La période estivale est souvent un bon moment pour se plonger dans la lecture. Peu importe le genre par lequel on est intéressé, une panoplie de livres est à la disposition, que ce soit à la librairie… ou à la bibliothèque de sa municipalité.

Dans le roman Le bonheur, version XL publié chez St-Jean éditeur, Janney Deveault sort de sa zone de confort littéraire. Habituée à la chicklit, elle propose cette fois un récit plus intime et ancré dans son vécu. On y découvre Camille, une femme dans la trentaine qui travaille à l’hôpital et qui, depuis toujours, mène une lutte silencieuse contre son propre corps et la grossophobie ambiante. Ce qui frappe, c’est la justesse avec laquelle l’autrice décrit l’influence sournoise de l’entourage. Les proches de Camille, persuadés d’agir par bienveillance, lui prodiguent conseils et encouragements maladroits pour qu’elle perde du poids, sans réaliser qu’ils contribuent à alimenter sa haine de soi. Le roman montre comment ces microagressions répétées finissent par façonner la perception qu’une personne a d’elle-même.
Au fil des pages, on suit Camille dans son parcours d’acceptation. Elle trouve du réconfort auprès de sa meilleure amie et colocataire, découvre une nouvelle alliée au pole dancing et doit composer avec le Dr Dubé, un médecin dont les jugements grossophobes sont à la fois irritants et révélateurs des préjugés tenaces. Son chemin croise également celui d’un coach de crossfit, qui l’accompagne dans son cheminement vers une meilleure relation avec son corps. Le bonheur, version XL est une histoire qui fait du bien. C’est un roman qui s'interroge sur nos réflexes collectifs et nous invite à réfléchir au regard que l’on porte, parfois malgré soi, sur les personnes en surpoids.

Dans Fragments d’Olivier de Marianne Brisebois chez Hurtubise, on fait la connaissance de Camille (mais bien différente!), une jeune femme qui croit avoir enfin trouvé la stabilité auprès d’Étienne, un compagnon attentionné et fiable. Leur relation dure depuis plusieurs mois, et tout porte à croire qu’elle a trouvé l’homme qu’elle cherchait. Mais rien n’est simple, car Olivier, son ami d’enfance, refait surface après de longues absences. Malgré les démons d’Olivier (la toxicomanie, le désenchantement, une incapacité à rester présent), Camille l’accueille à chaque retour.
On comprend que cette relation intermittente et passionnée exerce sur elle un magnétisme puissant. Olivier, enfant unique d’un milieu aisé, porte un regard noir sur le monde et noie son mal-être dans l’alcool et la drogue. Pourtant, Camille ne peut se résoudre à couper les ponts. Elle oscille entre le confort rassurant d’Étienne et l’adrénaline dangereuse qu’Olivier fait naître en elle. Fragments d’Olivier est un roman lucide sur les dépendances : celles qui consument celui qui les vit, mais aussi celles qui rongent ceux qui aiment une personne en train de sombrer. Un roman à découvrir si vous aimez les histoires d’amour qui s’écrivent dans les zones grises, là où le cœur ne choisit pas toujours ce qui est le plus sage.

Dans un tout autre registre, En as-tu vraiment besoin? de Pierre-Yves McSween chez St-Jean éditeur a été publié il y a quelques années, mais est toujours aussi pertinent. Ce livre connaît toujours un grand succès auprès des lecteurs qui souhaitent réfléchir à leur rapport à l’argent et à la consommation. Pierre-Yves McSween, comptable professionnel agréé et figure bien connue du public québécois, n’a pas la langue dans sa poche. Il livre ici un ouvrage direct et sans détour, qui invite chacun à remettre en question ses habitudes de dépense. Pourquoi achète-t-on tant? Quels besoins tentons-nous de combler? Comment faire la part des choses entre désir et nécessité?
Le ton est parfois provocateur, mais toujours éclairant. McSween amène le lecteur à faire le ménage dans ses finances et, surtout, dans ses réflexes de consommateur. Un livre idéal à glisser dans vos bagages cet été si vous avez envie d’un peu d’introspection, et peut-être de repartir du bon pied à l’automne avec un portefeuille en meilleure santé.