C’est le 27 décembre, au Club du Bonheur de Lorrainville, en présence des membres de sa famille et de ses amis, que Gabriel Bastien, 94 ans, lançait son livre intitulé Pour que la mémoire vive. Cette biographie retrace le parcours de sa vie au Témiscamingue, sa riche histoire personnelle, professionnelle et familiale ainsi que ses racines généalogiques qui remontent à ses ancêtres venus de France en 1665.

Il y a belle lurette que sa famille lui parlait de ce projet de coucher sur papier tous les souvenirs qu'il emmagasine, histoire que les paroles qui s’envolent se transforment en écrits qui se transmettent d’une génération à l’autre. L’élément déclencheur a été la visite d’un Salon de la FADOQ, à Québec. Monsieur Bastien et son épouse, de passage dans la capitale, ont profité de l’occasion pour y visiter les différents kiosques, et l’un d’eux a retenu l’attention. Il y avait cette trousse qui proposait les étapes à suivre pour écrire son récit de vie. Peu de temps après en avoir fait l’acquisition, monsieur Bastien se casse la hanche… Un incident qui « tombe bien »! Les déplacements étant limités en raison de la convalescence, le moment est alors jugé opportun pour entamer la rédaction. Ordinateur sur les genoux, il se lance donc dans cette aventure, un processus qui s’est échelonné sur deux années.

Le très grand souci de monsieur Bastien pour le développement local et l’autosuffisance témiscamienne fait partie intégrante de son récit de vie. À 18 ans, il vit sa première expérience bénévole au sein de la communauté en devenant secrétaire du cercle de Lacordaire local. La suite de son existence sera alimentée par cette soif de membriété… Ordre des Chevaliers de Colomb, Club Richelieu, conseil d’administration de la Fondation du Centre de santé Ste-Famille, comité DÉFI 2000, ComaxTem (comité de maximisation des retombées économiques au Témiscamingue), etc.

Ses premiers emplois à Saint-Eugène-de-Guigues, secrétaire-trésorier de la municipalité, de la Commission scolaire et gérant de la Caisse populaire – trois fonctions qu’il a occupées en même temps avant de se lancer dans le domaine des assurances – ont fait de lui un acteur de premier plan dans des dossiers qui ont façonné le Témiscamingue. Une de ses préoccupations constantes : l’éducation. La saga de la polyvalente du secteur centre du Témiscamingue a été une tranche de vie difficile à écrire. Le retard de cette construction, qui s’est étalée sur plus d’une décennie, privant ainsi toute une génération des bienfaits et des opportunités locales d’une école secondaire dans le secteur, lui a ravivé de mauvais souvenirs. Cependant, cela a été l’occasion de rétablir des faits en livrant sa perception des événements houleux liés à ce pan de l’histoire éducationnelle du Témiscamingue.

Les prises de conscience par rapport au vécu de ses ancêtres font également partie des moments émotifs de sa rédaction. Leurs arrivées au Témiscamingue dans des conditions inimaginables le font encore pleurer, comme s’il vivait, par procuration, les difficultés de ceux qui l’ont précédé. Et comme tout auteur, les doutes ont parsemé sa démarche d’écriture, craignant que la compilation de ses réalisations relève de la vantardise, sentiment qui s’est estompé avec le temps.

Soulignons aussi que l’homme de cœur livre un brillant hommage à son épouse, Jeanine Trépanier, qui jonglait, souvent seule, avec les mille et une responsabilités familiales alors que l’époux et le père de famille enchaînait les soirées de rencontres et de réunions en raison de son travail et de ses implications bénévoles. Il ne s’en cache pas… ses réussites et ses réalisations, il les doit en partie à cette femme qui, dans l’ombre, le soutenait sans rechigner puisque, tout comme lui, elle avait à cœur le développement de son Témiscamingue.

Enfin, c’est avec un fort sentiment de fierté et du devoir accompli que Gabriel Bastien offre ce legs d’une valeur inestimable à ses enfants, Serge, Denis, Chantal et Annie, petits-enfants, arrière-petits-enfants et générations futures… Derrière chaque tranche de vie se dessinent les valeurs d’un bâtisseur animé par de grandes passions et convictions.