Le 13 mai dernier, un appel à l’action était publié sur la page Facebook Dowtown New Liskeard BIA (Business Improvement Association). « Le conseil d'administration de la BIA a longuement discuté des problèmes qui se passent dans notre centre-ville concernant les ordures, le vandalisme, le vagabondage et les visiteurs indésirables dans nos magasins. Bien qu'il n'y ait pas de réponse à cette situation malheureuse, en ce moment, nous pensons qu'il est nécessaire de commencer à tenir un meilleur registre de ces incidents et nous apprécierions vraiment votre aide. » [Traduction libre] Un lien, menant à un questionnaire, ainsi qu’une adresse courriel, celle de la BIA, font partie de cette publication, invitant les gens à répertorier les incidents survenus et les situations problématiques qui devraient être prises au sérieux.
Sans surprise, la publication a suscité de nombreux commentaires de frustration et d’exaspération. Des gens de la communauté dévoilent certains faits et gestes dont ils ont été témoins : menaces avec un bâton, bouteilles d’eau lancées aux voitures qui circulent, délit d’exhibition, conteneur à ordures vidé, etc. Certains internautes suggèrent des solutions, par exemple, l’installation de caméras dans le centre-ville, la présence de gardiens de sécurité, l’appel aux députés.
André Brock, directeur de la Temiskaming Shores & Area Chamber of Commerce (TSACC), et Mark Lavallee, président du conseil d’administration de la BIA, suivent la situation de près et se confient sur leur implication par rapport à cet enjeu, un rôle parfois mal compris ou mal interprété par la population. Comme ils sont en quelque sorte les porte-paroles des commerçants du centre-ville, il arrive qu’on leur accole une étiquette péjorative. Les deux hommes se disent sensibles et empathiques à la problématique de l’itinérance, mais leurs fonctions les amènent à défendre le point de vue des commerçants, à représenter les intérêts de gens qui contribuent au dynamisme du centre-ville.
Pour l’instant, ils en sont à la récolte d’informations. Ils veulent documenter la problématique pour mieux la quantifier. Sur la soixantaine d’entreprises situées sur la rue Armstrong et l’avenue Whitewood, déjà une trentaine de propriétaires ont répondu à l’appel à l’action en remplissant le formulaire. André Brock croit qu’il sera nécessaire de rencontrer individuellement chacun de ces répondants afin d’établir des statistiques sur le nombre de gestes répréhensibles commis, la répétitivité de ces derniers, ainsi que sur la valeur des dommages qui ont été occasionnés au cours des derniers mois. C’est ce genre d’informations concrètes qu’il veut transmettre dans quelques semaines lors d’une rencontre qui réunira les principaux acteurs du milieu concernés par cet enjeu, soit des représentants de la TSACC, de la BIA, de l’OPP, de la Ville de Temiskaming Shores et du Conseil d’administration des services sociaux du district de Timiskaming. L’objectif, bien sûr, est de trouver des solutions. Parmi celles-ci, Mark Lavallee planche sur un programme de caméra de surveillance en partie subventionné.
Le témoignage d’une entrepreneure
Danielle Bélanger-Corbin est propriétaire de DBC Legal, un cabinet d’avocats situé sur la rue Armstrong. L’enjeu de l’itinérance n’est pas nouveau dans le centre-ville de New Liskeard, mais selon l’avocate, la situation est davantage préoccupante depuis l’an dernier. « Je dois souvent demander aux personnes en situation d'itinérance de se déplacer de l'alcôve couverte devant mon bureau. Ils [les itinérants] laissent des poubelles traîner et parfois vident les poubelles à l'arrière de l'édifice. L'enjeu de sécurité est problématique, car parfois ils sont belligérants. Pour l’instant, ça se gère, mais si ça s’empire, on va devoir agir. » Avec son personnel, la situation a été abordée, notamment pour trouver des stratégies afin de mieux se protéger. Verrouiller la porte arrière lorsqu’une personne est seule au bureau et se prémunir d’objets pour se protéger font partie des solutions mises en place. « Disons qu’on y pense plus qu’avant, car leur comportement peut être imprévisible. » Comme les bureaux sont bien situés, près des banques, ce qui est facilitant pour un cabinet d’avocats qui offre, entre autres, des services en droit immobilier, un déménagement n’est pas envisagé.
Un vent de fraîcheur malgré les préoccupations
André Brock mentionne que ce ne sont pas toutes les personnes sans domicile fixe qui posent problème. Ceux qui bénéficient des différents services sociaux offerts dans la communauté sont plutôt discrets et pacifiques. Le problème vient surtout de quelques individus, toujours les mêmes, ceux qui refusent l’aide qui leur est offerte. Malgré tout, il y voit du positif. À titre d’exemple, il y a le Pizza Pizza qui se refait une beauté, le bâtiment étant en rénovation, et il y aurait une transaction en branle du côté de l’ancien local du Giant Tiger, vacant depuis longtemps. Mark Lavallee rappelle que l’évènement New Liskeard BIA Summer Block Party, sur Armstrong et Whitewood, revient pour une troisième édition, les 25 et 26 juillet, avec une programmation encore plus diversifiée en raison d’un budget bonifié, un festival estival rassembleur qui contribue au dynamisme du centre-ville et de ses commerçants.