C’est par communiqué de presse, le 26 février, qu’on apprenait la fin de la Biennale Internationale d’Art Miniature (BIAM) au Témiscamingue. En effet, le contexte financier actuel, difficile pour le milieu culturel, a forcé l’équipe du Rift à repenser et à réinventer la formule afin d’offrir un événement de grande envergure répondant davantage aux exigences des bailleurs de fonds.
La Biennale, d’hier à aujourd’hui
L’événement qui a fait connaître Ville-Marie sur la scène artistique internationale a vu le jour en 1992 grâce à l’initiative des artistes Danielle Desjardins et Joanne Poitras, accompagnées par une équipe et une armée de bénévoles. Comme les artistes des grands centres trouvaient que Ville-Marie était beaucoup trop loin pour venir y exposer, la solution a été d’utiliser la poste et de privilégier les œuvres de petit format. Ainsi, les artistes de partout dans le monde pouvaient participer à l’événement. La BIAM a rapidement connu du succès. L’entrepôt du ministère des Transports a été donc transformé en salle d’exposition en 1999. « C’est la salle que nous connaissons aujourd’hui! Elle a marqué notre identité et fait reconnaître le professionnalisme de la salle d’exposition de Ville-Marie. Pour en avoir vu plusieurs, je trouve que nous n’avons rien à envier aux grands centres. Notre salle est extraordinaire, avec sa grande superficie et son plafond ouvert qui dévoile la structure originale du bâtiment qui existe depuis les années 1950! On est vraiment privilégiés d’avoir ce joyau ici! », explique Émilie B. Côté, codirectrice générale et directrice artistique des arts visuels au Rift.
Avec les années, le contexte dans lequel est née la BIAM a évolué. D’abord, la fusion du centre d’exposition et du théâtre a eu un impact sur l’équipe du Rift. Cette dernière devait maintenant jongler avec différents mandats. Puis, en 2016, un nouveau bailleur de fonds, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), prenait la relève du ministère de la Culture et des Communications du Québec. Les exigences n’étaient plus les mêmes. Le Rift a dû revoir ses pratiques et les adapter aux nouvelles conditions imposées pour recevoir du financement.
Ensuite, la BIAM devait avoir lieu en 2020, et a été reportée à 2021 en raison de la pandémie. « Comme il s’agissait du 15e anniversaire, nous avons réinvité tous les artistes ayant déjà reçu un prix depuis 1992 à réexposer. Cet événement rétrospectif nous a permis d’observer tout le chemin parcouru pour permettre à l’organisme de se projeter dans l’avenir. » Un recueil qui retrace l’histoire de la BIAM, disponible au Rift et dans les bibliothèques, a même été lancé.
Depuis, les commanditaires et les bailleurs de fonds ont de la difficulté à soutenir les événements culturels. Cette année, le Rift a subi une coupure quant à son financement. « On peut donc dire que tout joue contre nous. De plus, la Biennale était très souvent déficitaire, ce qui était toujours un coup dur sur les reins de l’organisme. Alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, générer une autre édition de la Biennale Internationale d’Art Miniature n’était pas réaliste sans lui apporter des changements. »
Place à la nouveauté!
Une réflexion était donc nécessaire pour repenser et réinventer la Biennale. « Il fallait y retrouver l’essence de ce qu’est le Témiscamingue : un terrain de jeu foisonnant pour les artistes en arts visuels, avec ses forêts luxuriantes, ses grands espaces, un lac-frontière, sa ruralité. » C’est le mot « forêt » qui y a pris tout son sens. « Forêt, c’est l’identité du Témiscamingue dans une rencontre où la nature et la culture sont en fusion et qui nous ramène à l’essence même du Rift : un lieu de diffusion culturel en région éloignée, au cœur de la forêt mixte, sur un territoire peu populeux. C’est aussi un territoire anishnabe où les savoirs ancestraux marquent ces forêts sauvages devant lesquelles on ne peut que rester humble. C’est très inspirant pour les artistes. »
L’événement, avec sa formule modernisée, se déploiera de trois façons : une exposition collective en salle, des résidences d’artistes en nature et des ateliers offerts à toute la population. « C’est gros à assumer, mais le momentum est là. La BIAM nous a beaucoup apporté, mais elle s’est essoufflée avec le temps et nous profitons de tout ce bagage pour générer un nouveau projet et nous réinventer. »
La programmation de Forêt sera dévoilée au printemps et l’événement se déroulera en période estivale, soit de juin à septembre 2025. « Nous espérons que le public témiscamien sera ouvert et curieux de voir ce nouveau projet. Il s’agit d’une première édition qui sera sans doute modeste, mais qui, je crois, aura une programmation intéressante et qui fera écho à notre identité », termine Émilie B. Côté.