Le 3 novembre dernier, une publication de Bison du Nord sur les réseaux sociaux retenait l’attention. « Il n’y a pas que le bison qui soit millénaire, notre cour arrière raconte aussi une riche histoire géologique! Une récente visite de nos amis du Musée Fossilarium nous a permis d’en apprendre plus sur la carrière qui se situe sur notre ferme. Unique en son genre dans la région du Témiscamingue ontarien, le site regorge de fossiles, autrefois des formes de vie végétale et animale qui ont été ensevelies par les sédiments d’un lac il y a plus de 420 millions d’années. Ça, c’est plus vieux que l’époque des dinosaures! », pouvait-on y lire.
En effet, à la fin du mois d’octobre, Pierre Bélanger, fondateur et propriétaire de la ferme Bison du Nord, à Earlton, recevait trois membres de l’équipe du Fossilarium de Notre-Dame-du-Nord : Samuel Godmaire, directeur du musée, Josée Prévost, membre du conseil d’administration, et Andrée Nault, paléontologue agissant comme conseillère scientifique pour le musée. Son objectif : leur faire découvrir cette carrière, située sur ses terres, qui témoigne d’un riche passé géologique. La carrière a été creusée il y a 70 ans pour la construction de l’aéroport local situé à proximité. D’environ 25 mètres de hauteur, elle offre une vue imprenable sur des strates géologiques parfaitement conservées. Il décrit l’excitation de ses visiteurs découvrant des fossiles datant de centaines de millions d’années. « C’était merveilleux à voir. Ils étaient comme des enfants dans un dépanneur plein de bonbons. Ils couraient partout. Ils trouvaient des fossiles à gauche, à droite. »
Andrée Nault est une véritable passionnée de paléontologie. Ce qui l’intéresse, « c’est la vie qui se cache derrière ce cimetière de roches, une vie très différente de la nôtre, un contexte météo très différent. Nous étions à une époque tropicale ». Lors de cette visite, la découverte la plus importante est celle d’un fossile de crinoïde, un animal marin. Le fossile date de 415 millions d’années. La partie découverte représente une ébauche de colonne vertébrale, « une partie en fait, celle de la tige, extrêmement bien conservée avec ses anneaux, certains plus petits et d’autres plus grands », explique-t-elle. Cet animal « vivait dans une mer tropicale, ici, au Témiscamingue. [Il] était très abondant ici, dans notre région, particulièrement à Dawson Point. »
Le rôle d’Andrée Nault était d’évaluer le site pour une possible association entre Bison du Nord et le musée Fossilarium. Des idées de projets mijotent, notamment des excursions combinant la visite de la ferme de bisons à celle de la carrière. Les observations de la scientifique ont permis de conclure que le site est facilement accessible, sécuritaire pour les visiteurs, qu’il contient suffisamment de fossiles pour en faire un centre d’interprétation et qu’il s’agit d’une richesse possible à préserver. Selon madame Nault, les possibilités sont intéressantes. De son côté, Pierre Bélanger désire développer davantage l’agrotourisme au sein de son entreprise, mais pour ce faire, il lui faut trouver différentes activités pour attirer les visiteurs de l’extérieur, pour que le déplacement en vaille la peine. L’exploration de la carrière est donc dans sa mire. Il parle aussi de trois blocs erratiques, datant de l’ère glaciaire, qui siègent, en triangle, dans l’un de ses champs. Là aussi, il y voit une exploitation possible.
Quant à Josée Prévost, elle y a découvert un lieu extraordinaire, un site exceptionnel. « C’est un endroit qui va vraiment être accessible de façon sécuritaire pour les futures sorties d'exploration pour les visiteurs du musée Fossilarium, alors moi, j'ai vraiment adoré ça. C’est sûr que la fibre de la prof d'histoire est toujours bien allumée et bien vivante quand on visite des sites comme ça, surtout avec l’accueil extraordinaire qu'on a reçu. » Ce possible partenariat entre le musée de Notre-Dame-du-Nord et la ferme d’Earlton, elle le voit comme une belle occasion de jumelage entre les Témiscamingue québécois et ontarien. Elle parle « d’une vision touristique qui se veut plus intégrante, englobante » et « d’un bel avenir pour développer des circuits touristiques » de part et d’autre de la frontière.