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Prioriser la région avant tout

6 mars 2025

par : Karen Lachapelle

On apprenait que le gouvernement du Québec exigera que tous les ministères et organismes publics obtiennent une approbation préalable pour tout achat effectué sur une plateforme en ligne sans présence physique de points de vente au Québec, comme Amazon. Plusieurs villes ont aussi emboîté le pas. Quand est-il au Témiscamingue ?

Le maire de Ville-Marie, Martin Lefebvre, plaide en faveur de l’achat local et régional face à la puissance des géants du commerce en ligne, notamment Amazon. Pour lui, soutenir les commerçants de proximité est une question de survie économique et sociale pour le Témiscamingue. « Moi, comme maire, j’ai toujours eu ce réflexe-là de l’achat local. Aussi banal que d’acheter un micro-ondes pour une cuisine municipale, c’est une habitude qu’on doit conserver », explique-t-il. Il rappelle que la municipalité privilégie les fournisseurs régionaux, québécois et même du Nouveau-Brunswick lors des appels d’offres. Toutefois, il souligne que cela ne garantit pas que les produits eux-mêmes soient fabriqués ici. « On peut bien avoir un fournisseur du Québec, mais est-ce que lui s’approvisionne aux États-Unis? C’est parfois plus difficile à contrôler. »

Cette réalité illustre l’ampleur du défi pour les municipalités et les citoyens. Monsieur Lefebvre insiste sur l’importance de voir l’achat local non pas comme une simple mesure d’encouragement, mais comme un véritable investissement dans la vitalité économique régionale. « D’encourager l’achat local, pour moi, c’est comme acheter une barre de chocolat à un enfant pour une levée de fonds. Mais investir dans un commerce, c’est lui donner les moyens d’embaucher, de former ses employés et de mieux répondre aux besoins de la communauté. »

Le maire souligne également l’impact des achats en ligne sur l’économie locale. « On a un maire au Témiscamingue qui a un contrat avec Postes Canada, et il voit la quantité impressionnante de boîtes Amazon qui entrent au Témiscamingue. Ce n’est pas une question de bannir ces achats, mais plutôt de se demander avant de cliquer : est-ce que je peux trouver ce produit ici? Souvent, la réponse est oui. »

Dans un contexte où plusieurs municipalités au Québec révisent leurs pratiques d’approvisionnement afin de favoriser l’achat local, la MRC de Témiscamingue a elle aussi réaffirmé son engagement à privilégier les entreprises de la région. Selon la préfète Claire Bolduc, l’acquisition de biens via des plateformes en ligne comme Amazon a toujours été très encadrée. « Tout achat de cette nature doit obtenir l’approbation de la directrice générale, et dès les premières nouvelles d’éventuels tarifs, aucun achat par ce biais n’est plus autorisé. »

La MRC ne peut imposer de règlementation aux villes et municipalités en matière de politiques d’achat, mais une cohérence s’installe dans les pratiques municipales. « Afin de bien accompagner les villes et municipalités, le gouvernement a rappelé les modalités qui permettent de favoriser l’achat local », souligne madame Bolduc. Bien que chaque municipalité adopte ses propres politiques d’achat, la MRCT a fait du soutien aux entreprises locales une véritable valeur organisationnelle.

Si certaines inquiétudes subsistent quant à la disponibilité de certains produits ou aux coûts plus élevés, la MRCT reste convaincue du potentiel des entreprises locales. « Plusieurs répondent déjà aux besoins des municipalités et, lorsqu’un bien ou service n’est pas disponible, notre stratégie d’achat est claire : local, régional, Québec, Canada. » Dans un contexte où les tensions commerciales et les éventuels tarifs douaniers influencent les habitudes de consommation, la préfète souligne l’importance de donner l’exemple. « La situation actuelle amène une prise de conscience des consommateurs qui a un très grand impact. Cette menace a un effet dissuasif très puissant, probablement plus efficace que des campagnes de promotion », conclut-elle.

Enfin, le maire de Ville-Marie appelle à une prise de conscience collective. « Les commerçants, ce sont nos voisins, nos amis, ceux qui commanditent les équipes sportives de nos enfants. Quand on veut des services de proximité, il faut être cohérent et choisir de faire affaire avec eux. La Témiscamingue a une belle richesse humaine et territoriale. Si on veut la conserver et l’améliorer, il faut que nos gens réfléchissent avant d’appuyer sur enter sur leur portable. »

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