactement 42 ans. À l’époque, il le faisait pour réduire les déchets dans les sites d’enfouissement; aujourd’hui, c’est pour éviter le transport et le traitement de ses résidus. « J’ai toujours de la difficulté à considérer que les matières biodégradables qu’on met dans les bacs verts soient transportées et manœuvrées à grands coûts, en argent et […] pour l’environnement. »

Ses bacs de récupération et de déchets ultimes ne sont mis au chemin que lorsqu’ils sont pleins à ras bord. « De sorte que le camion n’arrête qu’une fois aux quatre mois devant ma cour. » Lorsqu’il se rend à l’écocentre de Fabre, il récupère tout ce qui peut lui être utile, par exemple, du bois, des meubles, du métal, des blocs de ciment, de la peinture, etc. Bref, il suffit de lire la liste de ses initiatives au quotidien pour comprendre que l’enjeu lui tient profondément à cœur. Rappelons que l’été dernier, la MRC de Témiscamingue revoyait son Plan de gestion des matières résiduelles, un laborieux exercice auquel il a participé en y déposant un mémoire.

Donner au suivant

Maryse Baril, de son côté, ramasse différents items qui vont habituellement à la poubelle ou au recyclage. En 2018, elle a entendu parler d’une femme de Rouyn qui ramassait des sacs de lait pour confectionner des matelas pour les itinérants. Madame Baril a commencé sa collecte. Depuis, ce projet a pris fin, mais les sacs sont toujours amassés et acheminés à New Liskeard où un groupe de femmes francophones s’adonnent au même bénévolat. Ce sont plus de 3000 sacs de lait par année que Maryse Baril parvient à récupérer.

Au fil des ans, elle a aussi élargi sa liste d’items. Entre autres, elle a amassé goupilles, bouchons de plastique, canettes consignées et non consignées, attaches à pain, le tout profitant à différentes causes. Les gens de son entourage continuent de lui acheminer ces items. Les intéressés n’ont qu’à déposer le tout au 41, rue Richard, sous l’abri d’auto, dans le bac vert et rouge.

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