— PUBLICITÉ—

L’inquiétant impact environnemental de l’intelligence artificielle

3 juillet 2025

par : Dominique Roy

Dès son réveil, Sophie utilise la reconnaissance faciale pour déverrouiller son cellulaire. Elle lit ses messages et demande à Alexa de jouer sa « playlist » préférée. En déjeunant, son réfrigérateur intelligent l’avertit qu’elle manquera de lait sous peu. Elle vérifie son application météo, mise à jour par l’intelligence artificielle, afin de prévoir son habillement de la journée. Elle en profite pour publier sur ses réseaux sociaux une photo d’elle prise la veille, en y ajoutant, bien sûr, un filtre qui atténue les cernes trahissant son manque de sommeil. En se rendant au travail, sa route habituelle est bloquée par un accident. Elle utilise l’application Wise pour trouver le détour le plus rapide. En route, elle réfléchit déjà à la soirée Netflix qui l’attend. Elle se remémore les séries qui lui ont été recommandées en fonction de ses préférences de visionnage. Voilà! Une heure à peine s’est écoulée dans le quotidien de Sophie et elle compte déjà sept utilisations de l’IA. Ce que Sophie ne sait pas, c’est que ces simples gestes, effectués innocemment, avec rapidité, ont considérablement contribué à augmenter son empreinte écologique… et celle de la planète.

Mais comment?

C’est scientifiquement prouvé : l’intelligence artificielle est énergivore. Selon l’Agence internationale de l’énergie, une seule requête sur ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche sur Google. Ce qu’il faut savoir, c’est que ChatGPT génère des réponses en temps réel en utilisant des modèles de langage complexes qui nécessitent une puissance de calcul considérable. En revanche, une recherche sur Google récupère des résultats qui font déjà partie d’une base de données, ce qui consomme beaucoup moins.

Aussi, les modèles d’IA, comme ChatGPT, nécessitent des phases d’entraînement intensif qui consomment beaucoup d’énergie. Une fois les modèles entraînés (dont leur taille demeure confidentielle chez les plus grandes entreprises en IA), chaque requête continue de solliciter des ressources informatiques importantes. Il ne faut pas oublier les serveurs utilisés par ChatGPT qui fonctionnent à plein rendement pour traiter les requêtes, ce qui entraîne encore une fois une consommation d’électricité assez élevée. À cet effet, ChatGPT traiterait plus d’un milliard de requêtes… par jour. À cela, ajoutons les centres de données qui doivent également être refroidis, pour éviter la surchauffe, ce qui augmente la consommation énergétique.

On donne ici l’exemple de ChatGPT, mais l’empreinte est tout aussi inquiétante pour ces autres objets connectés de notre quotidien. On peut penser à Alexa, cet assistant vocal intelligent d’Amazon qui fait partie intégrante de nombreux foyers nord-américains. Les requêtes qui lui sont demandées sont également énergivores; elles roulent de façon constante. Et Alexa peut même vous fournir des informations sur votre consommation énergétique (consommation d’électricité ou de gaz) en temps réel grâce à une application appelée Hello Watt. Ironique, n’est-ce pas?

Les spécialistes s’inquiètent

Sasha Luccioni, informaticienne spécialisée dans l’intersection de l’intelligence artificielle et du changement climatique, fait partie de la sélection des 35 innovateurs de moins de 35 ans du prestigieux magazine MIT Technology Review. Son passage à Tout le monde en parle en février dernier sonnait l’alarme. « On ne se rend pas compte à quel point elle demande de l’énergie, surtout qu’on ne voit pas les modèles d’IA qui tournent sur des serveurs qui sont loin de nous. […] Dans les centres de données, on répertorie que 3 % de l’électricité mondiale est utilisée dans les data centers et que ce nombre doublera dans les prochaines années. Toute cette énergie n’est pas renouvelable. L’impact est important. Les centres de données utilisent du charbon, du gaz naturel pour générer cette énergie-là. »

Une solution rapide?

Lors de l’édition 2024 du Forum économique mondial de Davos, Sam Altman, patron d’OpenAI, a mentionné la nécessité d’une révolution énergétique pour l’avenir du développement et de l’utilisation de l’IA. Des percées significatives dans des domaines comme l’énergie solaire, et son stockage, ou même la fusion nucléaire seront nécessaires. À quand cette révolution énergétique pour l’utilisation optimale de l’IA? À cette question, tel un politicien bien entraîné, ChatGPT a répondu ceci : « Cela pourrait arriver dans la prochaine décennie, en fonction de la volonté collective des entreprises, gouvernements et chercheurs. La pression environnementale monte, donc c’est une question de temps avant que l’industrie entière accélère ses efforts. »

Articles suggérés