KL - L’Abitibi-Témiscamingue fait face à des enjeux majeurs en matière de soins à domicile. Dans une lettre adressée à la ministre de la Santé, Ghyslain Bergeron, président de la Table régionale des personnes aînées, a mis en lumière les défis que rencontrent les résidents âgés de la région. Vieillissement de la population, distances éloignées, pénurie de main-d’œuvre et ressources insuffisantes sont autant de problématiques qui rendent difficile l’accès à ces services essentiels.
Comme dans le reste du Québec, la population de l’Abitibi-Témiscamingue vieillit rapidement. En 2023, 19 % des habitants avaient 65 ans et plus, un chiffre qui pourrait grimper à 25 % d’ici 2036. Cette augmentation entraîne une demande accrue pour les soins à domicile, notamment en raison des maladies chroniques comme le diabète et les problèmes cardiovasculaires. Avec plus de 65 000 km² de territoire et une faible densité de population, la région présente des obstacles logistiques importants. Certaines localités sont situées à plus de 100 km des centres de soins, rendant les déplacements difficiles, surtout en hiver. Cette réalité limite les visites à domicile et augmente les coûts de transport, freinant ainsi l’accès aux services de santé.
La région souffre d’un manque criant de professionnels de la santé, notamment d’infirmières et de préposés aux bénéficiaires. En 2022, plusieurs centaines de postes demeuraient vacants. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT) estime qu’il faudrait recruter plus de 1 000 employés supplémentaires, dont 240 infirmières, pour répondre aux besoins de la population. Le taux de recrutement des nouveaux diplômés en soins infirmiers est l’un des plus bas de la province, aggravant la situation.
En l’absence de services suffisants, ce sont souvent les proches aidants qui pallient les lacunes du système. Environ 35 % des adultes de la région soutiennent un proche en perte d’autonomie, souvent sans ressources suffisantes. L’éloignement des services complique l’accès aux mesures de répit, augmentant ainsi les risques d’épuisement chez ces aidants.
Pour améliorer la situation, selon monsieur Bergeron, plusieurs pistes de solution sont proposées, dont le recrutement et la rétention de main-d’œuvre en offrant des incitatifs financiers et améliorer les conditions de travail afin d’attirer et de maintenir les professionnels de la santé en région; l’utilisation accrue des technologies en renforçant l’accès à la télémédecine et aux outils de surveillance à distance pour compenser l’éloignement des soins; le développement du transport adapté en instaurant des navettes médicalisées et subventionner les déplacements des professionnels de la santé; le soutien accru aux proches aidants en mettant en place des services de répit et des réseaux de soutien pour mieux accompagner ceux qui prennent soin des aînés; l’augmentation du financement des soins à domicile en investissant davantage dans ces services afin de mieux répondre aux besoins croissants de la région; le développement de logements adaptés en créant des habitations sécuritaires et fonctionnelles pour favoriser le maintien à domicile des aînés; ainsi que le renforcement des services communautaires en soutenant les organismes locaux qui offrent une aide précieuse aux personnes en perte d’autonomie.
L’appel de la Table régionale des personnes aînées de l’Abitibi-Témiscamingue met en lumière un enjeu pressant : l’accès à des soins à domicile adéquats. Alors que les besoins augmentent, le gouvernement et les acteurs du réseau de la santé sont interpellés pour trouver des solutions durables. À l’heure où le vieillissement de la population s’accélère, l’urgence d’agir ne fait plus de doute aux dires, monsieur Bergeron.