La Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue a profité du passage de la deuxième vice-présidente générale de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Stéphanie Levasseur, pour faire le point sur plusieurs enjeux critiques qui freinent le développement de l’agriculture régionale. Cette rencontre, tenue dans le cadre de la Tournée de la Confédération de l’UPA, a permis de souligner l’importance stratégique de l’agriculture pour l’économie et la vitalité du territoire, tout en mettant en lumière les défis qui compromettent la souveraineté alimentaire.
La région compte plus de 600 entreprises agricoles réparties sur environ 110 000 hectares de terres cultivées, générant plus de 160 millions de dollars de revenus annuels et soutenant des milliers d’emplois. Pourtant, à peine 17 % de la zone agricole potentielle de 633 000 hectares est exploitée, ce qui témoigne d’un important potentiel non développé. « L’agriculture joue un rôle fondamental dans notre vitalité économique, notre occupation du territoire et notre sécurité alimentaire. Mais nos entreprises sont confrontées à des défis de plus en plus grands, et elles doivent être mieux soutenues », affirme Pascal Rheault, président de la fédération régionale.
Parmi les obstacles dénoncés, la bourse du carbone représente une contrainte majeure. Bien que l’agriculture ne soit pas directement visée par la tarification, les impacts indirects sont bien réels, notamment pour l’utilisation de la machinerie agricole et le séchage du grain. Dans un contexte où il n’existe pas encore d’alternatives viables aux énergies fossiles pour de nombreux usages agricoles, les producteurs québécois se retrouvent désavantagés face à leurs voisins ontariens, exempts de cette taxe. L’UPA réclame depuis longtemps soit le remboursement des coûts engendrés, soit leur réinvestissement intégral dans des programmes structurants.
Autre source d’inquiétude : la gestion de l’offre, déjà fragilisée par les accords commerciaux passés, pourrait de nouveau être mise à l’épreuve lors de la renégociation annoncée de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Pour l’UPA, il est impératif que le gouvernement fédéral protège pleinement ce système qui garantit des prix stables, une qualité de produits et la survie du modèle de ferme familiale.
Les représentants syndicaux ont également dénoncé l’inadéquation des programmes de soutien actuels, notamment en matière d’assurance récolte. Les modèles collectifs basés sur des stations météo régionales ne reflètent pas toujours la réalité des pertes subies sur le terrain. « Un producteur peut subir des pertes majeures sans recevoir de soutien simplement parce qu’il est tombé de la pluie sur la station météo, qui peut être située à 15-20 kilomètres de chez lui. Il est temps de revoir ces programmes pour offrir un soutien individualisé et équitable », déclare Pascal Rheault.
Enfin, l’UPA a réitéré l’importance de l’achat local pour préserver l’agriculture de proximité. Dans un marché où les produits québécois doivent souvent rivaliser avec des denrées importées produites à moindre coût, le soutien gouvernemental devient essentiel pour favoriser une agriculture durable, enracinée et équitable.