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Fermeture de l’usine de cellulose de RYAM : Une rencontre de suivi à Témiscaming

5 juin 2024

par : Marie-Soleil Legendre | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Le maire de Témiscaming, Pierre Gingras et le maire de Kipawa, Norman Young conviaient la population à une rencontre publique dans la soirée du mardi 28 mai afin de faire une mise à jour sur la fermeture de l’usine de cellulose appartenant à RYAM. « On a invité la population à venir entendre ce qu’on avait fait jusqu’à maintenant et les prochaines actions que nous devons prendre, ce qu’on considère pour le futur. L’objectif, c’était aussi de dire aux gens qu’on ne veut pas que cette usine ferme, et qu’on prend tous les moyens pour éviter la fermeture », explique monsieur Gingras. Quelques 325 personnes se sont rassemblées à la salle Dottori de Témiscaming pour écouter les propos des maires, tandis que près de 230 autres ont suivi la réunion depuis chez eux grâce à la diffusion en direct par TVCTK, la télévision communautaire de Témiscaming et Kipawa.

Les maires espèrent recevoir un quelconque message porteur d’espoir en provenance du gouvernement avant qu’il ne soit trop tard. Bien qu’il souhaite la relance, Pierre Gingras craint un manque de main-d’œuvre si les travailleurs, en quête d’emploi, quittent la municipalité. « Le message qu’on voulait porter, c’est qu’on a besoin de la solidarité de la population, et que s’il y a des actions qu’on doit faire, que les gens seront présents et qu’ils se tiennent debout avec nous. Ils sont solidaires, ils nous l’ont démontré. L’objectif c’est de se questionner sur les gestes qu’on va devoir poser si on n’a pas de nouvelle du gouvernement bientôt. On ne sait pas encore, mais on imagine des scénarios. Qu’est-ce qu’il faut faire pour faire bouger les choses ? », questionne le maire de Témiscaming.

Des lettres adressées au premier ministre

Deux lettres ont été adressées au premier ministre ainsi qu’à certains ministres concernés par la situation. La première a été envoyée par la MRC de Témiscamingue le 16 mai dernier. Claire Bolduc, préfète, y informe d’abord le premier ministre de la crise que vit l’industrie forestière témiscamienne avec la fermeture, en moins d’un mois, de trois usines. Elle résume avec précision la situation, en mentionnant que la demande de mise en place d’un Comité de Reclassement par RYAM « donne le signal d’une volonté de fermeture définitive ». Elle ajoute ensuite que « Nous estimons que ce sont près de 600 emplois qui sont supplémentaires en usine et en forêt qui sont encore compromis. En utilisant le facteur multiplicateur de 3,5, reconnu en économie, ce sont plus de 2000 emplois qui pourraient être ainsi perdus. ». Selon elle, pour un territoire comptant une population de 16 000 personnes, des pertes d’emploi de cette ampleur sont catastrophiques.

Elle fait aussi part de l’interdépendance qui s’est établie entre les usines du Témiscamingue au fil des années dû aux particularités forestières de la région et que les récentes fermetures mettent en jeu l’équilibre social local. Elle précise que « Cet équilibre social est particulièrement crucial pour les communautés des Premières Nations de Wolf Lake et Kebaowek, dont les membres sont des travailleurs pour le Complexe RYAM de Témiscaming ». Il a été entendu que l’usine de cellulose de RYAM est le pivot de cet écosystème lors d’une rencontre, le 13 mai, avec les élus locaux, le député Daniel Bernard et le ministre régional Jean Boulet.

Claire Bolduc demande ensuite l’intervention du gouvernement pour trois choses : solliciter des dirigeants de Rayonier le report des licenciements prévus pour le 2 juillet 2024 au 1er septembre 2024, mettre en place un comité ministériel pour accompagner les communautés touchées par ces fermetures partielles et confirmer l’engagement du gouvernement du Québec pour soutenir le Témiscamingue. Une copie de la lettre a été transmise aux ministres Pierre Fitzgibbon, Jean Boulet, Maité Blanchette-Vézina, Andrée Laforest, Kateri Champagne Jourdain, et Ian Lafrenière. Les élus locaux concernés et l’ancien propriétaire de l’usine Frank Dottori ont aussi reçu la lettre.

Le 24 mai, c’était au tour de Témiscaming et de Kipawa de signer une lettre au premier ministre. « On a envoyé une lettre conjointe au premier ministre lui demandant une rencontre, avec certains autres ministres, avec la présence de monsieur Frank Dottori, qui est une personne d’expertise. On voulait vraiment trouver des solutions, des suggestions. On voulait absolument que le gouvernement écoute ce qu’il avait à dire, parce que c’est un expert qui sait que l’usine peut être rentable. », explique Pierre Gingras.

Leur souhait a depuis été exaucé. En effet, comme l’a rapporté Radio-Canada, une rencontre a eu lieu mercredi dernier entre des élus locaux (la préfète Claire Bolduc, le député de Rouyn-Noranda–Témiscaming Daniel Bernard, le chef de la Première Nation de Kebaowek Lance Haymond), le fondateur et ancien président-directeur général de Tembec Frank Dottori, la ministre des Ressources naturelles et des forêts Maïté Blanchette Vézina et le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et ministre responsable du Développement économique régional Pierre Fitzgibbon. Plus de détails sur cette rencontre suivront.

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