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Trop de bâtiments commerciaux vacants à Temiskaming Shores

15 août 2024

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

La dévitalisation des centres-villes de New Liskeard et de Haileybury inquiète. De nombreux bâtiments commerciaux vacants sont à l’origine de défis économiques, esthétiques et sociaux pour ces municipalités du nord de l’Ontario. Préoccupée par cet enjeu, la Temiskaming Shores & Area Chamber of Commerce a mandaté la firme AI Solutions North pour réaliser une étude de la situation. Le rapport « Addressing Vacant Buildings in New Liskeard and Haileybury : An Economic and Social Perspective » présente l’état actuel de ces propriétés à l’abandon, évalue leur impact sur la collectivité et propose des stratégies de revitalisation.

L’étude

C’est à l’hiver 2023 que des membres de la Business Improvement Association (BIA) et de la Temiskaming Shores & Area Chamber of Commerce ont sérieusement discuté de cette problématique. Une enquête informelle a été menée pour comprendre les raisons de cette désertification des centres-villes. Les réponses obtenues ont démontré qu’il y a un réel problème dont les conséquences impactent grandement le dynamisme économique et la qualité de vie dans ces zones. De plus, il a été constaté que la Ville ne possédait aucune donnée mesurable quant à cette forte inoccupation, de là la nécessité d’une étude.

Cette dernière s’est échelonnée sur une période de six mois, s’amorçant en janvier 2024. En juin, la chambre de commerce présentait le rapport final au conseil municipal, exposant ainsi la problématique tout en interpelant les élus quant à l’importance d’agir maintenant.

Des situations inacceptables

En entrevue, André Brock, directeur général de la Temiskaming Shores & Area Chamber of Commerce, soulève de nombreuses lacunes. Notamment, il parle de propriétaires de bâtiments commerciaux qui refusent d’investir en réparation pour que les locaux soient viables et accueillants. D’ailleurs, c’est ce qui a incité la Fairstone Financial, bien située au centre-ville de New Liskeard, à se réinstaller ailleurs, dans des locaux plus conviviaux. Il y a aussi certains propriétaires d’édifices complètement abandonnés qui ne payent pas leurs taxes municipales et qui ne reçoivent aucune pénalité à cet effet, ou très peu, comme c’est le cas de la station d’essence BNS à Haileybury.

Monsieur Brock précise que de nombreux propriétaires rentabilisent largement leurs édifices avec des logements locatifs se situant au-dessus de leurs locaux commerciaux. Les efforts pour trouver des locataires commerciaux au rez-de-chaussée ne sont donc pas au rendez-vous, voire inexistants dans certains cas où on n’y voit aucune affiche « À louer » ou « À vendre » et encore moins de coordonnées. Par exemple, à ce jour, il est encore impossible de joindre le propriétaire de l’édifice qui abritait anciennement le Giant Tiger au centre-ville de New Liskeard. Quant aux immeubles vacants avec des coordonnées affichées dans la fenêtre, pour la plupart, il s’agit de numéros bidon ou de messages laissés sans retour d’appel.

Bref, les exemples sont nombreux, et au moment de mener l’étude, ce sont huit immeubles commerciaux qui étaient vacants au centre-ville de New Liskeard et tout autant du côté de Haileybury.

Les impacts

Les conséquences sont nombreuses : risques en matière de santé publique, diminution du trafic piétonnier et de l’attractivité, diminution des revenus pour les entreprises qui gravitent autour des bâtiments désertés, augmentation de la criminalité et de comportements antisociaux, risques d’incendie, d’infestation, détérioration de l’aspect esthétique et architectural, délabrement, accumulation de déchets, santé environnementale négligée, pertes de revenus des taxes municipales, etc.

Les solutions proposées au conseil municipal

L’étude présente des solutions apportées dans différentes villes de l’Ontario. Au conseil municipal de Temiskaming Shores, la chambre de commerce a insisté sur quatre d’entre elles à court terme pour amorcer un changement immédiat. Lorsqu’un bâtiment est inoccupé pendant plus de six mois, il y a obligation d’installer une affiche indiquant que l’espace est à louer ou à vendre avec un numéro de téléphone valide. Le propriétaire de l’édifice inoccupé a l’obligation de soumettre des photos, tous les trois mois, montrant que l’endroit est sûr, sécurisé, propre et bien entretenu, ce qui comprend la porte d’entrée, le toit, l’absence d’ordures autour de la propriété et l’absence d’infractions au code de prévention des incendies. Le propriétaire de l’immeuble vacant a l’obligation de fournir à la municipalité le nom et le numéro de téléphone d’un contact facilement joignable. La municipalité donne des pénalités financières progressives pour les propriétés commerciales vacantes, le pourcentage augmentant en fonction du temps d’inoccupation.

André Brock qualifie ces stratégies de « gentilles », spécifiant que d’autres municipalités de l’Ontario optent pour des suivis très rigoureux et des conséquences beaucoup plus sévères. Pour l’instant, aucune décision n’a été prise de la part des élus municipaux concernant ces propositions. Le manque d’effectifs semble problématique pour assurer de tels suivis. La chambre de commerce n’a pas l’intention de baisser les bras. Elle est prête à relancer si rien ne bouge, puisque l’effervescence d’un centre-ville est profitable à l’ensemble d’une communauté.

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