L’évènement communautaire Tisser des liens avait lieu le jeudi 24 avril à la Place Riverside de New Liskeard. Près d’une centaine de personnes étaient présentes pour discuter de la thématique portant sur la santé du lac Témiscamingue, un enjeu de taille pour les communautés qui entourent cette frontière naturelle entre le Québec et l’Ontario.
Un objectif commun
Depuis le début de son existence, le comité Tisser des liens a pour objectif de rapprocher les communautés du Témiscamingue québécois, du Temiskaming ontarien et des membres de la Timiskaming First Nation afin de créer des projets et des partenariats collaboratifs. Deux rencontres par année, au printemps et à l’automne, sont à l’origine de discussions et de réflexions constructives pour les six partenaires impliqués dans le projet : ACFO Témiskaming, la Ville de Temiskaming Shores, Temiskaming Shores & Area Chamber of Commerce, Timiskaming First Nation, UQAT et MRC de Témiscamingue.
Une thématique rassembleuse
Pour cette rencontre printanière 2025, le thème au cœur des discussions, la santé du lac Témiscamingue, était directement lié au slogan de Tisser des liens : « Un lac, deux provinces et trois communautés ». Isabelle Ouellette, directrice du Centre régional de l’UQAT, Centre du Témiscamingue, partage certaines préoccupations abordées, notamment l’enjeu de la législation qui est différente d’une province à l’autre et qui a un impact sur la santé du lac. « Par exemple, au Québec, le lavage des bateaux est très fortement recommandé sinon obligatoire dans certains cours d’eau, et en Ontario, il n’y a aucune station de lavage. Un autre exemple est que la pêche avec les ménés vivants est interdite au Québec, mais en Ontario, c’est permis. Donc, notre lac est interprovincial, mais avec des mesures et des lois mises en place qui ne concordent pas. De plus, le Temiskaming ontarien est dans une zone où il n’y a pas d’organisme qui s’occupe des cours d’eau. Ce que j’en ai compris, c’est qu’il en existe un dans le sud (Ottawa Riverkeeper) et un plus au nord, mais que Temiskaming Shores se retrouve entre les deux. »
Au cours de cette soirée, des organismes étaient sur place pour parler plus concrètement de cette législation qui ne concorde pas entre les deux provinces et de stratégies contribuant à une meilleure santé du lac Témiscamingue. La parole a été accordée, entre autres, à l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue (organisme régional connu pour sa planification et sa coordination d’actions en matière de gestion de l’eau), OZERO Solutions (service expert pour la conception et l’installation de stations de décontamination pour embarcations nautiques) et Ottawa Riverkeeper (organisme engagé envers la protection et la promotion de la santé écologique et de l’avenir du bassin versant de la rivière des Outaouais).
Pour Joline Rivard, directrice générale de l’ACFO Témiskaming, cette soirée a été riche en rencontres et en nouvelles connaissances. « Nos conférenciers sont restés très tard pour répondre à plusieurs questions du public. » Leur passion était contagieuse. Elle donne l’exemple de l’entreprise OZERO Solutions qui était d’abord un projet d’étudiants en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke en 2019. Trois membres de l’équipe ont décidé de transposer le projet en véritable entreprise afin d’apporter un réel changement à la lutte contre les espèces aquatiques envahissantes. Leur station de décontamination des embarcations nautiques est maintenant un incontournable pour de nombreux plans d’eau.
La soirée a en été aussi une de conscientisation collective. Dalas Forget, de la Société d’aide au développement des collectivités du Temiskaming Sud, résume bien l’essence même de cette rencontre : « Nous nous sommes concentrés sur ce que nous pouvons faire de part et d’autre de la frontière provinciale. Dans la nature, cette frontière est imaginaire, mais les polluants, l’érosion, les plantes et les espèces envahissantes affectent tous notre lac. Ce que j’en retiens, c’est que l’histoire est l’histoire; nous ne pouvons gérer les dommages causés et atténuer les dommages futurs que par des actions transfrontalières efficaces, ainsi que par l’éducation et la conservation. »