La dernière session parlementaire a mis en lumière plusieurs défis de taille pour le Témiscamingue, selon le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Daniel Bernard, qui fait un état des lieux des impacts locaux des décisions du gouvernement Legault.
« Cette année n’a pas été facile pour le gouvernement. Il y a eu beaucoup de négociations, notamment pour les conventions collectives, qui étaient échues et qu’il fallait renouveler. Cela a permis d’améliorer les salaires de nombreux fonctionnaires dans des secteurs essentiels comme la santé et l’éducation, ce qui était nécessaire. Bien sûr, cela a eu un impact sur le budget, avec un déficit plus élevé qu’à l’habitude. Mais si on le compare à d’autres déficits du passé, ajustés pour l’inflation, on reste dans une situation comparable. Cela dit, le gouvernement tient à ce que les ministères respectent l’enveloppe budgétaire qui leur a été allouée en avril », souligne d’entrée de jeu monsieur Bernard.
Salon le député, la mise en place de l’agence Santé Québec, opérationnelle depuis décembre, suscite des attentes en région. Cette réforme centralise la gestion des ressources humaines et pourrait permettre une meilleure adaptation des services locaux, notamment en santé. Cependant, le recours à la main-d’œuvre indépendante demeure un enjeu majeur, représentant 80 % du déficit régional dans ce secteur.
En ce qui concerne l’industrie forestière régionale, déjà fragilisée, la fermeture de l’usine de cellulose spécialisée de Témiscaming est un réel casse-tête. « C’est un dossier complexe. L’usine fermée, spécialisée dans la cellulose de haute pureté, n’est plus compétitive sur le marché nord-américain, où il y a déjà une surproduction. C’est pour cette raison que le propriétaire l’a fermée et mise en vente. Maintenant, il faut trouver un acquéreur, mais les candidats ne se bousculent pas. Actuellement, il n’y aurait qu’un seul intéressé. Le défi est de réorienter l’usine vers un nouveau produit ou concept, car le créneau de la cellulose de haute pureté n’a plus d’avenir. Le gouvernement travaille avec l’acquéreur potentiel pour déterminer quelle nouvelle production pourrait relancer l’usine, combien cela coûterait et comment recréer des emplois. Il est également prêt à accompagner cet acquéreur pour mener le projet à terme. » Du côté de Béarn, la relance des opérations est un signe encourageant, mais les incertitudes demeurent, notamment face aux tarifs américains.
Planification territoriale et développement futur à l’agenda en 2025
Les enjeux d’aménagement du territoire, touchant à l’exploitation des ressources naturelles, nécessitent une modernisation des cadres législatifs. « La cartographie doit être mise à jour. Il y a des secteurs zonés vert, alors que ce sont des secteurs de roche. Il est crucial de recueillir des informations actualisées pour mettre en place des actions sensées et cohérentes. C'est un enjeu important. Nous avons eu une rencontre sur les orientations gouvernementales de l'aménagement du territoire. Il s'agit de revoir l'ensemble du processus des schémas d'aménagement pour les rendre à jour, conformes aux normes et pour assurer un développement harmonieux du territoire, non seulement pour le Québec, mais aussi pour notre région. Cela implique plusieurs ministères, comme ceux des mines, des forêts, de l'environnement, etc. Il y a donc beaucoup de travail à faire pour les MRC, mais c'est aussi une belle opportunité. Par ailleurs, la révision de la loi sur la protection du territoire agricole arrive à point nommé pour coordonner tout cela. Ce sont des enjeux majeurs pour l'avenir de la région et son développement. »
Dans la mire du député Bernard, il y a plusieurs projets, dont l’hydrogène blanc qui peut ouvrir des perspectives intéressantes, mais doivent respecter les lois sur les mines et la protection des terres agricoles. « Dans le dossier de l’hydrogène blanc à Guigues, c’est un nouveau créneau prometteur, mais il existe un vide législatif. Actuellement, la Loi sur les mines et les droits exclusifs d’exploration ne couvrent que les solides, alors que l’hydrogène est un gaz. Ce cadre doit être adapté, et le gouvernement s’y penche. Il est important de rassurer les citoyens. D’abord, les terrains concernés sont privés : aucune entreprise ne peut y accéder sans le consentement des propriétaires. Ensuite, les travaux nécessitent l’approbation de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). Enfin, les municipalités doivent être consultées pour informer les élus et la communauté des projets à venir. Ces balises sont là pour protéger les droits des citoyens et garantir une gestion transparente du projet. »
Alors qu’il se retrouve à mi-mandat, Daniel Bernard réfléchit encore sur son avenir politique. « Je suis encore en réflexion à ce sujet, car c’est une décision familiale, prise avec ma conjointe. Il y a aussi des considérations de santé. J’ai eu 65 ans cette année, ce qui me mènerait à 67 ans à la fin du mandat, et à 71 ans si je me représente et suis réélu pour un autre quatre ans. Je me demande si je veux suivre les traces de François Gendron », a-t-il conclu en riant.