Récemment, les parents de l’école Saint-Gabriel de Ville-Marie recevaient un communiqué en raison d’actes d’incivilité, de harcèlement et de cyberintimidation commis par certains élèves. La lettre, signée par Nathalie Simard, directrice, et Manon Goulet, psychoéducatrice, en est une de sensibilisation à l’utilisation des réseaux sociaux et de prévention au cyberharcèlement.
Les réseaux sociaux posent donc des défis croissants, et ce, même dans les écoles primaires. Ils sont de plus en plus jeunes à s’y inscrire. Manon Goulet parle d’enfants de la 3e année déjà abonnés à certaines plateformes. En 4e année, la proportion des élèves est encore plus élevée, voire une majorité, et ce, sur plus d’une plateforme. Le communiqué envoyé aux parents rappelle alors les lois et les politiques encadrant l’âge minimum requis pour utiliser les plateformes telles que Facebook et Instagram (13 ans), TikTok (13 ans), Snapchat (13 ans) et WhatsApp (16 ans), ce qui ne devrait donc pas être permis en si bas âge. Messenger Kids est la seule application conçue pour des enfants de moins de 13 ans, nécessitant toutefois un contrôle parental pour l’inscription et son utilisation.
Un phénomène en croissance
Avant la pandémie, déjà, les problèmes liés à l’utilisation des réseaux sociaux faisaient leur apparition à l’École St-Gabriel de Ville-Marie, mais de façon moins fréquente. Aujourd’hui, les répercussions sont de plus en plus présentes sur le comportement des élèves et leurs interactions sociales. L’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux a conduit à une hausse des conflits entre élèves, souvent initiés en ligne, à la maison, mais se répercutant dans le cadre scolaire. Les petites chicanes qui se produisent en dehors de l’école, qui impliquaient habituellement quelques élèves, ont maintenant des répercussions à plus large échelle avec le phénomène des réseaux sociaux, note Madame Goulet. Les enseignants doivent souvent intervenir auprès de toute la classe pour résoudre ces conflits, ce qui demande du temps et des ressources supplémentaires. « Ils sont en développement d’habiletés sociales. Ils ont souvent des chicanes dans la cour d’école. Sur les réseaux sociaux, c’est encore pire. Ils sont comme les adultes; ils s’en permettent plus. »
Une sensibilisation au quotidien
Le communiqué interpelle donc les parents, rappelant l’importance de discuter avec leurs enfants des restrictions liées à ces applications et des raisons pour lesquelles elles sont en place. La psychoéducatrice mentionne que la sensibilisation se fait également en contexte scolaire. Parler des comportements à adopter sur les réseaux sociaux est chose fréquente. Quand les discussions portent sur l’amitié, l’intimidation, la civilité, les relations sociales, inévitablement, l’utilisation des réseaux sociaux entre en jeu. « Ces discussions sont essentielles pour les amener à réfléchir sur ce qui est approprié et sur ce qui ne l’est pas. » Elle ajoute qu’il devient crucial de développer leur esprit critique à ce sujet, notamment avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. « C’est un travail important à faire avec les jeunes pour les préparer à leur avenir. »
« On est dans l’air du temps! », termine-t-elle, alors que l’envoi du communiqué coïncide avec la nouvelle du premier ministre australien qui propose d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans et la publication du documentaire de Radio-Canada, Grandir en ligne : Qu’est-ce qui se cache derrière mes réseaux sociaux?, que la psychoéducatrice recommande fortement aux parents et aux adolescents.