Depuis le début de la pandémie, les agriculteurs et les gestionnaires de fermes dévoilent leurs inquiétudes quant à l’impact de la conjoncture sur les récoltes et le bilan estival. « L’UPA Abitibi-Témiscamingue n’a pas encore fait un bilan complet de toutes les productions et nous n’avons pas consulté l’ensemble des producteurs. Donc, le bilan est très parcellaire pour l’instant. Mais l’été 2020 se distingue actuellement par un engouement très important de la population pour les produits locaux. Les producteurs remarquent une hausse de la demande. Par exemple, certains producteurs qui offrent de l’autocueillette ont été pris d’assaut par plusieurs familles. Les producteurs qui offrent des paniers de légumes ont également noté une hausse de la demande. La fréquentation dans les marchés publics est également importante, malgré les mesures sanitaires en place. Le site transactionnel goutezat.com témoigne également de cet engouement alors que de nombreux consommateurs s’y procurent des produits locaux », nous fait savoir Pascal Rheault, le président de la fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de l’Abitibi-Témiscamingue.
Très tôt pour un bilan!
Malgré qu’un bilan général soit très difficile à dresser en ce moment puisqu’on est encore en pleine saison, quelques indices et les conditions climatiques de l’été pourraient déjà nous éclairer sur la situation dans ce secteur stratégique. « En juillet, nous avons fait un premier bilan préliminaire auprès de certains producteurs. Voici quelques constats : Le gel tardif au début juin et le temps très sec ont emmené certains dommages au niveau de la culture de céréales. Par la suite, il y a eu une sécheresse en juin, qui a retardé la première coupe de foin. Certains producteurs qui ont réalisé leur première coupe plus tôt ont eu jusqu’à 50 % moins de foin. Cependant, la qualité était bonne. Les producteurs qui ont fait leur première coupe plus tard (lorsque la pluie est arrivée) ont eu de meilleures quantités, mais une bonne qualité. Si l’on se compare avec le reste du Québec et l’Ontario, qui ont eu une sécheresse beaucoup plus longue que l’Abitibi-Témiscamingue, la région s’en sort quand même mieux. Après deux années très sèches en 2018 et 2019, qui avaient entraîné des pertes importantes, les producteurs sont somme toute assez contents. La deuxième coupe s’annonce excellente grâce à un bon mélange de pluie et de chaleur », a expliqué le président de l’UPA de l’Abitibi-Témiscamingue.
Des ajustements et des enjeux
La dynamique chez les producteurs en Abitibi-Témiscamingue diffère d’une région à une autre et d’un agriculteur à autre. Chaque ferme a sa stratégie de gestion et son plan d’action afin d’assurer une bonne récolte et arriver à dresser un bilan positif et favorable. « Un des faits saillants importants du début d’année est la hausse du nombre de producteurs. Entre janvier et juin, 22 nouveaux producteurs se sont enregistrés au MAPAQ alors que six ont cessé leur production. C’est donc dire qu’en cinq mois, la région compte 16 producteurs de plus. Une telle hausse ne s’était pas vue depuis plusieurs années. Au total, 2200 hectares de plus sont en production, ce qui est très positif », précise monsieur Rheault. « La pandémie de la COVID-19 au printemps a aussi eu des impacts négatifs sur certains producteurs. Dans les premières semaines, les prix se sont effondrés. Les producteurs d’agneau, de vache de réforme, de porc et de bœuf ont vu leurs prix chuter de manière importante. Heureusement, ça s’est par la suite replacé. Les producteurs de lait ont eu une baisse de quota en raison du volume de vente plus faible. Dans tous les cas, ça a occasionné une baisse de revenus pendant cette période », a-t-il ajouté.
Une saison prometteuse
Le climat estival a eu un impact considérable sur les productions partout en Abitibi-Témiscamingue. Le secteur agricole a fait face à de grands défis depuis le début de cet été afin de minimiser les dégâts dus à la première sécheresse de l’été. « Même si la région a battu un record de chaleur en juillet, il y a eu suffisamment de périodes de pluie pour permettre une bonne croissance du foin et des cultures. Sans parler d’une saison exceptionnelle, l’été 2020 est jusqu’à présent assez bonne pour les producteurs, surtout si on la compare avec ce qui se passe dans le reste du Québec et en Ontario », soutient le président de l’UPA de l’Abitibi-Témiscamingue. » « Plusieurs productions entreront dans leurs semaines les plus importantes. Nous souhaitons vivement que l’engouement pour les produits régionaux se poursuive parce que les producteurs de la région travaillent très fort pour offrir des produits de qualité à prix compétitif », a-t-il conclu.
Champs de foin coupé | Crédit photo : Michel Robert