Au cours des deux dernières semaines, le député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Daniel Bernard, a exprimé des critiques à l’égard de son propre gouvernement, dénonçant le manque de représentation de la région au sein du Conseil des ministres. Il s’est ensuite excusé pour ses propos. Plus récemment, le député d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, a lui aussi manifesté son insatisfaction en affirmant que le gouvernement de la CAQ devait être plus à l’écoute des régions. « La C.A.Q. doit vraiment prendre le temps de prendre le pouls des régions et des enjeux régionaux qu’on a », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.
En réaction à ces déclarations, Benjamin Brassard, président régional jeune du Parti Québécois en Abitibi-Témiscamingue, et Maïa Gonthier, présidente régionale jeune du Parti libéral du Québec dans la même région, ont pris la parole pour dénoncer, en appui aux députés, le manque de représentativité de l’Abitibi-Témiscamingue au sein du gouvernement. Les deux représentants réclament que la voix des élus régionaux soit entendue et qu’un ministre régional issu de l’Abitibi-Témiscamingue soit nommé.
En 2022, les électeurs de la région ont élu trois députés de la Coalition Avenir Québec. Pourtant, aucun d’eux n’a été nommé ministre lors de la formation du Conseil des ministres. En 2023, lors d’un remaniement ministériel, le premier ministre a de nouveau exclu la région en nommant un ministre régional provenant de la Mauricie, une décision que les deux jeunes leaders jugent incompréhensible.
À cette absence de représentation politique s’ajoute un important déséquilibre fiscal. Une étude commandée par la Conférence des Préfets de l’Abitibi-Témiscamingue et réalisée par Aviseo Conseil révèle que la région verse davantage d’argent à Québec qu’elle n’en reçoit. Le déficit fiscal s’élèverait à près de 822 millions de dollars par année. De plus, alors que 80 % des investissements en immobilisation sont réalisés par des entreprises de la région, seulement 20 % de ces projets sont soutenus financièrement par le gouvernement québécois. Cette iniquité est jugée inacceptable.
Les deux représentants saluent le courage des députés régionaux qui ont osé s’exprimer publiquement et les encouragent à ne pas s’excuser d’avoir défendu les intérêts de leur population. Ils rappellent que le gouvernement a le devoir d’écouter, de respecter et de représenter équitablement toutes les régions.
Ils insistent également sur l’importance qu’un ministre régional soit issu du territoire qu’il représente. Selon eux, persister à ignorer cette réalité confirme une chose : la Coalition Avenir Québec est un gouvernement déconnecté des réalités régionales et ne semble plus avoir sa place en Abitibi-Témiscamingue.
Enfin, ils invitent la députée d’Abitibi-Ouest, Mme Suzanne Blais, à emboîter le pas à ses collègues en défendant publiquement les intérêts de sa circonscription. Un appel est également lancé à l’ensemble des instances politiques, aux élus et à la population de l’Abitibi-Témiscamingue : « Exprimez-vous, prenez la parole, et dénonçons ensemble cette injustice flagrante. »