— PUBLICITÉ—

Avant d’en arriver là, parlons-nous !

17 avril 2025

par : Claudie Hamelin | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Le Centre de Prévention du Suicide du Témiscamingue (CPST) a lancé sa campagne locale de sensibilisation à la prévention du suicide, intitulée Parlons-nous. Selon Anabelle Landry-Genesse, directrice du CPST, cette initiative met en lumière l’une des plus grandes forces du Témiscamingue : sa solidarité et sa proximité. « Osons parler de notre état, disons-nous les choses comme elles sont et soutenons-nous mutuellement. » Elle rappelle qu’il existe toujours des ressources d’aide disponibles, que ce soit pour soi-même ou pour un proche.

Madame Landry-Genesse précise que l’objectif de cette campagne est d’encourager les gens à communiquer et à s’entraider, comme ils le font déjà dans de nombreux autres aspects de la vie. « Par exemple, si un voisin a besoin d’aide pour déneiger sa cour, on est là sans hésitation. Pourtant, lorsqu’on traverse des moments difficiles, il devient plus difficile de demander de l’aide et de s’ouvrir. Parfois, simplement écouter quelqu’un, lui offrir une oreille attentive et lui montrer qu’on est là peut faire une réelle différence. Nous voulons aborder la prévention du suicide dès son premier niveau : celui de parler lorsqu’on en a besoin. »

Elle ajoute qu'il était essentiel pour elle d’inclure des visages familiers dans cette campagne. « Les grandes campagnes de sensibilisation sont parfois difficiles à saisir pour ceux qui ne s’y reconnaissent pas. En mettant en avant des gens de chez nous, nous espérons toucher davantage de personnes. Et ce n'est qu'un début, avec seulement quatre participants pour l’instant. Nous avons pour objectif d’en inclure encore plus, afin que tous les secteurs du Témiscamingue se sentent représentés ! Que ce soient des personnes ayant perdu un proche, celles ayant cherché de l’aide, ou celles qui viennent en aide aux autres, chacun mérite d’être entendu. »

Parmi les personnes qui apparaissent sur les affiches de la campagne, on retrouve Lyne Bergeron, de la Ferme Lyne et Sylvain. « La prévention du suicide est importante pour moi depuis que j’ai perdu mon frère par suicide en 2013. Cette épreuve a changé ma façon de voir la vie ! M’impliquer dans cette cause est donc très important. Nous contribuons à cette cause à travers notre autocueillette de citrouilles, où nous récoltons des dons pour le CPST. Depuis 2017, nous avons remis près de 15 000 $ au CPST. Nous avons aussi contribué à faire parler du suicide et à organiser d’autres levées de fonds, comme celle de 2023 avec nos amis de Kubota (Knek) Sylvie et Bernard, qui ont organisé un tirage et remis 5180 $. »

Madame Bergeron insiste sur le fait que le suicide demeure un sujet tabou, tant pour les personnes en détresse que pour celles qui sont endeuillées. « En parler est LA première étape pour alléger notre souffrance et s’en sortir. Quand l’équipe du CPST m’a approché pour cette campagne j’ai dit oui tout de suite, malgré le concept percutant de tenir une urne dans les mains. J’ai accepté parce que j’étais prête, parce que j’avais surmonté mon deuil et guéri cette blessure. C’est en en parlant qu’on guérit petit à petit. Il faut briser ce tabou et accepter notre vulnérabilité. Lorsque cette barrière tombe, cette vulnérabilité devient notre plus grande force. S’accepter tel que l’on est, avec nos forces et nos faiblesses, nos bonheurs et nos douleurs. La vie, c’est ça, une suite d’expansions et de contractions. Comme la respiration, on ne peut pas respirer si on ne fait que d’inspirer. Il faut aussi expirer. La vie existe quand ces deux mouvements s’alternent ! »

André Vaillancourt fait aussi partie de la campagne, lui qui a perdu son meilleur ami par suicide en 2009. « Il est crucial d'en parler pour éviter d’autres pertes par suicide. C’est important que les gens s’expriment, car souvent, il n’y a aucun signe visible. Plus on en parle, plus on démystifie et plus on sensibilise. Il n’y a aucune honte à en discuter. Si l’on a le diabète, on en parle pour trouver des solutions et des outils, il est tout aussi essentiel de parler de ce que l’on traverse. »

Les services d’écoute et de soutien sont disponibles 24/7 : 1 866 277-3553 | 535353 (texto) | 811, option 2 | Suicide.ca.

Articles suggérés